« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice ». Georges Orwell


lundi 14 décembre 2015

Le monopole libéral




Stéphane Gobeil

C’est Mario Dumont qui a d’abord attiré mon attention en déplorant la possibilité qu’il ne voit rien d’autre qu’un gouvernement libéral de son vivant. L’ancien chef politique est pourtant bien jeune. À 43 ans au moment de sa chronique, il pouvait espérer vivre encore 37 autres belles années selon l’Institut de la statistique du Québec. Le Parti libéral au pouvoir à Québec pour les prochaines décennies ? Voyons-donc ! C’est ce que je me suis dit au départ. Mario exagère. J’ai relu son texte une seconde fois. Et je fus bien obliger de constater avec lui que la perspective de voir les libéraux confisquer le pouvoir pour longtemps est plausible, voire probable.
 
En creusant un peu les résultats des élections passées, j’ai fait une découverte stupéfiante. Depuis 1981, les libéraux n’ont jamais obtenu moins de 47 sièges ! Ça fait plus de 30 ans que les rouges n’ont pas été sous ce plancher. Ça signifie qu’à chaque élection, ils partent avec un minimum d’une cinquantaine de sièges.
 
Cet avantage n’est pas à veille de disparaître. Au contraire, il va en s’accroissant. La base libérale est constituée des Québécois non francophones. Avec l’entrée massive des immigrants au Québec (un des endroits où on en accueille le plus dans le monde, per capita), cette base s’accroît chaque année. Dans le dernier sondage Léger, le PLQ obtenait l’appui massif des non-francophones, à 75%. L’autre base forte des libéraux, ce sont les personnes âgées de plus de 65 ans, qui votaient libéral à 48%. Là encore, le vote rouge a de beaux jours devant lui, vieillissement de la population oblige.
 
Cette base est tellement forte et stable que les libéraux peuvent se passer d’une forte majorité du vote francophone. Dans le Léger cité plus haut, ils n’obtiennent que 24% du vote francophone et pourtant, à 35% des intentions de vote, le PLQ serait réélu.
 
Cette base est tellement forte et stable que les libéraux peuvent se passer d’une forte majorité du vote francophone. Si on accepte l’idée que Québec solidaire obtienne au moins trois sièges en 2018 et la CAQ ou le PQ au moins 10 chacun, il devient mathématiquement impossible pour un des partis d’opposition de former un gouvernement majoritaire. Il faut en effet 63 sièges sur les 125 pour y arriver.
 
Lors des élections de 2014, les 2/3 des francophones ont voté pour la CAQ, le PQ ou QS. Et pourtant, Philippe Couillard a facilement obtenu une majorité. Beaucoup de Québécois francophones se demandent comment ça se peut que les libéraux gagnent alors que dans leur entourage, les libéraux sont durs à trouver. En fait, il faut chercher du côté des non francophones et des personnes plus âgées.
 
On voit que Mario Dumont a bien raison de s’inquiéter. Grâce à la concentration du vote non francophone et la division du vote francophone, les libéraux sont partis pour gouverner longtemps. Peut-être aurons-nous droit à un gouvernement minoritaire du PQ ou de la CAQ de temps à autre, comme en 2012, mais ce ne seront probablement que de brefs épisodes.
 
Alors, ne connaître que la gouverne libérale de votre vivant, ça vous plaît comme perspective ?
 
Source

vendredi 20 novembre 2015

«On était bien ici avant»

 
Christian Rioux
Correspondant à Paris
Le Devoir
 
Mohamed Annag a près de 70 ans. Cela fait quatre décennies qu’il habite à l’ombre de la basilique de Saint-Denis, ce joyau de l’art gothique où ont été enterrés presque tous les rois de France. Arrivé de Casablanca en 1973 pour une simple visite touristique, il s’est aussitôt fait proposer du travail et des papiers. La France avait alors besoin de travailleurs. En 1977, il s’est donc installé à Saint-Denis, en banlieue nord de Paris, où il a élevé sa famille et fait sa vie. Une vie heureuse, dit-il.
 
Réveillé mercredi par les tirs de l’assaut donné par les policiers sur la petite rue du Corbillon, ce grand vieillard efflanqué ne cesse de répéter : « On était bien ici avant ! » Mais avant quoi au juste ?
 
Avant l’arrivée de l’islamisme ! Car, c’est bien de cela qu’il s’agit et de rien d’autre. Lorsqu’on interroge Mohamed, il explique qu’il a toujours pratiqué sa religion librement, avec la modération dont font généralement preuve les catholiques et les juifs français, sans ostentation et sans prosélytisme excessif. Bref, comme on fait en France depuis la grande réconciliation qu’a représentée l’adoption de la loi de 1905 sur la laïcité.
 
Lorsque Mohamed est arrivé en France, les femmes de Saint-Denis ne portaient pas le voile. À Casablanca non plus, d’ailleurs. Mais, depuis une dizaine d’années, les choses se sont mises à changer. Ceux qu’on surnomme les « barbus » sont arrivés. « Ce ne sont plus les mêmes musulmans », tranche Mohamed.
 
On parle beaucoup de « l’islam de France ». En réalité, cet islam existe. Du moins a-t-il existé. Depuis des décennies, la France abritait un islam paisible et respectueux de ses traditions laïques. Ce n’est plus le cas depuis l’arrivée du salafisme. Si les événements des derniers jours ont une cause, elle est dans cet islam radical que les responsables politiques ont laissé se développer impunément.
 
De même serait-il temps de cesser de peindre les banlieues françaises en ghettos noirs américains. Ceux qui cultivent cette image n’y vont jamais. Ils n’en ont donc que la vision déformée que leur présentent le cinéma et le rap. Certes, il existe des cités délabrées en banlieue où règnent de petits caïds. Mais rien ne peut occulter le fait que l’État a investi depuis vingt ans des milliards dans la rénovation de ces quartiers dits difficiles. La France a plus investi à Clichy-sous-Bois après les émeutes de 2005 que Québec et Ottawa ne le feront jamais à Mégantic malgré le cataclysme que l’on sait. Saint-Denis, une ville en pleine rénovation urbaine, en est d’ailleurs l’exemple. Certes, on y trouve encore des squats comme celui de la rue du Corbillon, mais ils côtoient des HLM de qualité à faire rêver bien des habitants des quartiers pauvres d’Amérique du Nord. 
 
Mais la réalité importe peu au choeur des pleureuses multiculturelles pour qui les islamistes radicaux ne sont que de pauvres hères victimes de la misère sociale la plus abjecte. Le cerveau présumé des attentats de Paris était pourtant issu d’une famille de petits commerçants marocains qui ne vivait pas dans la pauvreté. Abdelhamid Abaaoud avait même fréquenté le collège privé Saint-Pierre à Uccle, une sorte d’Outremont bruxellois. « Notre famille doit tout à ce pays », dit d’ailleurs son père, heureux de vivre en Belgique. Sa cousine Hasna Aitboulahcen, qui se serait fait exploser mercredi à Saint-Denis, était gérante d’une entreprise de maçonnerie à Épinay-sur-Seine. Parmi les kamikazes de vendredi dernier, on trouve un fonctionnaire chauffeur de bus à la RATP et un tenancier de café. Pas vraiment des miséreux.
 
