« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice ». Georges Orwell


samedi 4 mai 2013

Comité des Communes sur l’enseignement de l’histoire - Les députés fédéraux «frappent un mur» à Québec




Le gouvernement Marois condamne l’initiative d’un comité des Communes de procéder à un examen de l’enseignement de l’histoire dans les différentes provinces. 

« No way à la présence d’Ottawa dans nos salles de cours. Il n’y a pas un fonctionnaire fédéral qui va rentrer dans nos salles de cours avec une plume fédéraliste pour essayer de rebâtir un programme d’histoire sur des bases idéologiques », s’est insurgé le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne.

« Si la volonté, c’est de contrôler l’enseignement de l’histoire, c’est sûr qu’ils vont frapper un mur au Québec », a affirmé pour sa part le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Gouvernance souverainiste, Alexandre Cloutier.

Un examen complet

Les ministres réagissaient à la nouvelle, publiée vendredi dans Le Devoir, voulant que le Comité permanent de la Chambre des communes sur le patrimoine canadien, qui réunit douze députés, ait entrepris de procéder à « un examen complet d’aspects importants de l’histoire du Canada » et de dresser une comparaison des cours d’histoire offerts dans les écoles primaires et secondaires de chacune des provinces.

L’éducation est une compétence exclusive du Québec, ont rappelé les ministres. « L’enseignement de l’histoire ne concerne d’aucune façon le gouvernement à Ottawa », a dit Pierre Duchesne.

Alexandre Cloutier juge « paradoxal » que ce comité veuille mettre l’accent sur « l’accès aux données historiques » alors qu’Ottawa refuse d’ouvrir ses archives sur le rapatriement de la Constitution. « S’ils s’intéressent à l’accès aux données historiques, je veux leur donner un conseil : arrêtez de caviarder toute l’information sur des pans importants de l’histoire du Québec », a-t-il déclaré.

De passage à Québec, le premier ministre Stephen Harper a affirmé que son gouvernement n’avait aucune intention de dire aux provinces comment enseigner l’histoire. « Nous n’avons pas le pouvoir, nous n’avons pas la volonté de le faire », a-t-il dit. Le premier ministre a toutefois ajouté que les élus fédéraux avaient « un intérêt [à] promouvoir une connaissance de l’histoire ».

Aux Communes, le secrétaire parlementaire du ministre du Patrimoine, Paul Calandra, - qui a eu l’idée de l’étude en comité parlementaire - a de nouveau tenté de calmer les inquiétudes. « Ce que nous essayons de faire, c’est de reconnecter les Canadiens avec notre histoire, s’assurer que le gouvernement fédéral travaille avec d’autres gouvernements si possible, avec d’autres communautés, pour raconter les histoires, les événements qui ont contribué à façonner ce pays », a-t-il répété en Chambre aux nombreuses questions de l’opposition.

Mais ses adversaires politiques n’en croient rien, « parce que ça ne sert absolument à rien de faire une étude en comité […] si on n’a pas l’intention de faire déboucher les résultats sur quelque chose de concret », a rétorqué le néodémocrate Guy Caron.

Pour sa part, le bloquiste André Bellavance s’est dit convaincu des mauvaises intentions des conservateurs à qui il reproche « une tendance assez forte à réécrire l’histoire à leur manière ».



Pas une première

Chez les historiens, la réaction est plutôt posée. Vincent Duhaime, le président de l’Association des professeurs d’histoire des collèges du Québec, a souligné que les différents gouvernements fédéraux des dernières décennies, et pas seulement le gouvernement conservateur, se sont intéressés à l’histoire en diffusant, notamment, des capsules historiques. Selon lui, il n’y a pas « d’hérésie » à entamer une telle étude sur « comment l’image du Canada est véhiculée [et si elle est] unificatrice ». Il ne s’inquiète pas d’une possible ingérence fédérale dans les écoles. « Je ne vois pas de menace. […] Je ne crains pas un char d’assaut de propagande fédérale. »

Le porte-parole de la Coalition pour l’histoire, Robert Comeau, croit que le gouvernement fédéral a au moins « un souci de développement d’une identité canadian ». Il a déploré plutôt que le Québec n’ait pas un souci équivalent de construction d’une identité historique et commémorative.

L’historien Roger Blanchette, qui enseigne au cégep de l’Outaouais ainsi qu’à l’Université du Québec en Outaouais, s’est montré plus critique. Il s’oppose à la « réécriture de l’histoire à des fins politiques ». Car les événements sur lesquels insistent les conservateurs sont essentiellement des événements militaires. « C’est comme s’ils voulaient créer une fausse image du Canada un peu à l’américaine. » Selon M. Blanchette, l’histoire ne consiste pas à raconter les batailles militaires, mais plutôt à expliquer les grandes tendances, les motivations derrière les guerres. « Ils démontrent qu’ils ne comprennent pas ce qu’est l’histoire. »

Pour l’historien Éric Bédard, « c’est une vieille tentation au niveau canadien d’avoir cette idée d’une sorte de récit unique qu’on proposerait aux jeunes canadiens ».

Avec La Presse canadienne
via Le Devoir

1 commentaire:

  1. Je suis 100% d'accord avec André Bellavance du Bloc québécois, à Ottawa, qui se dit convaincu des mauvaises intentions des conservateurs à qui il a reproché « une tendance assez forte à réécrire l’histoire à leur manière ».

    Rappelons-nous ce que ce gouvernement a fait de la fondation de Québec par Samuel de Champlain, lors du 400è anniversaire de la ville de Québec.

    M.

    RépondreSupprimer