« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice ». Georges Orwell


mardi 15 octobre 2013

Le manifeste des «Janettes» - Aux femmes du Québec


L'auteure Janette Bertrand, une personnalité de longue date de la télévision au Québec, se prononce pour l'adoption d'une charte des valeurs québécoises.
Dans une lettre publiée dans les journaux mardi, cosignée par une vingtaine de femmes bien connues dans les milieux culturel et féministe, Mme Bertrand rappelle qu'elle s'est battue toute sa vie pour l'égalité entre les hommes et les femmes.
« En ce moment, le principe de l'égalité entre les sexes me semble compromis au nom de la liberté de religion », écrit Mme Bertrand au nom des vingt signataires, dont la plupart se présentent d'abord comme mères de famille, en annexe de la lettre.
« J'aimerais vous rappeler que les hommes ont de tout temps et encore de nos jours utilisé la religion dans le but de dominer les femmes, de les mettre à leur place, c'est-à-dire en dessous d'eux. »— Extrait de la lettre des « Janettes »
Janette Bertrand affirme donc qu'elle appuie le gouvernement de Pauline Marois dans son intention de légiférer pour créer la Charte des valeurs québécoises, « souvent appelée à juste titre la charte de la laïcité », souligne-t-elle.
« À ce propos, nous n'aurions jamais eu le droit de vote, nous serions encore sous la domination des hommes et du clergé si le gouvernement du temps [celui du libéral Adélard Godbout, en 1940] n'avait pas légiféré », ajoute l'auteure de 88 ans. « En ce temps-là, je me souviens, beaucoup d'hommes et même des femmes ne voulaient pas de cette loi et, pourtant, sans ce droit de vote, où serions-nous aujourd'hui? »
En entrevue à l'émission C'est pas trop tôt, Janette Bertrand explique qu'elle a senti le besoin, dans ce débat sur la charte, de prévenir les jeunes femmes des dangers de perdre des acquis chèrement gagnés.
« Je veux dire aux femmes musulmanes que jamais l'évolution des femmes n'a avancé par les hommes. Les hommes ont fondé des religions, et toutes ces religions faites par les hommes ne sont là que pour rabaisser les femmes. Il faut faire attention, il faut juste être vigilant. Ce que je dis c'est : "Réveillez-vous, c'est dangereux". Il y a un danger que les femmes retournent à ce qu'on était avant. Et ça je ne le veux pas. J'ai trois arrière-petites-filles, je me suis battue pour mes filles, et je ne veux pas que mes arrière-petites-filles retournent vers la domination de l'Église. »— Janette Bertrand à C'est pas trop tôt
Janette Bertrand ne croit pas que l'interdiction de porter des signes religieux ostentatoires comme le voile va nécessairement priver des femmes de travail. Elle explique qu'elle a entendu beaucoup de femmes musulmanes dire que si on le leur demandait, elles enlèveraient leur voile. Elle ajoute que plusieurs lui ont dit, avec un clin d'œil : « et mon mari ne pourra plus s'y opposer... ».
En entrevue à C'est pas trop tôt, l'écrivaine et ex-candidate du Parti québécois Djemila Benhabib explique que cette lettre s'adresse particulièrement aux femmes québécoises, pour leur rappeler une longue tradition de lutte pour l'égalité : « Ce n'est pas fini. Donc, Janette attend de nous d'être vigilantes, mais aussi de continuer un long combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes ».
Les 20 signataires