Depuis quand d’ailleurs les pauvres seraient-ils moins vertueux que les bourgeois ? Il ne faut pas confondre la « misère » avec la crise d’identité qui frappe souvent les enfants d’immigrants. C’est elle qui les pousse à se tourner vers cet islamofascisme que l’on a vu à l’oeuvre vendredi dernier. Ce terrorisme n’a rien à voir non plus avec cette islamophobie fantasmée dont on nous rebat les oreilles. En France, depuis une semaine, on a peut-être vu quelques gestes isolés, mais pas l’ombre d’une vague d’islamophobie, autrement appelée « amalgame ». On a plutôt vu un peuple debout capable de faire les nuances nécessaires. Si les Français ne confondent pas les terroristes avec les musulmans, ils ne confondent pas non plus les musulmans qui s’intègrent avec cet islamisme rampant qui sera toujours incompatible avec la France. Un islamisme qui n’a pas sa place dans un pays laïc et démocratique, car, en plaçant l’oumma au-dessus du pays et des lois, il en rejette tous les principes.
 
Si la France a failli quelque part, ce n’est certainement pas en laissant libre cours à la xénophobie. Celle-ci n’y est pas plus présente qu’ailleurs, contrairement à ce que laisse entendre le « french bashing » ambiant. Ce n’est pas non plus faute de mesures sociales pour aider les défavorisés. C’est faute d’avoir su faire respecter ses règles d’intégration et mené la lutte idéologique — un mot que François Hollande ne prononce pas — contre un islamisme incompatible avec la République. Après 40 ans d’une vie paisible en France, voilà ce que Mohamed Annag a vu se dérouler sous ses yeux.

lundi 9 novembre 2015

Radio à Québec: Dominique Payette tape dans le mille

Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Il suffit par exemple «de faire la file au Centre Vidéotron pour reconnaître les raisonnements spécieux et fallacieux entendus à la radio et recrachés tels quels, sans filtre».
 

Dominique Payette, les constats que vous dressez sur le contenu des émissions des radios de Québec dans votre rapport L’information à Québec : un enjeu capital touchent leur cible. Les réactions des principaux concernés les démasquent une fois de plus : elles sont dignes de voyous de ruelle rompus à l’intimidation. Ils attaquent en bande : « Allez, crient-ils, toute la gang ensemble, on lui pète la gueule ! » Une belle unité stalinienne lie les Fillion, Maurais, Dupont, Napoli, Bouchard, Ségal et Landry, qui n’ont même pas lu votre étude. Le pire est que vos propos sont modérés. Le portrait s’avère en réalité encore plus sombre.
 
La vérité, c’est que les radios de droite à Québec enveniment vraiment le climat social de Québec. J’y ai vécu 38 ans, et les boycotter est inutile, leur fiel s’immisce dans tous les endroits publics, colore toutes les conversations. Il suffit d’écouter les passagers de l’autobus ou la station syntonisée par le chauffeur, de magasiner à Place Laurier ou de faire la file au Centre Vidéotron pour reconnaître les raisonnements spécieux et fallacieux entendus à la radio et recrachés tels quels, sans filtre.
 
Aucun contre-discours
 
La vérité, c’est qu’il n’existe aucun contre-discours crédible sur les ondes de Québec : les droitistes forment un troupeau uni qui monopolise les micros. La vérité, c’est qu’aucun indépendantiste ou « gauchiste » n’a passé le test d’embauche dans ces trois radios depuis des décennies, alors qu’au moins 50 % des gens de Québec partagent ces idées. Sylvain Bouchard peut donc dormir tranquille, il ne perdra jamais sa job.
 
La vérité, c’est qu’à Québec, les clones d’Elvis Gratton ont pris le contrôle du crachoir et envoient paître systématiquement tous ceux qui ne pensent pas comme eux.
 
La vérité, c’est que ces animateurs sont les émules et les descendants de grand-papa André Arthur, qui a patiemment semé son style empoisonné non seulement à Québec, mais aussi à Saguenay (Myriam Ségal), Montmagny et Rivière-du-Loup (Daniel Saint-Pierre), où il tient chronique.
 
La vérité, c’est que ces animateurs connaissent très bien le poids des mots et les font servir à leurs fins. Connotés négativement : « syndiqué », « séparatiste », « péquiste », « québécois », « francophone », « gauchiste », « intellectuel » et « environnementaliste ». Leurs préférés : « environnementeur » ou « enverdeur ».
 
Connotés positivement : « travailleur non syndiqué », « fédéraliste », « libéral », « canadien », « anglophone », « conservateur », « militaire », « caquiste » et « pétrole ».
 
La vérité, c’est que ces radios sont, sur le plan politique, le bras médiatique des partis fédéralistes de droite. En 2014, c’était le Parti libéral du Québec. En 2015, le Parti conservateur du Canada. Leurs idées sont louangées et leurs élus acclamés, jouissant du privilège d’entrevues mielleuses, complaisantes. Je ne serais d’ailleurs pas surpris qu’on découvre que ces partis les financent en sous-main.
 
Jouer aux victimes
 
La triste vérité, c’est que même quand leurs idées triomphent politiquement, ils continuent à pleurnicher et à jouer aux victimes d’une gauche qui n’a pas plus de pouvoir politique en 2015 qu’elle n’en a eu depuis… Adam et Ève.
 
La vérité, c’est qu’il ne s’agit pas de radios d’opinion, mais de radios à une seule opinion, uniforme. En fait, ils logent à l’enseigne des libertariens. Mais ça, ils ne l’avoueront jamais.
 
La vérité, enfin, c’est que ces radios sont si anglomanes et francophobes qu’on jurerait qu’elles se sentent investies de la mission de formater les Québécois en vue de leur assimilation dans l’Amérique anglophone. Tout ce qui est québécois leur est étranger, leur pue au nez. Ils dénigrent, voire haïssent tout ce qui se crée en français. À l’opposé, leur esprit critique disparaît devant tout ce qui vient de l’Amérique anglophone, dont ils embrassent et étreignent la culture. Bref, pour renchérir sur le propos de Mme Payette, les animateurs de ces radios sont profondément aliénés, et irrémédiablement colonisés. Et même ceux qui voudraient les ignorer doivent subir quotidiennement cet affligeant spectacle.
 
