« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice ». Georges Orwell


mercredi 28 août 2013

La Charte des valeurs: un excellent vecteur politique pour le PQ



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La chronique de Normand Lester 


J’écrivais dans ma chronique du 21 août que je doutais fortement que la lutte contre le port de symboles religieux dans les institutions publiques soit une grande cause rassembleuse capable de faire avancer la souveraineté du Québec. Je me suis trompé! 


Tout indique actuellement que la Charte des valeurs québécoises est une question porteuse qui rallie une importante majorité de francophones comme l’indique un sondage Léger/QMI. Il faut maintenant que le PQ sache l’instrumentaliser sur le plan politique.

Près de 60% des Québécois de toutes origines et les deux tiers des francophones (67 %) croient que la charte est une «bonne idée». Comme il fallait s’y attendre, les Anglais du Québec ne sont pas d’accord. Ils sont simplement un sur quatre à l’approuver. Les médias du Reste du Canada, leNational Post en tête, se sont immédiatement lancés au sujet de la Charte dans une campagne haineuse contre le Québec

Ce qui va considérablement embêter les chantres du multiculturalisme qui pullulent dans les élites politiques et intellectuelles du Canada anglais c’est qu’un sondage de Forum Research indique qu’un surprenant 42% des Canadians est d’accord avec la Charte du PQ! Et encore plus intéressant: la moitié des conservateurs approuve l'interdiction du port de signes religieux dans la fonction publique. Ces chiffres expliquent sans doute le murmure presque imperceptible du gouvernement Harper sur la question.

Il est significatif également que 39% des néo-démocrates y soient favorables. Avant que ces chiffres soient connus, le chef du NPD, Thomas Mulcair avait pompeusement déclaré que si sa Charte des valeurs québécoises s'écartait des recommandations de la Commission Bouchard-Taylor, il allait s’y opposer farouchement. À la bonne heure! 

J’ai hâte de voir combien de ses 57 députés québécois vont le suivre dans cette voie. Cela va être une occasion rêvée pour le Bloc Québécois et son chef de sortir de leur léthargie et de débaucher des élus néo-démocrates. 

Pauline Marois compare avec raison son projet de Charte des valeurs québécoises à la loi 101 en termes de potentiel d'unification des Québécois. Enfin, le PQ semble avoir compris que la question identitaire est sa carte maitresse. Il a payé très cher de l’avoir oublié sous André Boisclair avec les résultats désastreux que l’on sait. C’est l’habile Mario Dumont et son Action démocratique du Québec qui avait fait de la question des «accommodements raisonnables» son cheval de bataille lui permettant de devenir l’opposition officielle, reléguant le Parti québécois au troisième rang à l'Assemblée nationale.

Le PQ de Pauline Marois se réapproprie enfin le territoire de l’identité collective. La Charte doit être que la première étape d’une stratégie qui va lui permettre de faire élire un gouvernement majoritaire aux prochaines élections, probablement le printemps prochain. 

Avec la Charte, elle a réussi à imposer son agenda politique aux autres formations. Après, son adoption, le PQ doit maintenir la mobilisation sur d’autres questions plus directement reliées à ses objectifs fondamentaux. Je suggère par exemple de créer une commission sur le référendum volé de 1995 afin de révéler aux Québécois les fourberies et les machinations du fédéral pour le voler. Ou proposer une constitution pour le Québec indépendant qui abolirait toute référence à la monarchie dans nos institutions politiques.  

Tout cela nécessairement va braquer le Canada anglais contre le Québec. Ses chroniqueurs et ses politiciens vont hurler de rage. Bravo!  Une confrontation avec le reste du Canada sur ces questions va faire monter l’appui au PQ et à la souveraineté si elle est adroitement exploitée.

Je rêve du jour où le PQ va enfin comprendre qu’il vaut toujours mieux être un mauvais gagnant qu’un bon perdant. Ça vaut aussi pour les Québécois en général.

mercredi 7 août 2013

Mégantic: Trains ou pipelines? Un débat fallacieux



Martin Lachapelle



Impossible de passer sous silence que La Presse a récupéré la catastrophe de Lac-Mégantic, en promouvant encore une fois les intérêts économiques et politiques des patrons de l’Empire Desmarais. Et au diable l’éthique journalistique et les conflits d’intérêts ! 

Tellement risible et pathétique de voir les Vincent Marissal, André Pratte et Cie éviter le virage vert et critiquer la dangerosité évidente du transport de pétrole par train non sécuritaire, pour mieux nous vendre les projets de construction ou d’inversion de pipelines pourtant aussi risqués !

Et sans jamais mentionner que les grands patrons du Journal sont directement concernés en étant, comme par hasard, de gros actionnaires d’une compagnie pétrolière présente en Alberta : Total, associée avec Suncor, propriétaire de la raffinerie à Montréal. Un détail. http://www.droit-inc.com/article4963-Le-deal-Total-Suncor-deux-cabinets-dans-le-coup 

Être un journal d’allégeance libérale et blâmer la gestion des conservateurs en matière de sécurité ferroviaire, sans mentionner que les libéraux en poste à Ottawa entre 1995 et 2006 ont aussi péché par négligence et incompétence en ignorant les recommandations du BST ? Un autre détail. 

Être un journal ultra-fédéraliste forcé de constater et de critiquer, mollement et du bout des lèvres, « L’incompétence fédérale » chronique en termes de gestion de crise, en vantant le Québec pour son habileté (à devoir toujours se démerder sans un gouvernement fédéral inutile que La Presse s’entête à vouloir garder), mais en omettant de mentionner que le Québec devrait au moins se faire accorder la compétence et le portefeuille des Transports, ainsi que tout l’argent qu’Ottawa lui doit pour 3 catastrophes antérieures datant de seulement 2 à 17 ans (Saguenay, verglas, rivière Richelieu) ? Que des détails. Soyez patients. Ô Cas Nada. 

Autre détail risible, être un journal néolibéral ayant toujours fait la promotion des intérêts du Conseil du patronat et s’étonner, comme Vincent Marissal, de voir les dégâts causés par l’autorégulation et la trop grande complaisance gouvernementale envers le secteur privé. 

Surtout quand on sait que ce n’est pas demain la veille que La Presse fera la promotion de la fonction publique et d’une plus grande présence de l’État. Et le plus drôle dans tout ça, c’est qu’André Pratte a demandé à ce que des voies de contournement soient construites (bravo André !)… mais aux frais du gouvernement. Et non aux frais des industries ferroviaires et pétrolières. Un chausson pour MMA et Irving Oil ou Total, avec ça ?