  • Janette Bertrand, auteure dramatique
  • Abla Farhoud, écrivaine
  • Brigitte Poupart, metteure en scène et réalisatrice
  • Chantal Renaud, scénariste
  • Denise Filiatrault, actrice, metteure en scène et réalisatrice
  • Denise Robert, productrice
  • Djemila Benhabib, écrivaine
  • Édith Cochrane, comédienne
  • Evelyne Rompré, comédienne
  • Isabelle Le Pain, enseignante en travail social, auteure
  • Joëlle Morin, actrice et activiste
  • Julie Snyder, animatrice
  • Louise Mailloux, professeure de philosophie
  • Marie-Anne Alepin, comédienne et productrice
  • Michelle Blanc, conférencière et auteure
  • Naïma Lamghoupi
  • Rakia Fourati, membre de la Ligue pour la défense de la laïcité et des libertés en Tunisie
  • Rivkah Katz, étudiante
  • Stéphanie Crête-Blais, comédienne
  • Valérie Vennes, travailleuse sociale
Un clin d'œil aux Yvettes
Les signataires disent être des Janettes, en référence aux Yvettes, ces femmes qui avaient milité pour le non lors de la campagne référendaire de 1980. Les Yvettes se sont formées en réaction aux propos controversés de la ministre péquiste Lise Payette, qui avait comparé les adeptes du non à la petite Yvette des manuels scolaires. La ministre avait aussi déclaré que le chef du camp du non, Claude Ryan, était marié à une Yvette.

Source: Radio-Canada
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Toute ma vie, je me suis battue pour l’égalité entre les hommes et les femmes et j’ai toujours pensé que, si nous voulions garder cette égalité, il fallait être vigilantes. En ce moment, le principe de l’égalité entre les sexes me semble compromis au nom de la liberté de religion. J’aimerais vous rappeler que les hommes ont de tout temps et encore de nos jours utilisé la religion dans le but de dominer les femmes, de les mettre à leur place, c’est-à-dire en dessous d’eux. Devant la perspective d’un retour en arrière, je sens le besoin de prendre la parole. Je suis donc d’accord pour qu’il y ait une Charte des valeurs québécoises - souvent appelée à juste titre la charte de la laïcité - et que le gouvernement légifère. À ce propos, nous n’aurions jamais eu le droit de vote, nous serions encore sous la domination des hommes et du clergé si le gouvernement du temps n’avait pas légiféré. En ce temps-là, je me souviens, beaucoup d’hommes et même des femmes ne voulaient pas de cette loi et pourtant, sans ce droit de vote, où serions-nous aujourd’hui ?

Appuyée par : Abla Janette Farhoud, féministe depuis son premier retour au Liban en 1965, mère de deux enfants et écrivaine ; Brigitte Janette Poupart, née à Montréal, mère de deux filles, actrice, metteure en scène et réalisatrice ; Chantal Janette Renaud, scénariste, belle-grand-mère de neuf enfants ; Denise Janette Filiatrault, née à Montréal, mère de deux filles, grand-mère d’un garçon, actrice, metteure en scène et réalisatrice ; Denise Janette Robert, mère d’une fille, productrice ; Djemila Janette Benhabib, née en Ukraine de père algérien et de mère chyprio-grecque, mère de Frida-Paloma, écrivaine ; Édith Janette Cochrane, née à Amos, Abitibi, mère de deux enfants, comédienne ; Évelyne Janette Rompré, née à Québec, mère d’un enfant, comédienne ; Isabelle Janette Le Pain, née à Saint-Jean-sur-Richelieu, M. sc. et enseignante en travail social, auteure ; Joëlle Janette Morin, née à Montréal, actrice et militante ; Julie Janette Snyder, née à Greenfield Park, mère de deux enfants, animatrice ; Louise Janette Mailloux, née à Cabano, professeure de philosophie ; Marie-Anne Janette Alepin, née à Verdun, d’origine syrienne, mère de deux enfants, comédienne et productrice ; Michelle Janette Blanc, née à Québec, grand-mère, consultante conférencière et auteure ; Naïma Janette Lamghoupi, née à Rabat, mère de deux filles ; Rakia Janette Fourati, née en Tunisie installée au Québec, mère de deux garçons, membre de la ligue pour la défense de la laïcité et des libertés en Tunisie ; Rivkah Janette Katz, born in Montreal Quebec to a Hasidic family, student ; Stéphanie Janette Crête-Blais, née à Québec, comédienne ; Valérie Janette Vennes, née à Québec, mère d’un enfant, travailleuse sociale.