Source: Le Devoir

vendredi 30 octobre 2015

Le problème autochtone québécois : une bombe à retardement amorcée par le gouvernement fédéral

 
 
Louis Lapointe
Vigile.québec
 
Reprise d’un texte écrit et publié le 31 mars 2008
 
Tous les yeux des Québécois préoccupés par les droits des peuples à vivre
dans la dignité et la liberté sont présentement tournés vers la Chine,
alors qu’il y a péril en la demeure, ici même au Québec. Le Tibet et la
Chine ont fait la première page de tous nos journaux quelques jours après
la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo, alors qu’il existe au
Québec un tiers-monde bien à nous, maintenu dans un état de
sous-développement chronique par le gouvernement fédéral et qui ne soulève
que peu d’émotions et de sympathie de notre part, comme l’ont si bien
démontré Richard Desjardins et Robert Monderie dans leur film « Le Peuple
invisible ».  Si les Québécois et leur gouvernement ne se réveillent pas
bientôt, il se pourrait bien que, pour les mêmes raisons que la communauté
internationale a appuyé la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo
et appuie actuellement les revendications du Tibet à l’endroit de la Chine,
la souveraineté du Québec sur de nombreux territoires au Nord du Québec
soit menacée.
 
Parce que nous n’avons pas la juridiction sur les populations autochtones
qui occupent nos territoires, nous risquons d’être mis devant le fait
accompli d’une situation que nous avons contribué à laisser perdurer par
notre silence et notre mutisme. Notre ignorance de ces populations ne sera
plus une excuse lorsque les autochtones du Québec revendiqueront le droit à
l’autodétermination sur certains territoires qu’ils occupent depuis des
temps immémoriaux ; lorsque ces Autochtones invoqueront les mauvais
traitements subis dans les pensionnats catholiques, les enfants violés et
battus par nos bons ecclésiastiques québécois ; lorsque les Autochtones
souligneront l’état d’extrême pauvreté, de sous scolarisation et de sous
développement dans lequel vivent de nombreuses communautés. Lorsque les
Autochtones auront fait la démonstration de notre négligence à les aider
quand nous aurions pu le faire, ils apporteront aux ennemis du Québec les
bonnes raisons pour partitionner le territoire québécois. Ce territoire sur
lequel nous n’avons jamais pu totalement exercer notre souveraineté en
raison de l’existence d’une constitution qui nous prive des outils
fondamentaux pour le faire. Nous ne pourrons alors blâmer d’autres que
nous-mêmes, puisque nous serons les seuls responsables de notre retard à
quitter le Canada quand il était temps, laissant la Cour Suprême éroder
inexorablement les pouvoirs du Québec jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à
gruger.
 
Il sera peut-être trop tard pour réagir lorsque le gouvernement du Québec
réalisera que le Québec aurait du quitter le giron constitutionnel du
Canada bien avant que l’irréparable arrive, parce que le gouvernement
fédéral ne s’opposera pas à la partition ethnique du Nord du Québec, même
si c’est en raison de sa propre turpitude, de son incurie et de son
incapacité à bien administrer les populations autochtones sous sa
juridiction que cela se produit ; parce que le reste de la planète sera
témoin du tiers-monde qui existe au Québec et nous tiendra responsable à la
place du Canada, puisqu’il s’agit de population habitant notre territoire ;
parce que ce sera l’intérêt manifeste du Canada de voir le Québec affaibli
face à la communauté internationale.
 
Le jour où le reste du Canada applaudira parce que la politique raciste de
son gouvernement à l’égard des autochtones du Québec aura insidieusement
contribué à affaiblir la souveraineté du Québec sur les territoires occupés
par des Autochtones, il sera trop tard. L’eau et l’énergie du Nord ne
seront plus sous la juridiction du Québec ; les projets d’harnachement des
grandes rivières du Nord nous échapperont et le Québec aura encore été
floué et affaibli par ses bons amis canadiens, comme il l’a été tout au
long de son histoire depuis la conquête de 1760.
 
Que ceux qui appuient la partition ethnique du Kosovo et sont outrés par
le traitement de la Chine à l’égard du Tibet se rassurent, les Canadiens ne
seront pas les seuls à applaudir lorsqu’on morcellera notre territoire pour
des raisons ethniques et humanitaires. Tous ceux qui ont des velléités sur
l’eau du nord, en particulier nos voisins du sud, y verront une occasion
d’échanger d’importants capitaux privés contre le droit d’y exploiter les
nombreuses ressources naturelles qui y regorgent. Les Autochtones n’auront
alors aucune raison de lever le nez sur d’importants moyens financiers qui
leur ont toujours fait défaut et qui seront alors mis à leur disposition.
Ce jour-là, il n’y aura plus aucun traité qui subsistera, l’argent aura
tout acheté. Nos tentatives de réconciliation, trop tardives pour paraître
honnêtes, n’y changeront rien, elles seront toutes repoussées. Money talk
 

Québec déploie un parachute d’un milliard



C’est confirmé : le gouvernement libéral vole au secours de Bombardier en engageant 1 milliard de dollars américains dans la poursuite du programme CSeries. En Chambre, l’opposition à Québec a aussitôt dénoncé la nature risquée de l’aventure, qualifiant le gouvernement de « piètre négociateur ». Les employés et les acteurs de l’aéronautique ont plutôt applaudi une intervention gouvernementale stratégique en appui à une société phare de l’industrie aéronautique au Québec.
 
Bombardier cherchait des partenaires pour son programme CSeries. Le développement des appareils CS100 et CS300 cumule les retards et voit son coût dépasser désormais les 5,4 milliards de dollars américains, soit près de 60 % de plus que l’enveloppe originale. Après avoir testé l’intérêt d’Airbus, la multinationale québécoise a finalement répondu à l’offre maintes fois formulée par le gouvernement, qui injecte 1 milliard de dollars dans la poursuite du programme. L’investissement, puisé à même le Fonds du développement économique, sera administré par Investissement Québec.
 
Le gouvernement obtiendra, en retour, une participation de 49,5 % dans une société en commandite créée à cette fin. En contrepartie d’une participation de 50,5 %, Bombardier y transfère les quelque 1700 employés affectés au développement des appareils, des contrats de fournisseurs et de clients ainsi que les éléments d’actif et les propriétés intellectuelles nécessaires pour poursuivre les activités de conception, de fabrication et de commercialisation des avions biréacteurs CS100 et CS300, peut-on lire dans le communiqué publié par le ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, Jacques Daoust. La commandite sera présidée par l’ex-premier ministre du Québec Daniel Johnson, qui siège au conseil de Bombardier depuis 1999.
 
Autre élément digne d’intérêt, Québec recevra 200 millions de bons de souscription d’une durée de cinq ans, chacun lui donnant le droit d’acheter une action de classe B de Bombardier à un prix unitaire équivalant, en dollars américains, à 2,21 $CAN. Et l’État reçoit l’engagement de Bombardier qu’elle conservera au Québec, pendant une période de 20 ans, le siège social stratégique de la commandite, y compris le maintien des activités de fabrication à Mirabel, de recherche et développement, et autres activités connexes.
 

vendredi 23 octobre 2015

Discours de Gilles Duceppe prononcé le 22 octobre 2015


BLOC Québécois
Madame,
Monsieur,
Nous vous transmettons le discours prononcé par Gilles Duceppe le 22 octobre 2015.


