N'en jetez plus, la cour est pleine. La saga de la député élue dans Berthier-Maskinongé prend de l'ampleur. Il faut lire ce qui suit pour le croire.
Plusieurs citoyens de Berthier-Maskinongé ont signé l'acte de candidature de Ruth Ellen Brosseau sans que le nom de la candidate apparaisse en haut de la page, a confirmé hier au Devoir le directeur du scrutin de la circonscription, Jean Provencher. C'est ce dernier qui a complété les informations manquantes sur différentes pages.
L'acte de candidature doit être signé devant témoin par au moins 100 électeurs résidant dans la circonscription où se présente le candidat. Un espace est prévu sur chaque feuille du document pour inscrire le nom du candidat, mais cet espace n'a pas été rempli systématiquement dans le cas de la vedette anonyme du NPD, Ruth Ellen Brosseau.
«Sur certaines pages, il l'était, sur d'autres, il ne l'était pas, a indiqué M. Provencher. J'ai écrit [le nom] sur la feuille en haut.» Il affirme avoir agi ainsi pour éviter la confusion, quand les gens de la circonscription ont demandé à voir le bulletin de candidature. «Les gens ont constaté que le nom n'était pas inscrit sur certaines feuilles. Les gens ont consulté le document et ont vu ce qu'il en était. Sur certaines feuilles, moi j'ai inscrit le nom après coup, pour nous, pour ne pas mélanger les feuilles. C'est important qu'on ait les bonnes feuilles pour les bons candidats.»
Il n'a pas été possible de joindre Élections Canada en fin de journée pour vérifier la légalité de cette opération. Mercredi, l'organisme assurait que le directeur du scrutin a fait son travail correctement en vérifiant la validité des noms inscrits sur les feuilles.
Mais selon Francine Gaudet, la candidate libérale défaite par Mme Brosseau, il n'est pas normal que le bulletin ne soit pas dûment identifié.
«Il est écrit: "votre signature signifie que vous consentez à cette candidature". Donc, en conclut Mme Gaudet, il doit y avoir quelqu'un d'inscrit!» Mme Gaudet soutient que sur les 11 pages de signatures de l'acte de candidature, 10 n'avaient pas de nom inscrit dans l'espace réservé à cet effet. Pour ces 10 pages, le témoin de signature est toujours Olivier Levasseur. La page Facebook de M. Levasseur indique qu'il habite Montréal, mais est originaire de Trois-Rivières.
Le candidat du Bloc québécois et député sortant, Guy André, estime «douteux» le processus employé par le directeur du scrutin. Les révélations de Jean Provencher se greffent à une situation déjà préoccupante, affirme M. André. «Sur les 128 noms de l'acte de candidature, il y en a une douzaine qui représente des résidences hors circonscription, dit-il. Il y en a une dizaine qu'on n'arrive pas à lire, et au moins 11 personnes nous ont indiqué ne pas avoir signé le document alors que leur nom est là.»
M. André ne crie pas au scandale, mais aimerait que la lumière soit faite rapidement. Parce que l'ensemble du dossier Brosseau n'est pas très reluisant, dit-il. «On a une candidate qui ne parle pas français, qui ne se présente pas dans la circonscription, qui n'a pas fait campagne et qui est invisible depuis l'élection, sans compter que son acte de candidature soulève plusieurs questions. Le NPD dit qu'il la "prépare", mais j'ai l'impression qu'on nous cache quelque chose. Les électeurs méritent de savoir, et ils méritent d'être bien représentés.»
La candidate conservatrice, Marie-Claude Godue, juge quant à elle qu'Élections Canada devrait tout de suite convoquer une élection partielle.
Un scénario semblable de signatures nébuleuses a aussi été évoqué hier par Radio-Canada pour la circonscription voisine de Saint-Maurice: une électrice a déclaré n'avoir aucune idée de comment sa signature a pu se retrouver sur l'acte de candidature de la néodémocrate Lise Saint-Denis.
Ça rigole...