Janette Bertrand - Née à Montréal, mère de trois enfants, grand-mère de huit petits-enfants, arrière-grand-mère de trois petites filles et auteure dramatique

Source: Le Devoir

7 commentaires:

  1. Oui sinon on va prendre un fichu d'recul.

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  2. Je cherchais s’il y avait un site internet des "jeannette"…
    Je voulais partager avec vous toutes cette lettre qui s’est retrouvée ds mon fil d’actualité facebook.
    Je trouve qu’elle résume merveilleusement bien le débat entre le port du voile et le sexisme.
    Je suis sociologue et je suis de retour aux études pour une deuxième maitrise en « Études du Religieux Contemporain » à l’UdeS… Je n’aurais pas pu tomber mieux avec les évévements actuels.
    Est-il possible de partager cette lettre avec le reste du groupe des « jeannette »?
    Merci à l’avance.

    Mon adresse facebook est simplement : fanny laplante
    Au plaisir
    Fanny Laplante

    NB la lettre suit dans le (ou les) prochain(s) commentaire(s) afin de respecter le nombre de caractères acceptés.
    ____________________________________________________

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. Le voile n’est pas moins grave que l’excision
    mai 26, 2007 — Tartine
    En Iran, Chadortt Djavann a porté le voile pendant dix ans. C’était ça ou la mort. Qu’on l’accepte en France met l’auteure en colère.

    Chahdortt Djavann, jeune femme frêle de trente-cinq ans, tombée sous le charme de la langue française quand elle est arrivée de son Iran natal, il y a douze ans, a trempé sa plume dans l’acide pour écrire Bas les voiles ! (1). Elle-même voilée de treize à vingt-trois ans, Chadortt Djavann est bouleversée de découvrir dans les rues de son pays d’accueil de plus en plus de jeunes filles la tête enserrée par un tissu sombre. Et elle est en colère contre certains intellectuels français qui, au nom du respect de la différence culturelle, se rendent complices, à ses yeux, de l’action des islamistes. Virulente, la jeune femme en appelle à la raison, à la laïcité et au respect des droits de l’homme pour interdire le voile, non seulement à l’école, mais dans toutes les institutions républicaines et sur tous les lieux de travail. Et partout en ce qui concerne les mineures.

    Chadortt Djavann clame qu’elle sait de quoi elle parle. » Habiter, dix ans durant, un corps enfoui sous le noir, un corps condamné à l’enfermement, laisse des marques indélébiles. Quoi de plus injuste, de plus aliénant, que d’infliger à une adolescente l’enfermement sous le noir et la honte de son corps parce qu’il est féminin. Le voile n’est pas moins grave que l’excision. Il n’y a pas de jour avec et de jour sans, la jeune fille devient un être sous le voile. Ca fait partie de son être social, psychologique, sexuel, personnel. En voilant une fille, on lui inculque son infériorité, la culpabilité de sa sexualité et, surtout, on lui dit qu’elle n’est pas dans le droit, qu’elle n’a pas le droit. «

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  5. (suite de la lettre)
    Une discrimination que Chahdortt Djavann, pour l’avoir vécue et fuie, ne supporte pas dans ce pays où l’histoire du combat pour l’égalité des sexes est longue. » Dans les sociétés musulmanes, les femmes sont invisibles, enterrées, parce qu’on ne peut pas les exterminer. On en a besoin pour procréer, pour assouvir les besoins sexuels des messieurs… Comme on ne peut pas les exterminer, on les ensevelit sous le noir. Dans tous les systèmes les plus barbares, on voile les femmes. Pourquoi le supporte-t-on ici ? Parce qu’il s’agit de femmes et de musulmanes. Au nom de la différence culturelle ? Pourquoi ne pas accepter la lapidation et l’excision en ce cas ? Dans tous les pays musulmans, il y a des mariages de jeunes mineures avec des messieurs vieillissants. C’est une différence culturelle, n’est-ce pas ? Mais ici elle est considérée comme un délit : la pédophilie. Qu’en pensent ces intellectuels et les islamologues ? «

