C’est la saison. Suffit de tirer un coup en l’air. Bang ! Et voilà les
corneilles qui dégringolent du ciel. Collusion dans les travaux publics,
corruption au sein des administrations gouvernementales et tractations
douteuses dans le financement des partis politiques : les accusations
tombent en grappe pour former de désolants monticules au sol.
Reste à se pencher pour ramasser. Et constater que ces tristes volatiles ne sont pas les vraies victimes. Pour chacun, on compte autant de trous au flanc d’une démocratie mutilée par la cupidité des hommes.
Tout à fait conscient de ce qui se trame autour, le maire de Québec s’avère d’ailleurs prudent sur la question. Jusqu’ici, il avançait dans le champ de mines de son irréprochabilité avec une précaution qu’on ne lui connaissait pas…
Jusqu’à ce que les chasseurs sonnent à sa porte.
On l’avait presque oublié tant il a cherché à tempérer sa fougue depuis quelques mois : Régis Labeaume est un remarquable homme de théâtre. Au rayon de l’indignation tonitruante et des moues catastrophées, je le range dans la catégorie des plus illustres représentants du genre : Bianca Castafiore et ma fille de huit ans.
Je parle de théâtre, mais je suis un peu injuste. Car si l’homme politique tonne et rage avec plus de vigueur qu’il n’en faut, son horripilation, elle, est authentique. C’est celle de l’homme qui se croit au-dessus de tout soupçon. Pas avec cette arrogance qui trahirait la conviction d’être un as de la dissimulation, mais plutôt la certitude de si bien faire et de si parfaitement se conformer aux règles que lorsqu’on remet en doute ses méthodes, le maire confond la critique avec l’attaque personnelle. Comme si chaque question sur l’éthique était une remise en cause de la sienne.
« Vous faites votre job, mais vous êtes dans un métier qui fait qu’on va avoir le moins de gestionnaires possible », s’est exaspéré Labeaume tandis que la presse relayait cette semaine les interrogations de l’opposition sur son candidat (pour l’élection partielle dans Saint-Rodrigue), Vincent Dufresne, le directeur de l’hôtel PUR qui compte conserver son emploi malgré le fait que le maire lui-même a ajusté le salaire des conseillers pour éviter le double emploi. Puis, lorsqu’il a été question de possible conflit d’intérêts si on confiait le dossier du tourisme à M. Dufresne, le maire a éclaté.
Ce n’était cependant qu’une répétition pour la suite. Mardi, le commissaire au lobbyisme a annoncé qu’il souhaitait plus de détails sur la nature d’une rencontre entre le directeur d’hôtel et le maire, concernant un projet de terrasse sur la place du parvis de l’église Saint-Roch. Alors, on a bien cru que le maire allait fendre en deux.
Faites votre job, dit le maire aux journalistes. Allez voir ailleurs, on n’a rien à se reprocher, dit-il au commissaire. Sauf que le boulot de tous ces gens, c’est de douter. Pas de croire sur parole.
Le maire a peut-être la conviction d’être injustement traité, parce qu’il se sait en marge de l’hécatombe que provoque le Zambito Show à la commission Charbonneau. Mais il faudra bien un jour qu’il comprenne que le travail des journalistes au municipal est de dénicher les petites failles avant qu’elles prennent de l’ampleur, d’être un caillou dans le soulier des élus, un rappel qu’ils sont observés.
J’ai trouvé un candidat magnifique, lalalère, nous dit Labeaume, qui voudrait que les médias dansent la farandole avec lui. Alors, pourquoi z’êtes pas contents, bougonne-t-il ensuite lorsqu’il constate que les majorettes qu’il attendait ne sont pas au rendez-vous. Et qui voudra venir danser dans ma troupe si, chaque fois qu’il y en a un qui s’enthousiasme un peu pour la chose politique, vous venez lui renifler le derrière, se plaint-il encore ?
C’est ben plate à dire, Monsieur le Maire, mais c’est pas notre problème. L’état lamentable de l’image de la démocratie municipale n’est pas le résultat du manque de jovialisme des journalistes. Ce n’est pas non plus notre faute si, trop souvent, lorsqu’on tire en l’air, les préjugés de la population deviennent réalité.
Si Régis Labeaume souhaite qu’on applaudisse à chacun de ses bons coups sans poser de question, qu’il convoque les présentatrices de la météo. Elles ont l’habitude de l’enthousiasme démesuré pour le moindre rayon de soleil.
Pour ce qui est d’assurer l’assainissement du milieu politique et que cela incite enfin de bons candidats à se présenter sans avoir à subir l’opprobre d’une population consumée par le cynisme, laissons les journalistes faire leur travail. En attendant, tant mieux si tout ce qui tombe n’atteint pas Québec. Avec toutes nos excuses, Monsieur le Maire, si le bruit autour vous dérange un peu.
Source: Le Devoir
Lien: http://www.radio-canada.ca/regions/Quebec/2012/10/15/008-labeaume-corruption-contrats-scrutes-loupe.shtml
***
Personnellement, je n'ai rien contre le personnage Labeaume. Homme de théâtre sans pareil, il amuse plus qu'il ne choque.
Mais après l'avoir vu se démener comme un diable dans l'eau bénite, par scribes et/ou fonctionnaires municipaux interposés ces derniers jours, pour démontrer qu'il n'avait rien à cacher dans ses placards, donc rien à se reprocher contrairement à d'autres maires moins vertueux que lui, cela laisse songeur. La puce à l'oreille, vous la connaissez?
