La mission confiée par Pauline Marois à Jean-François Lisée d’aller
rassurer la communauté anglophone n’est pas aisée, reconnaît le
principal intéressé. Mais M. Lisée estime qu’il « n’est pas possible de
ne pas essayer » de calmer les craintes. Et il affirme que la réception,
so far, est bonne.
En entretien avec Le Devoir jeudi, le ministre des Relations
internationales — et responsable de la Métropole et du dossier des
relations avec les anglophones — a soutenu « faire le maximum pour créer
un nouveau dialogue ». « On va être jugés sur les résultats, dit-il.
Mais essayer de changer le ton de la discussion, poser des gestes
d’ouverture et de présence, aller rencontrer les intervenants chez eux,
ç’a été apprécié. »
M. Lisée a rencontré dans les derniers jours plusieurs acteurs
importants de la communauté anglophone : les commissions scolaires (Le
Devoir faisait état mardi d’une rencontre satisfaisante entre les deux),
des maires, le Quebec Community Groups Network, etc. L’idée est de
rassurer les Anglos par rapport à certains engagements péquistes : la
nouvelle loi 101, l’accès aux cégeps anglophones, le projet de
citoyenneté qui imposera aux nouveaux arrivants une bonne connaissance
du français.
Un programme qui n’est pas facile à vendre, dit Jean-François Lisée.
Mais le ministre a senti une ouverture durant des rencontres qu’il
qualifie de « cordiales ». « J’essaie de dédramatiser. La communauté
anglophone n’est pas la cible : nous voulons convaincre les allophones
d’aller vers le français. Je ne sais pas si cette entreprise pédagogique
a été tentée dans le passé, je ne sais pas si c’est possible d’avoir un
succès avec ça, mais pour l’instant on a des signes d’intérêt. »
M. Lisée dit que le gouvernement Marois veut « que la majorité
francophone soit dans un état de sécurité linguistique, mais que la
communauté anglophone et les Premières Nations le soient aussi ». Il
rappelle que la politique linguistique québécoise a été créée en disant
que « le français sera la langue officielle et commune des Québécois,
virgule, dans le respect de la minorité anglophone ».
« Comme s’il y avait une règle générale et une exception,
s’étonne-t-il. Il n’est pas question pour les Québécois francophones
d’assimiler la minorité anglophone : il y aurait donc une façon de dire
les choses autrement pour nous permettre d’aborder l’avenir autrement. »
D’où l’idée de « sécurité linguistique », qui amène selon lui une
relation gagnant-gagnant-gagnant.
« Je suis peut-être naïf, mais j’ai l’impression qu’en posant le
problème en ces termes, cela permet de ne plus voir le progrès du
français comme nécessairement menaçant pour l’anglais, et la bonne santé
de la communauté anglophone comme nécessairement dangereuse pour la
majorité francophone. »
Jean-François Lisée dit que le problème que tente de régler le PQ avec
son offensive linguistique est celui de la « mise en minorité des
francophones sur l’île de Montréal. Il faut pour cela favoriser une
meilleure rétention des familles sur l’île de Montréal », une sélection
des immigrants qui avantage les francophiles et différentes mesures pour
inciter les allophones à adopter le français comme langue d’usage.
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