BLOC Québécois

Discours prononcé le 22 octobre 2015
Bonjour,
Vous me permettrez avant de commencer de souhaiter un joyeux anniversaire à ma mère, qui a 90 ans aujourd’hui : bonne fête maman.
Cette journée marque un moment important pour ma famille et moi, alors que je tourne la dernière page d’une aventure politique passionnante. Cette aventure a débuté en 1990. Cette année-là, mon père, Jean Duceppe, a affirmé devant des centaines de milliers de personnes réunies pour la fête nationale, que le Québec était dorénavant notre seul pays. C’était bien ce que des millions de Québécois ressentaient après que le Canada ait rejeté l’Accord du lac Meech. Après nous avoir imposé une Constitution sans aucune consultation démocratique, voilà que le Canada rejetait les quelques demandes minimales de la nation québécoise. Nous avons bataillé ferme pour faire aboutir ce pays, notre pays.
De 1990 à 1993, nous étions une poignée de députés à la Chambre des communes. Avec Lucien Bouchard, le Bloc Québécois a balayé le Québec aux élections de 1993, le parti de gouvernement étant réduit à deux sièges. À la tête du Parti Québécois, M. Parizeau a organisé la plus formidable coalition souverainiste de l’histoire en 1995 et nous sommes venus à un cheveu de remporter le référendum. Le pays, qui était à portée de main, nous a malheureusement échappé.
Pour autant, nous n’avons jamais baissé les bras. Je suis très fier de ce que le Bloc a accompli par la suite. Nous avons par exemple été le premier parti à défendre rigoureusement et sans jamais faiblir le protocole de Kyoto et la lutte aux changements climatiques. Nous avons été les premiers à plaider et à proposer un plan pour réduire la dépendance du Québec au pétrole.
Nous avons débusqué et dénoncé nombre de malversations du gouvernement libéral de l’époque, dont l’immense opération de propagande qui allait déboucher sur le scandale des commandites. Nous avons amorcé la longue bataille qui allait permettre au Québec de créer un programme de congés parentaux moderne et généreux.
Les chantiers de réflexion du Bloc sur la mondialisation et la citoyenneté auront lancé de vastes débats qui se poursuivent encore aujourd’hui. Cet exercice a permis de moderniser le projet souverainiste, ce qui a fait dire à M. Parizeau que le Bloc était devenu le fer de lance du mouvement.
Aux élections de novembre 2000, le Bloc a encore une fois remporté une majorité de circonscriptions québécoises. Les batailles furent innombrables. Nous avons finalement obtenu l’adoption d’une loi antigang, de même que la reconnaissance et le règlement partiel du déséquilibre fiscal.
Tout au long de ces années, j’ai mis un point d’honneur à exprimer ce qui selon moi représenterait les positions d’un Québec indépendant en matière de politique étrangère. Nous avons représenté le Québec avec rigueur, avec dignité et avec un sens aigu des responsabilités.
Sous ma direction, le Bloc aura été le parti de tous les Québécois, en particulier des plus humbles d’entre nous. En utilisant pleinement les moyens limités d’un parti d’opposition, nous avons littéralement sorti des dizaines de milliers de personnes âgées de la pauvreté. Le Bloc Québécois en est venu à incarner le combat pour que le programme d’assurance-emploi tienne compte de la réalité du travail saisonnier. À Ottawa, nous avons été les meilleurs alliés des nations autochtones.
Nous avons établi de nouveaux standards pour les partis d’opposition dans les débats budgétaires. Nous sommes devenus au fil du temps un véritable laboratoire d’idées. Et les Québécois nous ont fait confiance encore en 2004, puis en 2006 et en 2008.
Nous avons essuyé notre première défaite en 2011. Une défaite qui fut dure à encaisser, bien entendu. Après tout, nous avions remporté six victoires d’affilée! Pour un parti dont la pertinence fut questionnée à chaque occasion, il y a là tout un accomplissement. Mais quand on y repense, subir une première défaite en sept élections en terminant deuxième n’avait rien de déshonorant.
Cette fois-ci, le Bloc Québécois jouait carrément son existence et mon retour visait à sauver ce parti, qui demeure important pour les 817 000 Québécois qui ont voté pour nous. Avec l’élection de dix députés, l’avenir de notre formation est assuré pour les quatre prochaines années. J’aurais évidemment aimé en obtenir davantage et être moi-même élu dans ma circonscription. Mais somme toute, je quitte avec le sentiment du devoir accompli.
Si j’ai reporté cette annonce de deux jours, c’est que je voulais m’assurer de laisser un parti en ordre, sans dette, qui fait une place importante à la relève, avec une aile parlementaire organisée.
Cette dernière campagne fut pour moi une des plus belles, sinon la plus belle. Nous avons affronté beaucoup d’adversité avec notre petite équipe, mais le plaisir a toujours été au rendez-vous. Cette équipe, réduite en nombre, a réussi à offrir une qualité exceptionnelle aussi bien en matière de contenu, d’organisation que de communications.
Les candidats, recrues pour la plupart, ont montré un enthousiasme qui ne s’est pas démenti jusqu’à la fin. La présence nombreuse des jeunes, tant au sein du personnel que parmi les militants et les candidats, m’a beaucoup réjouie et représente un gage d’avenir. Les militants souverainistes se sont présentés, nombreux, dans tous nos évènements, de Hope en Gaspésie jusqu’à Montréal, Québec et partout où nous sommes passés. Des milliers de personnes ont repris leur carte de membre et contribué financièrement. Je les en remercie.
J’ai eu le privilège d’avoir Yolande à mes côtés pendant toute la campagne, ce qui nous a permis de faire ensemble plusieurs tours du Québec et de rencontrer des milliers de personnes. L’accueil des Québécois à notre égard m’a fortement touché. Le respect, la gentillesse et l’engagement de toutes ces femmes et ces hommes, de toutes les régions et de tous les âges, je vais m’en souvenir longtemps.
Le pays que j’ai revisité de fond en comble, notre pays le Québec, est vraiment magnifique ; le territoire est grandiose, diversifié, riche. Le territoire québécois, c’est fabuleux. Le peuple québécois, c’est encore mieux.
J’aime profondément le Québec, notre territoire, notre histoire, notre peuple. Nous formons une nation, ni pire, ni meilleure que les autres. Nous sommes différents, tout simplement. Ce sont précisément ces différences qui font la beauté du monde.
Dans l’histoire d’un peuple, il y a des hauts et des bas. Ce qui m’a guidé tout au long de cette aventure de 25 ans, c’est cette conviction intime, qui ne m’a jamais quitté une seconde, que le seul avenir digne de ce nom pour notre peuple consiste à devenir un pays indépendant. Plutôt que de demeurer une province dans le Canada, que le Québec devienne un pays dans le monde. Comme souverainistes, nous avons le devoir de ne jamais, jamais abandonner nos convictions.
Comme nation, nous avons une responsabilité face à l’histoire, à la suite de celles et de ceux qui nous ont devancés. Nous avons la responsabilité de durer, de transmettre aux prochaines générations la fierté de faire partie de cette nation francophone des Amériques.
 

