« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice ». Georges Orwell


jeudi 31 janvier 2013

Découverte d’un vaste réservoir de pétrole en Gaspésie

Pétrolia a constaté que la zone qu’elle juge prometteuse renferme une structure géologique semblable à ce qu’on retrouve dans certains secteurs de l’Alberta


 
L’entreprise Pétrolia, qui contrôle les permis d’exploration pétrolière d’une bonne partie de la Gaspésie, pense avoir découvert un site qui renfermerait d’importantes quantités de pétrole et de gaz. Son projet d’exploration Bourque, situé à l’est de Murdochville, pourrait contenir plus de 100 millions de barils de pétrole, a déjà fait valoir son président.   

La pétrolière a mené deux forages exploratoires l’été dernier entre Murdochville et Grande-Vallée, avec le soutien financier de Québec. Et les nouvelles semblent très bonnes pour Pétrolia. Selon ce qu’elle a fait valoir mercredi par voie de communiqué, les résultats d’analyses menées sur un seul des deux puits, Bourque 1, « révèlent la présence d’un réservoir renfermant d’importantes quantités d’hydrocarbures, dont du pétrole, des condensats et du gaz naturel ». Le pétrole qui a été tiré du forage à titre de test était « très léger ». Ce type d’or noir est très recherché, notamment parce qu’il est plus simple à raffiner. 

Vice-présidente de Pétrolia, Isabelle Proulx n’a pas souhaité s’avancer mercredi sur une évaluation du potentiel qui se trouverait sous les permis d’exploration détenus par l’entreprise. Celle-ci a confié à la firme albertaine Sproule Associates le mandat « d’évaluer le volume d’hydrocarbures » qui se trouveraient dans ce réservoir. C’est cette entreprise qui a déjà évalué le potentiel pétrolier de l’île d’Anticosti pour Pétrolia. 

Lors de l’assemblée annuelle 2012 de la pétrolière, son président, André Proulx, avait toutefois souligné que « par sa taille, la structure de Bourque pourrait contenir 100 millions de barils de pétrole facile à exploiter et dont la rentabilité ne fait pas de doute ». Au prix actuel de l’or noir, la valeur brute de ce gisement pourrait donc atteindre plusieurs milliards de dollars. Quant à la zone actuellement explorée, elle recoupe essentiellement deux permis détenus depuis 2009. Ceux-ci coûtent au total 3753,90 $ par année - à raison de 10 ¢ l’hectare -, selon ce qu’on peut calculer à partir des données du ministère des Ressources naturelles. Pétrolia détient un total de 45 permis en Gaspésie, pour une superficie totale de 8200 km2. Cela représente 17 fois l’île de Montréal.

mercredi 9 janvier 2013

Idle No More - Les plumes rouges sortent dans la rue



Le mouvement de revendications autochtones Idle No More roulait déjà depuis un moment, ailleurs au Canada, quand Widia Larivière s’est aperçue, le 10 décembre dernier, que les autochtones du Québec ne s’étaient pas encore mêlés aux manifestations.

« C’était peut-être une question de langue, plusieurs autochtones du Québec sont bilingues, ils parlent le français et leur langue autochtone, mais ne parlent pas anglais », raconte Widia Larivière, qui a par la suite cofondé la section québécoise du mouvement Idle No More, avec sa copine Mélissa Mullen-Dupuis.

 
Widia Larivière est une Algonquine de 28 ans qui a grandi à Québec, tandis que Mélissa Mullen-Dupuis, 34 ans, est une Innue originaire de Mingan, qui vit à Montréal depuis 10 ans. Ensemble, elles ont activé leurs réseaux sociaux, Twitter et Facebook en tête, et organisé la première manifestation québécoise d’Idle No More, au square Cabot de Montréal, le 21 décembre dernier. Le mouvement a depuis pris de l’ampleur, récolté de nombreux appuis, chez les autochtones comme chez les non-autochtones, et une nouvelle manifestation est attendue vendredi prochain, au Palais des Congrès de Montréal.

Leur slogan:  «On se laissera plus faire !»

Le nom du mouvement Idle No More n’a pas encore trouvé de traduction officielle par ses supporteurs québécois. « On s’est fait proposer Finie l’inertie, ou Finie l’inaction », rapporte Widia, mais les manifestants penchent désormais plutôt pour un slogan du genre « On se laissera plus faire ! ». Le mouvement québécois a aussi adopté la plume rouge, un clin d’oeil au carré rouge des étudiants, comme symbole rassembleur de leurs revendications.

En fait, c’est en voyant les chefs autochtones tenter, en vain, d’entrer dans la Chambre des communes, alors que les députés votaient sur le projet de loi omnibus C-45, que Widia Larivière s’est sentie mobilisée par le mouvement. « Pour nous, c’était symbolique. Souvent, on n’est pas d’accord avec nos propres chefs, mais les voir se faire refuser l’entrée à la Chambre des communes, cela touchait aussi la population qui est en dessous d’eux », dit-elle.

Le mouvement Idle No More est en effet un mouvement citoyen qui rassemble à ce jour davantage d’individus indépendants que de chefs. « Le mouvement est bon pour les chefs, mais aussi pour la population autochtone », relève Mélissa. À Uashat près de Sept-Îles, par exemple, où deux femmes innues, Aniseh Vollant et Jeannette Pilot, ont entrepris une grève de la faim depuis le 1er janvier en appui à celle tenue par la chef Theresa Spence, d’Attawapiskat, à Ottawa, le conseil de bande a exprimé son appui à la chef Spence et au mouvement Idle No More.



Mouvement non violent

À la base, le mouvement se veut pacifique et non violent. « À la manifestation du 21 décembre, il y a des aînés qui ont empêché des jeunes de lancer des boules de neige sur les immeubles. Ces jeunes n’étaient pas des autochtones, c’étaient des gens qui s’étaient infiltrés dans la manifestation », raconte Mélissa, qui constate par ailleurs que les autochtones ne sont souvent entendus que « lorsqu’ils bloquent des routes, des ponts ou des frontières ».

Ce mouvement, donc, a la particularité de réunir des autochtones de diverses communautés, de diverses nations, au-delà de leurs différences, qui sont pourtant prononcées. Certaines nations sont inscrites dans des traités qui ne sont pas toujours respectés. D’autres n’ont pas de traité du tout. Les Cris de la baie James sont régis par la Convention de la baie James, tandis que ceux de la réserve d’Attawapiskat, en Ontario, sont sous le coup de la Loi sur les Indiens. Plusieurs problèmes, de logement ou de sous-scolarisation, se manifestent dans la majorité des communautés autochtones du pays.

Il faut pourtant faire attention, rappelle Will Nichols, rédacteur en chef du magazine cri montréalais Nation, lorsqu’on parle d’abolir la Loi sur les Indiens, considérée comme obsolète par plusieurs.

« Le problème réside plutôt dans la façon dont la loi est gérée, dit-il. D’une certaine façon, cette loi répond à des réalités culturelles, comme la propriété collective, par exemple. Cela garantit que les peuples peuvent garder leurs traditions. […] Il faut faire attention de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain […] Cela permet de préserver quelque chose pour les générations futures. »

Au cours de sa vie, Mélissa a par exemple dû repenser son identité d’autochtone. « Je ne voulais plus la limiter à celle d’Indien inscrit en vertu de la loi », dit-elle. Elle voulait plutôt la penser en termes de culture, d’histoire et d’héritage, mais aussi de réalités contemporaines.