Comme vous j'ai vu qu'on compte former une Xe organisation vouée à l'indépendance du Québec. Les nationalistes québécois se retrouvent pourtant devant une situation paradoxale: même s'ils représentent toujours la moitié des francophones du Québec, leur option est discréditée, démonisée et ridiculisée comme jamais.
Les indépendantistes ont beau être des millions, des chroniqueurs populistes ne se gênent plus pour les traiter de «caribous», de «séparatisses», de «péquisses» et de «nationaleux», fourrant commodément dans le même sac quiconque défend un État québécois fort qui promeut l'identité nationale.
Des médias de masse, notamment ceux du groupe Gesca et du journal La Presse, combattent systématiquement toute expression de la fierté nationale. Ces discours ont à ce point acquis droit de citée que plusieurs souverainistes se sentent désormais ostracisés et honteux, au point de renier leurs convictions.
En conséquence, la prochaine organisation nationaliste ne devrait être ni une Coalition, ni une Convergence, ni un Front uni, ni un parti politique, mais bien une organisation secrète destinée à agir dans l'ombre et au moins ainsi risquer d'être plus efficace...
Les Frères chasseurs
L'histoire du Québec offre quelques beaux exemples de sociétés secrètes destinées à se prémunir contre les attaques adverses et à mettre en œuvre une stratégie cohérente, ciblée et efficace.
En 1838, le mouvement patriote constate qu'il est désormais infiltré par des dizaines d'espions et d'agitateurs. L'armée anglaise et la police de Montréal n'ont alors aucun mal à connaitre à l'avance les plans échafaudés par les patriotes exilés aux États-Unis.
Leur chef, Robert Nelson, a alors l'idée de créer une société secrète destinée à planifier dans le plus grand secret un soulèvement général du Bas-Canada. Durant tout l'été 1838, on assermente des milliers de patriotes au sein de l'Association des Frères chasseurs.
L'Association reprend la plupart des caractéristiques d'une société secrète et en particulier un serment sacré consistant à garder le secret sur l'organisation et sa mission, en l'occurrence libérer le Québec de la tutelle anglaise. Chaque membre ignorait en outre qui d'autre faisait partie de l'organisation, à l'exception des principaux chefs qui seuls connaissaient bien son fonctionnement.
Au sommet on retrouvait les «Grands aigles», suivis des «Castors», des «Raquettes» et enfin des «Chasseurs» ou simples membres. Malgré ses lacunes logistiques, le secret des Frères chasseurs a permis que le plan de campagne des patriotes ne soit pas connu des autorités britanniques.