Gilles Duceppe

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Ce courriel a été envoyé à dhrgolf@videotron.ca. Pour ne plus recevoir de courriel, cliquez ici.
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Autorisé par Line Daigneault, agente principale du Bloc Québécois

samedi 26 septembre 2015

Où était Tom?


Était-il là?
  
Michel David,
Le Devoir
samedi 26 septembre 2015
 
On ne saura jamais exactement combien le camp du non a dépensé illégalement lors du référendum de 1995. Vingt ans plus tard, bon nombre de souverainistes demeurent convaincus qu’il a été « volé ».
 
Dans leur livre intitulé Les secrets d’Option Canada, publié en 2006, Normand Lester et Robin Philpot ont abondamment documenté, à l’aide de chèques et de factures, les activités de cet organisme obscur qui opérait à l’insu du directeur général des élections du Québec.
 
Leur enquête avait démontré qu’une somme de 5,2 millions, que le ministère du Patrimoine canadien aurait normalement dû consacrer à la promotion de la dualité linguistique canadienne, avait plutôt servi à financer les activités du non, en plus du maximum de 5 millions prévu par la loi.
 
L’enquête à huis clos menée par l’ancien juge Bernard Grenier n’a pas permis de faire toute la lumière. Des obstacles de nature constitutionnelle l’avaient empêché d’aller au fond des choses, avait-il expliqué. Autrement dit, on lui avait refusé l’accès à toute l’information. Tout au plus avait-il pu identifier des dépenses illégales de 539 460 $, ce qui avait amené le premier ministre Charest à conclure que toute cette histoire n’était qu’un « pétard mouillé ».
 
Le scandale des commandites n’en a pas moins démontré qu’Ottawa était prêt à tout pour maintenir l’unité du pays. L’ancien chef de cabinet de Jean Chrétien, Jean Pelletier, l’a dit on ne peut plus clairement : la lutte contre les souverainistes était une véritable « guerre » qui justifiait tous les moyens.
  
Le spectre d’Option Canada est apparu de façon inattendue lors du débat télévisé entre les chefs de parti jeudi soir, quand Gilles Duceppe a demandé à Tom Mulcair s’il s’engageait à respecter les lois québécoises advenant la tenue d’un autre référendum. Le chef du NPD s’est bien gardé de répondre à la question.
 
On ne peut pas accuser M. Mulcair de se défiler sur la question du 50 plus 1. Si l’abrogation de la Loi sur la clarté, qui est une vache sacrée au Canada anglais, ne fait pas partie de ses priorités, il n’a jamais tenté de revenir sur la Déclaration de Sherbrooke, même si bien des électeurs hors Québec sont certainement d’accord avec Justin Trudeau quand il dit que « c’est un réel problème pour quelqu’un qui veut être premier ministre ».
 
Soit, il n’y a pas de référendum à l’horizon, mais cela n’empêche pas les électeurs souverainistes que courtise M. Mulcair de souhaiter ardemment qu’il y en ait un le plus rapidement possible. C’est précisément dans cet espoir que plusieurs se sont ralliés à Pierre Karl Péladeau, alors qu’ils ne l’auraient jamais appuyé autrement.
 
Avant d’accorder leur vote au NPD, alors que leur coeur inclinerait plutôt à appuyer le Bloc québécois, dont le naufrage les attriste, les souverainistes seraient en droit de savoir si M. Mulcair respecterait les règles du jeu en cas de référendum ou s’il tricherait à son tour. C’est très bien de reconnaître la validité d’une victoire à la majorité simple, mais que vaut cet engagement si les dés sont pipés pour l’empêcher ?
  
Personne ne devrait douter de l’ardeur fédéraliste de M. Mulcair, qui s’est battu bec et ongles pour le non, aussi bien en 1980 qu’en 1995. Il faisait partie de ceux qui pressaient le Directeur général des élections d’ouvrir une enquête sur les bulletins qui ont été rejetés en 1995. Dans sa circonscription de Chomedey, le pourcentage avait été de 11,6 %, ce qu’il avait attribué à une « fraude électorale orchestrée » par le camp du oui.
 
Si jamais il devait faire face à un nouveau référendum, interdirait-il à tout organisme fédéral de financer de quelque façon le camp du non ? Poser la question, c’est y répondre. Le Canada anglais ne tolérerait certainement pas que le premier ministre assiste les bras croisés à une bataille qui pourrait mener à l’éclatement du pays.
 
Heureusement pour M. Mulcair, le débat de jeudi soir a eu peu d’auditoire à l’extérieur du Québec. Plusieurs auraient sans doute été surpris et même choqués de l’entendre dire qu’à trois jours du référendum, alors que des dizaines de milliers de Canadiens venus de partout au pays s’étaient rassemblés dans un ultime effort pour préserver son unité, lui-même avait préféré rester chez lui. Même Gilles Duceppe semblait convaincu qu’il était sur la place du Canada ce jour-là.
 
Dans son autobiographie, il demeure vague sur l’endroit où il se trouvait exactement. « Catherine et moi sommes allés attendre nos fils qui arrivaient par le train de banlieue. Dans leurs écoles, tous les élèves ainsi que les professeurs se dirigeaient vers le ralliement », explique-t-il, sans préciser ce que lui-même a fait par la suite. En ce moment critique pour le Canada, son sens de la démocratie lui aurait-il interdit de participer à une manifestation financée illégalement ?

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mardi 8 septembre 2015

À la défense du Bloc québécois

En réponse au commentaire de monsieur Montmarquette qui se dit indépendantiste. Monsieur Montmarquette est membre électeur pour le seul parti orange du Québec: Québec solidaire. 

Partie 1

Luc Bertrand - Abonné8 septembre 2015 11 h 55

« Monsieur Montmarquette, si, effectivement, il y a un article du Devoir qui contredit Gilles Duceppe à l'effet que le NPD n'aurait pas défendu les intérêts du Québec depuis 4 ans, il y a quand bien même trois gros dossiers du Québec qui figurent parmi les 15% des consensus de l'Assemblée nationale du Québec qui n'ont pas été défendus par le NPD:


- Ni Jack Layton, ni "Tom" Mulcair n'ont opposé le consensus de l'Assemblée nationale contre la décision des conservateurs d'accorder un prêt du fédéral à Terre-Neuve pour son projet de ligne électrique sous-marine destinée à concurrencer Hydro-Québec en permettant à son électricité de passer par la Nouvelle-Écosse avant d'être vendue aux États-Unis;

- Aucun des députés du NPD de la région de Québec n'a réagi lorsque Tom Mulcair, après que Stephen Harper ait annoncé que les contrats de construction des nouveaux navires de la Marine canadienne ($33 milliards, maintenant plus de $100 milliards) iraient aux chantiers navals de la Nouvelle-Écosse et de la Colombie-Britannique sans rien accorder aux chantiers du Québec (dont la MIL Davie de Lévis), a déclaré "Great day for Canada";
- Tom Mulcair continue à faire confiance à l'ONÉ plutôt qu'au BAPE pour évaluer l'impact environnemental du pipeline Énergie-Est sur le territoire et les cours d'eau du Québec, même si Stephen Harper vient de nommer un de ses collaborateurs de l'industrie pétrolière au sein du conseil exécutif de l'ONÉ.