Au NPD, on réitère que Mme Brosseau sera bientôt présentée aux médias. «Il faut la préparer à ce qui s'en vient, indique un porte-parole: les médias, les demandes dans sa circonscription, le travail de député.» Le parti affirme que Mme Brosseau est revenue au pays au milieu de la semaine dernière, et qu'elle a voté aux élections dans la circonscription de Hull-Aylmer. Elle a participé hier à une conférence téléphonique entre les élus du NPD et la direction du parti.
Dans l'attente du grand dévoilement de la députée-surprise, le Web s'est fait un plaisir de rigoler de la situation hier. De faux comptes Twitter ont été ouverts à son nom, et les gazouillis rivalisaient d'ingéniosité humoristique, offrant des traductions françaises improbables de ses propos («stay tuned» devient «séjour accordé»...)
Sur une des pages Facebook créées à son nom, des photos truquées la présentent dans un épisode d'Où est Charlie? ou sur une pinte de lait avec la mention «recherchée». Le Journal de Montréal avait dans le même esprit un «avis de recherche» à son propos dans les petites annonces de son numéro d'hier: «Recherchée: Ruth Ellen Brosseau, députée du NPD, contacter Jack.»
Spectacle pour les médias ?
RépondreSupprimerLe spectacle organisé par le NPD à destination des médias (ce 11 mai) pour présenter Madame Ruth Ellen Brosseau comme nouvelle “vedette” de l’actualité, ne doit pas faire oublier la série de problèmes qui ont entaché son élection et qui affectent présentement sa crédibilité.
On apprenait hier qu’il y avait un problème de fausse représentation. Le site officiel du NPD (www.npd.ca) indiquait: «Elle est diplômée en publicité, communication et marketing intégré du collège St. Lawrence de Kingston. » Or le collège de Kingston a fait savoir que Madame Brosseau n'est pas détentrice de ce diplôme. La mention du fantomatique diplôme a été retirée - très discrètement …. - du site officiel du NPD ! Les explications du NPD à ce sujet sont des plus floues et ne paraissent pas conformes à l’éthique d’un parti qui prétend à la respectabilité. Ce serait un fantomatique employé du NPD qui serait responsable de cette fraude !
S’il s’agissait d’une simple demande d’emploi, l’embauche de la candidate aurait été immédiatement annulée suite à la révélation du fait que le diplôme mentionné à l’appui de la demande était inexistant. Une telle pratique serait alors qualifiée de fraude. Les médias, y compris les médias locaux de la région de Berthier-Maskinongé, ont en toute bonne foi, sur la base des informations fournies par le NPD, présenté la candidate de ce parti comme une diplômée du collège St. Lawrence de Kingston. Sans même invoquer les autres problèmes relatifs à la candidature de Madame Ruth Ellen Brosseau, ce seul manquement à l’éthique devrait suffire à invalider cette candidature !
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Désastre appréhendé !
Ruth Ellen Brosseau: unilinguisme anglophone, voyage à Las Vegas pendant la campagne élecrorale, mises en candidature douteuses, absence totale sur le “terrain” d’une circonscription dans laquelle elle n’avait d’ailleurs jamais “mis les pieds” avant le 11 mai, mention d’un diplôme inexistant sur le site du NPD…, quelle sera la prochaine “tuile” ?
Devant ce désastre appréhendé, il me paraît urgent de préserver la démocratie, et les personnes responsables de cette situation intenable, c'est à dire la direction du NPD, devraient avoir la sagesse de demander à la candidate de ne pas poursuivre dans ce qui s'annonce déjà comme une aventure potentiellement dommageable, à la fois pour les citoyens de Berthier-Maskinongé et pour Mme Brosseau elle-même. De plus, est-il permis de se demander quelle sera la situation et le vécu du jeune enfant de Mme Brosseau dans ce contexte ?
Malgré ce qu’en dit Monsieur Layton, dans une argumentation fallacieuse et répétitive, tout cela n’a rien à voir avec la “jeunesse” de Mme Brosseau, mais avec le respect des citoyens et de la démocratie.
Cet acharnement à imposer de l’extérieur un “poteau” disqualifié à une majorité de citoyens qui n'a pas voté dans ce sens doit cesser avant que le pire arrive !
Yves Claudé - sociologue
ycsocio[@]yahoo.ca