Pour l'instant, rien à ajouter.
Reste à se pencher pour ramasser. Et constater que ces tristes volatiles ne sont pas les vraies victimes. Pour chacun, on compte autant de trous au flanc d’une démocratie mutilée par la cupidité des hommes.
Tout à fait conscient de ce qui se trame autour, le maire de Québec s’avère d’ailleurs prudent sur la question. Jusqu’ici, il avançait dans le champ de mines de son irréprochabilité avec une précaution qu’on ne lui connaissait pas…
Jusqu’à ce que les chasseurs sonnent à sa porte.
On l’avait presque oublié tant il a cherché à tempérer sa fougue depuis quelques mois : Régis Labeaume est un remarquable homme de théâtre. Au rayon de l’indignation tonitruante et des moues catastrophées, je le range dans la catégorie des plus illustres représentants du genre : Bianca Castafiore et ma fille de huit ans.
Je parle de théâtre, mais je suis un peu injuste. Car si l’homme politique tonne et rage avec plus de vigueur qu’il n’en faut, son horripilation, elle, est authentique. C’est celle de l’homme qui se croit au-dessus de tout soupçon. Pas avec cette arrogance qui trahirait la conviction d’être un as de la dissimulation, mais plutôt la certitude de si bien faire et de si parfaitement se conformer aux règles que lorsqu’on remet en doute ses méthodes, le maire confond la critique avec l’attaque personnelle. Comme si chaque question sur l’éthique était une remise en cause de la sienne.
« Vous faites votre job, mais vous êtes dans un métier qui fait qu’on va avoir le moins de gestionnaires possible », s’est exaspéré Labeaume tandis que la presse relayait cette semaine les interrogations de l’opposition sur son candidat (pour l’élection partielle dans Saint-Rodrigue), Vincent Dufresne, le directeur de l’hôtel PUR qui compte conserver son emploi malgré le fait que le maire lui-même a ajusté le salaire des conseillers pour éviter le double emploi. Puis, lorsqu’il a été question de possible conflit d’intérêts si on confiait le dossier du tourisme à M. Dufresne, le maire a éclaté.
Ce n’était cependant qu’une répétition pour la suite. Mardi, le commissaire au lobbyisme a annoncé qu’il souhaitait plus de détails sur la nature d’une rencontre entre le directeur d’hôtel et le maire, concernant un projet de terrasse sur la place du parvis de l’église Saint-Roch. Alors, on a bien cru que le maire allait fendre en deux.
Faites votre job, dit le maire aux journalistes. Allez voir ailleurs, on n’a rien à se reprocher, dit-il au commissaire. Sauf que le boulot de tous ces gens, c’est de douter. Pas de croire sur parole.
Le maire a peut-être la conviction d’être injustement traité, parce qu’il se sait en marge de l’hécatombe que provoque le Zambito Show à la commission Charbonneau. Mais il faudra bien un jour qu’il comprenne que le travail des journalistes au municipal est de dénicher les petites failles avant qu’elles prennent de l’ampleur, d’être un caillou dans le soulier des élus, un rappel qu’ils sont observés.
J’ai trouvé un candidat magnifique, lalalère, nous dit Labeaume, qui voudrait que les médias dansent la farandole avec lui. Alors, pourquoi z’êtes pas contents, bougonne-t-il ensuite lorsqu’il constate que les majorettes qu’il attendait ne sont pas au rendez-vous. Et qui voudra venir danser dans ma troupe si, chaque fois qu’il y en a un qui s’enthousiasme un peu pour la chose politique, vous venez lui renifler le derrière, se plaint-il encore ?
C’est ben plate à dire, Monsieur le Maire, mais c’est pas notre problème. L’état lamentable de l’image de la démocratie municipale n’est pas le résultat du manque de jovialisme des journalistes. Ce n’est pas non plus notre faute si, trop souvent, lorsqu’on tire en l’air, les préjugés de la population deviennent réalité.
Si Régis Labeaume souhaite qu’on applaudisse à chacun de ses bons coups sans poser de question, qu’il convoque les présentatrices de la météo. Elles ont l’habitude de l’enthousiasme démesuré pour le moindre rayon de soleil.
Pour ce qui est d’assurer l’assainissement du milieu politique et que cela incite enfin de bons candidats à se présenter sans avoir à subir l’opprobre d’une population consumée par le cynisme, laissons les journalistes faire leur travail. En attendant, tant mieux si tout ce qui tombe n’atteint pas Québec. Avec toutes nos excuses, Monsieur le Maire, si le bruit autour vous dérange un peu.
Source: Le Devoir
Lien: http://www.radio-canada.ca/regions/Quebec/2012/10/15/008-labeaume-corruption-contrats-scrutes-loupe.shtml
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Personnellement, je n'ai rien contre le personnage Labeaume. Homme de théâtre sans pareil, il amuse plus qu'il ne choque.
Mais après l'avoir vu se démener comme un diable dans l'eau bénite, par scribes et/ou fonctionnaires municipaux interposés ces derniers jours, pour démontrer qu'il n'avait rien à cacher dans ses placards, donc rien à se reprocher contrairement à d'autres maires moins vertueux que lui, cela laisse songeur. La puce à l'oreille, vous la connaissez?
Pour l'instant, rien à ajouter.
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