Éric Cardinal
La Presse
vendredi 1er février 2013
vendredi 1er février 2013
Refusant de voir la réalité en face, ignorant volontairement les
chiffres et les signaux d’alarme, le gouvernement Charest a continué de
défendre la réfection de Gentilly bien après que le projet soit devenu
indéfendable.
La commission parlementaire sur Gentilly-2 qui s’est tenue cette
semaine à Québec a enfin permis de faire la lumière sur le cauchemar
financier en devenir dans lequel les libéraux avaient en effet choisi de
plonger Hydro-Québec et ses clients, en toute connaissance de cause.
Certes, le projet de réfection était tout à fait justifié lors de son
annonce en 2008. Après des années d’études, on avait conclu que la
rénovation coûterait tout près de 2 milliards, ce qui permettait de
produire de l’électricité à 7 cents le kilowattheure. Une aubaine dans
un marché qui se transigeait à 9 cents.
Puis vint la décision d’Ottawa de se départir d’Énergie atomique
Canada (2009), les hausses et pépins des réfections similaires au
Nouveau-Brunswick et en Corée du Sud (2010), les incidents nucléaires de
Fukushima (2011) et l’essor formidable du gaz de schiste aux États-Unis
qui, en plus du ralentissement de la demande provoquée par la crise
économique, a complètement chamboulé le contexte énergétique.
Soudainement, le coût de la réfection bondissait à 3,4 milliards (en
plus du milliard de dollars déjà dépensé pour préparer les travaux !),
ce qui tirait le prix de l’électricité produite à plus de 10 cents le
kilowattheure... au moment précis où le prix de revente sur les marchés
chutait à 4 cents.
Plus rien ne balançait. Ce que savait Hydro-Québec en 2010. Et ce que
savait, aussi, le gouvernement Charest, à qui la société d’État avait
« communiqué » la chose au mois d’août de la même année.
Et pourtant, malgré ces avertissements, malgré les centaines de
millions déjà dépensés, les libéraux ont refusé de mettre les freins,
voire de s’interroger sur la pertinence du projet. Pire, la ministre
d’alors, Nathalie Normandeau, continuait de défendre le projet bec et
ongles, fustigeant même, en mai 2011, « l’irresponsabilité » du PQ qui
osait remettre en question la réfection... sans « avoir en main une
analyse sérieuse ».
De qui riait-elle alors ? Des actionnaires d’Hydro-Québec qui
auraient eu à éponger la note ? Des électeurs à qui elle promettait un
beau projet à bon prix « sur la base d’une analyse sérieuse » ? Ou des
résidents du Centre du Québec à qui elle faisait miroiter le maintien de
centaines d’emplois pour au moins 25 ans ?
Or, un projet qui avait coûté 984 millions, qui nécessitait des
investissements de 3,4 milliards supplémentaires et qui aurait
certainement fait baisser les dividendes que verse annuellement Hydro au
gouvernement, le tout pour maintenir 800 emplois, même les étudiants de
cégep en sciences humaines sans maths sont capables de vous dire que
cela est douteux !
La décision du PLQ d’aller de l’avant avec la réfection de la
centrale était clairement électoraliste, la décision du PQ de la déclasser est tout bonnement économique.
Source: via Vigile.net
Source: via Vigile.net
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