Erin Moores
Verdun
11 septembre 2012
L'anglophone en moi a été révoltée d’entendre les mots que Richard Henry
Bain aurait criés avant d’ouvrir le feu la semaine passée au
Métropolis, car les relations entre anglophones et francophones au
Canada représentent un enjeu très important pour moi.
Toute la semaine suivant la mort de Denis Blanchette, j’ai attendu
qu’une voix anglophone modérée avance qu’il est temps pour tout le monde
au Québec, surtout les anglophones et les francophones, de cesser
d’alimenter cette mentalité du « nous et vous » qui crée des conditions
précédentes un tel événement tragique. Je n’ai pas encore entendu cette
voix.
J’ai déménagé au Québec, car j’ai appris que les valeurs de solidarité,
d’engagement communautaire et d’inclusion sont plus fortes ici
qu’ailleurs au Canada. De plus, je suis souverainiste, car je crois que
le Québec est capable d’avoir une société plus juste et équitable si on
lui donne une plus grande autonomie politique, et je crois que la
souveraineté est une façon d’y arriver. J’ai appris le français ici et
je suis fière de le parler avec ses mots, ses expressions, son accent.
Si demain le Québec devait quitter le Canada, je ne penserais même pas à
quitter le Québec.
Tensions enracinées
Néanmoins, tout cela ne suffit pas. Vivre ici, c’est pour moi
l’obligation de contribuer de manière constructive aux dialogues sur les
droits linguistiques des minorités, la souveraineté, et les tensions
profondément enracinées entre les anglophones et les francophones et
entre le Québec et le Canada.
Cela devient difficile si je me définis comme anglophone et Canadienne
d’abord et avant tout, au lieu de me voir d’abord comme citoyenne de la
communauté où j’habite. Au cours de la semaine dernière, j’ai appris que
si je veux contribuer à adoucir les rapports de tension et les
malentendus entre les anglophones et les autres, je dois me définir
comme Québécoise d’abord et avant tout, bien que ma perspective soit
colorée par mes origines linguistiques et ethnoculturelles. Comme ça, je
peux arrêter de me demander ce qui nous arrivera à « nous, les
anglophones » au Québec et commencer plutôt à me demander ce que je peux
faire, comme Québécoise, pour contribuer à l’évolution de cette
société.
Nous existons, nous les anglophones qui reconnaissons notre statut de
groupe minoritaire privilégié au Québec, un statut qui nous donne une
très grande responsabilité dans l’établissement d’un dialogue
respectueux et inclusif avec la majorité. Nous existons, nous les
anglophones qui choisissons de mettre l’accent sur la construction d’une
meilleure société québécoise pour tous. De mon côté, j’essaierai plus
fort d’aborder mes relations avec les francophones du Québec avec
humilité et compréhension. Après tout, le Québec m’a appris récemment
que quand nous agissons ensemble, en solidarité, nous arrivons souvent à
faire de beaux changements pour tout le monde, et chez nous.
Source: Le Devoir
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