Pour quelqu'un qui se dit souverainiste comme vous, je vois difficilement en quoi donner son accord à un tel affaiblissement du Québec serait plus profitable que d'élire une majorité de député(e)s dont l'unique mission serait de défendre les intérêts des Québécois(e)s comme l'ont fait les élu(e)s du Bloc québécois depuis 1990.» 

Luc Bertrand
Pointe-aux-Trembles


***

Parti 2

« Monsieur Montmarquette, pour que les conservateurs reviennent majoritaires, il leur suffit de gagner 4 des 27 nouveaux sièges qu'ils ont créés dans les trois provinces les plus populeuses où ils ont déjà les meilleurs résultats: Ontario (73/106 + 15), Colombie-Britannique (21/36 + 6) et Alberta (27/28 + 6) en plus de conserver les 166 sièges de 2011. Ce ne sont pas les 3 sièges de plus (sur les 30 nouveaux du Canada) qu'ils ont accordés au Québec qui vont faire la différence, eux qui n'en avaient gagnés que 5 sur 75!


Croyez-moi, les sondages indiquent d'ailleurs que les conservateurs s'apprêtent à perdre beaucoup plus de comtés que le NPD en perdrait au Québec si les Québécois(e)s votaient selon leur conscience et leurs intérêts en faveur du seul parti qui les représente fidèlement à Ottawa, le Bloc québécois.


En votant massivement Bloc québécois, au pire on revient avec Harper, cette fois minoritaire et limité à sa base électorale de l’Ouest et de la N-É, au mieux, nous envoyons un message clair aux fédéralistes et au Canada : que le parti fédéraliste au pouvoir à Ottawa soit de « gauche » (NPD ou PLC) ou de droite (PCC), le Québec n’a plus rien à gagner en restant dans le Canada et envisage sérieusement l’indépendance.

Je vous rappelerai que le NPD a refusé de dénoncer cette concurrence déloyale à Hydro-Québec, cette injustice vis-à-vis la MIL Davie de Lévis et ce conflit d'intérêt dans le Conseil de l'ONÉ malgré que 57% de ses député(e)s (59/103) proviennent du Québec. Pourquoi? Parce que la loyauté de ce parti reste indéfectible envers le Canada et parce que les intérêts des électeurs des autres régions que le Québec qu'ils convoite pour former le gouvernement comptent davantage pour lui.» 

Luc Bertrand
Pointe-aux-Trembles


Source: Le Devoir

samedi 29 août 2015

Silence et mépris



Silence et mépris

Quand les Québécois cesseront d'espérer que la solution à leur problème identitaire vienne du dialogue Québec-Canada — pour la bonne raison qu'elle ne viendra jamais —, quand ils réaliseront qu'ils ne peuvent compter sur personne d'autre qu'eux-mêmes sur cette planète, ils choisiront peut-être de confier leurs intérêts à ceux qui s'engagent à les défendre.

Le Conseil de la fédération qui s'est déroulé à Terre-Neuve cet été nous a donné une autre occasion de mesurer la place qui est faite aux Québécois en ce pays. La première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, s'y est exprimée avec véhémence pour empêcher le chef du parti québécois de «briser le Canada», son pays. Espérait-elle convaincre les Québécois de la chance qu'ils ont de vivre sous la tutelle d'autrui? Si Madame Clark s'était adressée à l'intelligence des Québécois, elle aurait sollicité une réponse ou mieux, un dialogue.

C'est donc de haut niveau politique que nous est venu cet énième témoignage de la plus claire fermeture d'esprit à la réalité québécoise. On se demande ce qu'on peut bien attendre à vouloir être reconnu politiquement comme une société distincte. Le Canada anglais n'a jamais compris que nous n'avons pas à nous en expliquer : nous sommes d'une autre culture, c'est tout!

Que peuvent bien attendre les Québécois des grands partis canadiens sinon le silence et le mépris de ce qu'ils sont. Pourtant, les propos malpolis de Mme Clark traduisaient clairement une vacuité totale, une incompréhension avouée malgré elle de la politique entre gens de bonnes mœurs et de bonne volonté pour le bien vivre ensemble. Les tentatives d'association de René Lévesque étaient une voie de solution honorable entre deux peuples forcés de partager le même espace. Ce ne fut pas mal compris, ce fut rejeté.

Que peuvent bien espérer les Québécois?
Pierre Fortin 
Commentaire dans le Devoir
suite à la chronique hebdomadaire de 
madame Lise Payette

***



samedi 22 août 2015

Tout n'est peut-être pas perdu


« Tant que les Canadiens français ne seront pas scindés en partis politiques s’unissant aux partis britanniques, il ne sera pas possible d’arriver à une cohésion dans notre administration. » (Lord Elgin, 1847)

On ne peut que constater aujourd'hui que la stratégie a bien fonctionné. Elle a si bien fonctionné qu'il est devenu comme allant de soi que les partis fédéralistes soient constitués de représentants des deux «peuples».

Et c'est présenté comme un progrès. Pas étonnant alors que le Bloc québécois apparaisse aux yeux de plusieurs Québécois comme une anomalie.

Mais ce que la plupart de ces Québécois ne voient pas c'est qu'ils sont victimes d'une stratégie visant à leur assimilation dans le grand tout canadien.

Ce qui veut dire que bon nombre d'entre nous, sinon la majorité d'entre nous, participons à notre propre disparition sans nous en rendre compte en votant pour l'un ou l'autres des partis fédéralistes.

Le seul parti qui mérite alors notre appui c'est le Bloc québécois si nous ne voulons pas mourir à petit feu.

Et malgré tout la victoire est loin d'être gagnée étant donné que la majorité des Québécois sont complètement inconscients du sort qui leur est réservé.

Il est possible qu'il soit trop tard pour inverser la tendance mais il faut quand même y travailler. Tout n'est peut-être pas perdu si nous sommes asez nombreux à y mettre les efforts nécessaires.

Il ne faut quand même pas oublier que la constitution à laquelle nous sommes soumis n'a jamais été entérinée par quelque gouvernement québécois que ce soit. Même les gouvernements de libéraux passés ne l'ont pas fait. 

Ce n'est quand même pas un hasard. La stratégie adoptée par Trudeau en 1982 n'a pas aussi bien fonctionné que nos adversaires l'espéraient. 

Il y a là une faille que nous pouvons exploiter.