    Quand on prononce les mots » liberté individuelle « , la jeune auteure bondit : » Si, aujourd’hui, des jeunes juifs commençaient à porter l’étoile jaune, en clamant » c’est ma liberté » ; si des jeunes Noirs décidaient de porter des chaînes au cou et aux pieds, en disant » c’est ma liberté « , la société ne réagirait-elle pas ? » Quand on tente de nuancer en employant les mots foulard ou bandeau, elle rétorque : » Entre la burka et le foulard coloré, la signification est la même. Parler de foulard, de bandeau n’est qu’une lâcheté sémantique, c’est une misérable ruse rhétorique. De plus porter le foulard, ici, est un appui aux dictatures islamistes qui imposent la burka là-bas. Le voile est l’emblème même du dogme islamiste. L’islam peut tout à fait vivre sans, mais il n’y a pas de pays islamistes sans le voile. «

    Pour Chahdortt Djavann, l’attitude conciliante avec le voile n’est pas sans danger. Car, d’un côté, le Front national décrète que les musulmans ne sont pas intégrables – » les femmes voilées, bizarrement, font parfaitement écho à cette » France algérienne » dont parle Le Pen » -, de l’autre, un populisme islamiste – » qui s’appuie, hélas, sur une réalité » – tient un langage de victimisation aux jeunes issus de l’immigration : » Jamais vous ne serez intégrés dans la société française, vous serez toujours considérés comme des bougnoules, comme des beurs. Les islamistes s’appuient sur ce discours pour militer pour un retour aux dogmes religieux, pour créer un communautarisme. La convergence de ces deux populismes est extrêmement dangereuse. » Et la jeune femme de lancer : » Il est temps d’agir, et radicalement. La République française doit prendre ses responsabilités, et reconnaître les enfants issus de l’immigration tiers-mondiste comme des citoyens à part entière. Elle doit reconnaître le port du voile pour les mineures comme une maltraitance. Les parents et tous les adultes qui incitent les filles à le porter doivent être sanctionnés. «

    Dany Stive, L’Humanité, 9 octobre 2003.

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  6. J'ajouterais que je me suis battue avec ma mère qui a 76 aujourd'hui et qui était une amie personnelle de Simone Monet-Chartrand et de Michel également. Elle a été la rédactrice et correctrice de ses trois premiers ouvrages "Ma vie comme rivière". J'ai 47 ans donc j'étais tout à fait dans cette extraodinaire (et pénible) foulée du mouvement féministe dès mon très très jeune âge... je suis tombée dedans à la naissance (1966)... :-))) Au plaisir de participer de quelque manière que ce soit avec le mouvement des jeannette... Fanny Jeannette Laplante, Sociologue, étudiante au cycle supérieur en Étude du Religieux Contemporain avec la poursuite d'un stage en Intervention en Soins Spirituels.

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  7. QUI EST CHAHDORTT DJAVANN?
    (Chahdortt Djavann n’est aucunement liée à la rédaction de ce site)


    J’ai vécu le totalitarisme islamique et les barbaries religieuses sous tous leurs aspects.

    Où sont ces intellectuels de salon complices de la barbarie islamique quand, en France, on force des fillettes à se murer dans une prison portative ?

    Voiler les femmes, c’est diffuser la vision du monde islamiste

    Née en 1967 en Iran, Chahdortt Djavann grandit à Téhéran où elle vit avec sa mère et ses quatre frères et soeurs aînés. Son père, Pacha Khan, est emprisonné par le shah, après la révolution de 1979.

    Très jeune, c’est l’exil : après être passée par Istanbul, elle atterrit à Paris en 1993. Ne parlant pas français, elle connait des conditions de vie difficile, enchaînant les jobs précaires, avant de rentrer à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales, où elle étudie l’anthropologie.

    En 2002, elle publie son premier roman, ‘Je viens d’ailleurs’ et raconte comment elle a gardé la tête haute. Un an plus tard, ‘Bas les voiles !’ pamphlet s’élevant contre le port du voile, ici et ailleurs, lui vaut une notoriété subite.

    -> lire les déclarations essentielles de Chahdortt Djavann

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