Garnotte, Le DevoirLise Thibault soutient qu’elle devait se lever à 2h00 du matin pour avancer dans ses journées et ne pas prendre de retard.
Lise Thibault estime qu’elle a signé son propre « arrêt de mort » avec le décret autorisant une enquête sur son administration.
À son procès pour fraude et abus de confiance mercredi, au palais de justice de Québec, l’ancienne lieutenante-gouverneure est revenue sur les circonstances de sa chute en 2007. Au cours de l’interrogatoire mené par son avocat, Marc Labelle, elle a d’abord rappelé que c’était elle qui avait demandé une vérification sur la gestion de son cabinet, au beau milieu d’une controverse médiatique sur ses dépenses. Elle avait adressé une lettre à la vérificatrice générale de l’époque au fédéral, Sheila Fraser, et au premier ministre Jean Charest.
« Pauvre M. Charest »
Selon ses mots, elle voulait ainsi notamment soutenir « son » premier ministre, qui s’apprêtait à déclencher des élections — qui ont finalement eu lieu au printemps 2007. Or, quand le décret instituant l’enquête est arrivé pour qu’elle le sanctionne, quelle ne fut pas sa surprise de constater que l’enquête ne s’étendait pas sur une seule année, comme elle le voulait, mais sur sept années de son mandat.
Elle ne voulait toutefois pas accabler M. Charest quant au libellé du décret, puisqu’il avait bien d’autres soucis — « Pauvre M. Charest », a-t-elle résumé. Alors, elle s’est résignée et s’est fait une raison. « Entre sept ans et un an, j’ai toujours été la même. Cela a été mon arrêt de mort », a-t-elle toutefois conclu.
Par ailleurs, l’ancienne lieutenante-gouverneure Lise Thibault a soutenu qu’elle avait des journées trop remplies pour prendre le temps de scruter attentivement les notes de frais qu’on lui présentait pour signature. Elle a fait montre d’une mémoire encyclopédique en ce qui concerne les inscriptions à son agenda de l’époque, les noms des organismes et des personnalités, mais n’accordait donc aucune attention au libellé des factures.
Mme Thibault a répété qu’elle ne faisait aucun suivi des procédures de facturation de ses dépenses au fédéral. Elle a de nouveau reproché à l’administrateur de son cabinet, André Labrecque, son incurie : « Ce n’était pas un administrateur. »
Quand Me Labelle lui a demandé si elle faisait autre chose que de simplement signer les formulaires de facturation présentés par M. Labrecque, elle a répondu : « Non, absolument pas, mes journées étaient tellement remplies. »
Lise Thibault soutient qu’elle devait parfois se réveiller à 2 h du matin pour avancer dans ses journées et ne pas prendre de retard. « Pour moi, tout était une fonction officielle », a-t-elle répété pour justifier ses dépenses et son emploi du temps chargé.
Visites officielles
Même un arrêt dans une succursale d’une chaîne de restauration rapide le long d’une autoroute devenait prétexte à une visite officielle. « Pour le citoyen qui se levait pour me serrer la main, ce n’était pas un citoyen ordinaire, c’était le lieutenant-gouverneur, c’était officiel. »
Elle ne faisait rien comme un citoyen ordinaire, a-t-elle insisté, pas même la lecture de la presse, qu’on doit scruter différemment quand on a des responsabilités de lieutenant-gouverneur, selon elle. Elle se targue d’avoir chaque jour parcouru huit quotidiens, ainsi que des magazines internationaux et nationaux importants.
« À 8 h, je devais avoir lu trois journaux, pas comme un citoyen ordinaire, mais comme un chef d’État. »
Source: Le Devoir
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En tout cas, on ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir pris son rôle au sérieux.
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