Il ne faudrait quand même pas donner l'occasion à nos adversaires (PC, PLC, NPD) de poursuivre leur travail de sape.

Source: Le Devoir 
Jean Lapointe,  commentaire 

jeudi 23 juillet 2015

Maire de Lachine: Un homme et son passé ... trouble

    
 
Au conseil municipal de Montréal
 
 
« Il y a des milliers de Montréalais qui savent ce qui s'est passé lors des attaques terroristes du 911 à New York et du 7/7 à Londres et s'il y a une attaque dans le métro de Montréal, nous n'allons pas vous croire lorsque vous essaierez de nous dire que les responsables sont Al-Qaeda ou l'Iran. »   Ken Fernandez, président de l'aile québécoise du Parti Action Canadienne.

En 2004, Claude Dauphin alors président du conseil d'administration de la Société de Transport de Montréal (STM), aurait participé à l'élaboration d'un important contrat de surveillance électronique pour le métro de Montréal lequel fut accordé à la compagnie israélienne Verint Systems dont le président est un ex-militaire israélien. Vérint appartenait à 51% à la compagnie Converse Infosystems dont le président Jacob Alexander, ex-agent du MOSSAD, entretiendrait des liens avec la CIA et le MI6.

Verint aurait reçu par la STM le mandat d'installer dans le métro de Montréal, entrées des stations, quais et tunnels, un système de surveillance vidéo high tech comprenant 1200 caméras vidéos oeuvrant en temps réel, des logiciels et disques durs pour le traitement informatique  des images. Il fut démontré que Verint est la même compagnie qui a installé un système similaire dans le métro de Londres, et que lors de l'attaque terroriste du 7/7, curieusement, le système de surveillance par caméras de Verint était défectueux.

Le 19 mars 2007, devant le Conseil municipal de Montréal, Claude Dauphin ne se rappelait pas avoir accordé un tel contrat à Verint et, pourtant bilingue, ne comprenait pas les questions qui lui étaient adressées en anglais. Le 28 mai 2007, devant le même Conseil municipal et le maire Gérald Tremblay, le nouveau président de la société de transport Claude Trudel admettait que la STM avait accordé le dit contrat à Verint Systems dans le cadre d'un projet pilote.

Waking Up in Montreal_Prevent A False Flag Attack / Réveil à Montréal_Stop Attaque Sous Faux Drapeau

Jean-Paul Massi
 
Source: Le Devoir - commentaire

lundi 6 juillet 2015

Quand la Grèce maîtrise mieux les règles du FMI que le FMI lui-même



C'est un mystère que le FMI n'a pas réussi à percer: dans sa tentative désespérée d'éviter un défaut de paiement, la Grèce a su dénicher dans les textes du Fonds des clauses dont l'institution elle-même avait oublié l'existence.

Ces astuces de dernière minute n'ont pas empêché la Grèce de faire défaut mardi sur sa dette vis-à-vis du Fonds mais elles montrent qu'Athènes scrute avec soin une institution qu'elle honnit et accuse de "comportements criminels".

Le premier coup d'éclat grec s'est noué début juin: à court de liquidités, Athènes doit alors rembourser quelque 300 millions d'euros et entretient le flou sur sa volonté et sa capacité à le faire.
A la veille de la date-limite, fixée au 5 juin, la directrice générale du FMI Christine Lagarde se dit pourtant "confiante" que la Grèce va payer en temps et en heure.

Mais quelques instants plus tard, coup de théâtre: la Grèce fait jouer une clause lui permettant de regrouper les quatre paiements attendus en juin et d'obtenir un sursis jusqu'à la fin du mois, sans même que le FMI n'ait à donner son feu vert.

L'effet de surprise est total. De hauts responsables du Fonds confessent en privé n'avoir jamais entendu parler de cet obscur mécanisme qui n'a été utilisé qu'une seule fois, au milieu des années 1980 par la Zambie, pour réduire les coûts des transactions.

Un scénario à peu près similaire s'est rejoué mardi. La Grèce n'a alors plus que quelques heures pour rembourser 1,5 milliard d'euros au FMI, qui répète inlassablement qu'aucun délai de paiement n'est envisageable. Mi-juin, Mme Lagarde avait elle-même clamé qu'il n'y aurait "pas de période de grâce".

La Grèce ne l'entend pas de cette oreille et, à quelques heures de la fin du délai, fait à nouveau preuve de sa fine connaissance des règles du Fonds: Athènes va ainsi faire jouer une clause de la charte fondatrice du FMI -la provision G, section 7, article 5- qui permet à un pays de demander le report d'un remboursement pour échapper à "une épreuve exceptionnelle".

Là encore, la demande grecque prend par surprise les hautes sphères du FMI. Cette clause totalement méconnue n'a été utilisée qu'à deux reprises dans l'histoire du FMI, les deux fois en 1982, par le Nicaragua et le Guyana.

La requête n'a pour l'heure pas été approuvée par le FMI mais elle pourrait ouvrir une possible boîte de Pandore en révélant aux pays emprunteurs qu'un report est légalement envisageable.

D'où la Grèce tire-t-elle cette connaissance quasi-encyclopédique ? De ses conseillers de la banque Lazard ? De son représentant à l'institution ? Nul ne semble le savoir à Washington.

Mais la question ne cesse d'intriguer alors qu'une nouvelle échéance, et pourquoi pas un nouveau tour de passe-passe, approche: Athènes doit rembourser 455 millions d'euros au FMI d'ici au 13 juillet.

Source: La Libre.be
22 juillet 2015

samedi 27 juin 2015

Le chantage des banques, ou comment devenir marxiste en cinq jours

Photo: Louisa Gouliamaki Agence France-Presse
Des partisans du Parti communiste grec ont tenu une manifestation dans les rues d’Athènes,
vendredi, pour s’opposer à une autre entente de prêt de la part des créanciers du pays.

Francine Pelletier
Le Devoir

« Communiste ? » me lance, sitôt la porte du taxi refermée, l’imposant Athénien derrière le volant.
 
Je déduis de son air bourru que, malgré l’histoire glorieuse du Parti communiste de Grèce (il a été l’échine de la résistance durant l’occupation nazie), il n’apprécie guère le genre.
 
« Euh… socialiste », finis-je par bredouiller, ne me rendant pas compte que je venais de m’allier au parti qui est aujourd’hui entièrement discrédité, le Mouvement socialiste panhellénique (Pasok), qui n’a de socialiste que le nom après avoir été le principal responsable de la vente aux enchères du pays depuis cinq ans. Mais le chauffeur, au moins, semble rassuré.
 
Rien n’est simple dans le lieu de naissance de la démocratie et de la grande tragédie. À quelques jours de l’échéance des pourparlers entre la troïka européenne et la Grèce, la vie suit son cours normal, mais la tension est quand même palpable, comme le démontre l’accueil à rebrousse-poil de notre chauffeur de taxi. D’ailleurs, vendredi, le premier ministre Tsipras a annoncé vouloir soumettre le résultat de ces pourparlers au peuple grec par référendum.
 
