La communauté juive française s’est réjouie de la décision de la Cour d’appel de donner raison à la garderie privée Baby-Loup, dans sa décision d’interdire le port du voile islamique ou de tout autre signe religieux sur ses lieux de travail.
C’est ce que le rabbin Michel Serfaty, président de l’Amitié judéo-musulmane de France, disait mardi, en entrevue à Montréal, avant de donner une conférence sur la laïcité et sur la place du religieux dans l’espace public.
Le rabbin Serfaty se garde bien par ailleurs de commenter le débat québécois sur la charte de la laïcité, parce qu’il dit ne pas connaître suffisamment l’histoire des communautés d’ici pour pouvoir prendre position.
M. Serfaty évoque cependant l’histoire des Juifs de France pour expliquer leurs positionnements aujourd’hui. Bannis au XIVe siècle, les Juifs de France auraient été réintégrés par Napoléon III, qui aurait décidé de donner « tout à l’individu et rien à la communauté ». Et c’est bien plus tard, en 1872, à l’initiative du ministre Jules Ferry, que les Juifs français ont finalement eu droit à l’éducation.
Dans les années qui suivent, les Juifs français se sécularisent. En 1905, ils appuient la séparation officielle de l’Église et de l’État.
Mais ce n’est qu’en 1994 que la question du port de signes religieux distinctifs s’est posée avec plus d’acuité en France, alors qu’un collège de Creil avait demandé à deux jeunes filles de retirer leur voile pour assister aux cours. Le président Jacques Chirac a commencé par passer une loi interdisant le port de signes religieux dans les écoles. Puis cette interdiction s’est élargie à toute la fonction publique. « Nous, Juifs, ne trouvons pas d’inconvénient à dire à nos enfants d’ôter la kippa en entrant à l’école », dit-il.
Il faut cependant rappeler que le rabbin Serfaty ne parle pas au nom de la communauté juive ultraorthodoxe, qui prêche pour sa part l’observance stricte des coutumes religieuses. Quant à la kippa, elle n’a fait apparition dans l’habillement des Juifs qu’au Moyen Âge, soutient le rabbin Serfaty.
La loi française a été cependant contestée par certains éléments de la communauté musulmane, reconnaît le rabbin Serfaty. Cette opposition, dit-il, est plus présente parmi les immigrants musulmans plus récemment arrivés en France, notamment parmi l’Union des organisations islamiques de France. Mais selon le rabbin Serfaty, ces pressions ne suffiront pas pour renverser la loi française.
via Vigile.net
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