Mon caméraman et moi sortons du Resistance Festival 2015, un mouvement de « forces progressistes » qui appelle à la mobilisation grecque et à l’appui international. L’année dernière, l’invité d’honneur était nul autre qu’Alexis Tsipras, alors chef de l’opposition, aujourd’hui premier ministre du pays. Cette année, l’honneur va au vice-président bolivien, Àlvaro García Linera, venu rappeler à ceux qui détiennent « le destin de l’Europe dans [leurs] mains » qu’une autre voie est possible. « Les peuples ne doivent rien au FMI, c’est le FMI qui nous doit quelque chose », dira l’ancien guérillero.
 
Personne sur place n’a besoin d’être convaincu. C’est précisément le refus des « mémorandums » qui explique la popularité croissante de Syriza, passé d’un chétif 4 % en 2004 à 48 % aujourd’hui. La majorité des Grecs en ont soupé des mesures imposées par la « nouvelle Rome », le triumvirat constitué du Fonds monétaire international (FMI), de la Commission européenne (CE) et de la Banque de la commission européenne (BCE).
 
Depuis 2008, la Grèce a vu son PIB chuter de 42 %, le chômage grimper à 27 % (50 % chez les jeunes), son réseau public de radiodiffusion fermer, ses services de santé amputés. La « plus longue récession jamais connue en Europe en temps de paix », selon la Commission pour la vérité sur la dette publique. La dette n’est pas le résultat de dépenses excessives — « restées plus faibles que les dépenses publiques d’autres pays de la zone euro » —, mais un concours de circonstances incluant les taux extrêmement élevés des banques européennes et une augmentation drastique de la dette privée suivant l’adoption de l’euro en 2001.
 
Ce qu’on sait encore moins, c’est que depuis l’élection de Syriza, en janvier dernier, on s’est fait un plaisir de tourner la fourchette dans l’oeil du nouveau gouvernement. Une semaine après l’élection, le chef de la BCE, Mario Draghi, « sans la moindre justification », raconte le journaliste et député européen de Syriza, Stélios Kouloglou, « fermait la principale source de financement des banques grecques, remplacée par l’Emergency Liquidity Assistance (EAL), un dispositif plus coûteux devant être renouvelé chaque semaine ».
 
À noter que 90 % de l’argent prêté à la Grèce revient déjà aux créanciers — « parfois la journée même » —, puisqu’il s’agit du remboursement de la dette. Aussi, l’accord liant le pays de Périclès aux banques européennes l’oblige à respecter le droit anglais, un autre « accroc à sa souveraineté ».
 
Début février, les dix-huit ministres des Finances de la zone euro servaient un ultimatum au dix-neuvième ministre de la Famille européenne, Yanis Varoufakis. Ou bien le gouvernement Syriza appliquait le même programme que ses prédécesseurs, ou il trouvait son financement ailleurs. Il n’en fallait pas plus pour que les rumeurs de la faillite de la Grèce, due à son retrait de la zone euro, partent en trombe.
 
Depuis, la BCE a retenu des fonds illégalement allant jusqu’à les transférer au Luxembourg, « comme si l’on craignait que les Grecs ne se changent en détrousseurs de banques » ; les campagnes diffamatoires dépeignant les dirigeants grecs comme des têtes brûlées ou des enfants irresponsables — « il nous faut des adultes dans la salle », dira fameusement la présidente du FMI, Christine Lagarde — vont bon train.
 
Selon Martine Orange de Mediapart, l’échec du sommet de l’Eurogroupe, le 18 juin, a ouvert la porte à une véritable « stratégie de la terreur » de la part des autorités financières. Reprenant le scénario dressé par Goldman Sachs, peu de temps avant l’élection de Syriza en décembre dernier, on parlera de « situation incontrôlable », de fuite de capitaux, de fermeture de banques, de mise sous tutelle économique et de nouvelles élections. La rumeur d’une panique bancaire aura été « minutieusement entretenue », tout comme la notion d’un gouvernement grec dangereusement irresponsable.
 
Le gouvernement Syriza n’est évidemment pas dupe. « Le gouvernement doit faire face à un coup d’État nouveau genre, affirmait Yanis Varoufakis en avril dernier. Nos assaillants ne sont plus les chars d’assaut, comme en 1967, mais les banques. »
 
Selon Stélios Kouloglou, ce « coup d’État silencieux » n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé au Chili au début des années 70. « Faites hurler l’économie », avait ordonné Richard Nixon, avertissant alors tous ceux dans la cour arrière américaine tentés par l’aventure marxiste de bien se tenir. Sous le ciel étoilé d’Athènes, Àlvaro García Linera reprenait la balle au bond, samedi dernier, en affirmant : « L’Europe du Sud est en train de vivre ce qui s’est passé en Amérique du Sud il y a 30 ans. […] On nous avait dit : “Il n’y aura pas d’investissements, pas d’emplois, pas de développement technologique si vous vous entêtez à poursuivre dans la voie socialiste.” » Le très élégant vice-président énumérait ensuite tout ce que la Bolivie a réussi depuis l’élection d’Evo Morales, il y a 10 ans : la gratuité universitaire, les services de base (eau, électricité) désormais garantis comme droits fondamentaux, les droits des autochtones et de l’environnement, pour ne rien dire d’un gouvernement qui perçoit 50 % des profits des banques, 54 % des mines et 86 % du gaz naturel. « Ne les laissez pas vous dire qu’une autre façon de faire n’est pas possible », concluait-il.
 
Seulement, la « souveraineté économique » ne fait pas partie du mandat dont a hérité Alexis Tsipras en janvier dernier. Les gens veulent en finir avec l’austérité tout en restant dans la zone euro. Une mission qui s’avère de plus en plus impossible vu l’intransigeance européenne. Qui des deux parties alors cédera ? Le néolibéralisme pur et dur préconisé par le nouvel empire osera-t-il se montrer plus humain, plus compréhensif envers la Grèce, si ce n’est de peur de la pousser dans les bras de Poutine ? Ou alors, Syriza mettra-t-elle suffisamment d’eau dans son vin au point de perdre son âme et, fort probablement, les prochaines élections ?
 
Les jeux sont ouverts et combien dangereux. Particulièrement pour la Grèce, qui risque de payer, encore une fois, plus qu’elle ne le mérite.

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« Le néolibéralisme pur et dur préconisé par le nouvel empire ...», Francine Pelletier

Vu de même, on comprend parfaitement  par les événements qui déchirent la Grèce présentement, qu'il s'agit rien de moins que la mise en œuvre du Plan poursuivie à la lettre par les  puissants qui contrôlent ce monde.   Au fait,  devons-nous en conclure que votre « nouvel empire » est synonyme de Nouvel Ordre mondial, par hasard? Mais qu'importe, merci, à vous,  madame Pelletier d'écrire les vraies choses.   Pas toutes, mais quand même.