« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice ». Georges Orwell


samedi 4 janvier 2014

De la cage à la marmite à homards




IDENTITÉ, CHARTES ET SOUVERAINETÉ

Louis Lapointe 
Vigile.net
vendredi 3 janvier 2014 

Comme la plupart des lecteurs de Vigile j’ai écouté cette entrevue accordée par Roger Tassé dans les derniers jours de l’année 2013. http://rc.ca/1lrp76S
J’avoue ne pas avoir été étonné par ses propos qui n’ont fait que confirmer mes doutes.*

Une charte de la laïcité pourrait très bien se justifier dans une société libre et démocratique.

La Cour Suprême du Canada pourrait même avaliser l’interdiction du port de signes ostentatoires pour les employés de l’État pendant les heures de travail si cette interdiction était bien circonscrite.

Nous sommes très loin de cette Charte qui bafoue les droits de la personne ou de la bougie d’allumage de l’indépendance du Québec.

En fait, selon Roger Tassé, la Charte de la laïcité se marierait très bien avec laCharte canadienne des droits.

D’un côté, les tribunaux pourraient en reconnaître la validité (article 1).

De l’autre, le gouvernement pourrait se soustraire à son application en recourant à la clause dérogatoire (article 33).

Au milieu, les tenants du multiculturalisme (article 27) comme ceux de l’égalité homme/femme (article 28) pourraient recourir à un article de la charte canadienne pour défendre leur point de vue.

Il y en a pour tout le monde dans ce débat, sauf pour les indépendantistes québécois.

Car notre combat n’est pas celui de l’identité québécoise.

Il est celui de la souveraineté du Québec.

Rappelons-nous, la charte canadienne nous a été imposée sans notre consentement en 1982.

Elle est un déni de la souveraineté de notre Assemblée nationale.
Rappelons-nous également que la Cour Suprême, dont tous les juges sont nommés par le bureau du premier ministre du Canada, aura à trancher ce débat entre les tenants et les opposants à la Charte de la laïcité.

Voilà pourquoi il ne faut pas conclure que Me Roger Tassé est du côté de Pauline Marois et de la Charte de la laïcité.

En fait, il défend la légalité de la Charte canadienne des droits et son discours vise simplement à démontrer que même si cette charte n’est pas légitime, elle peut être juste à l’égard du Québec, alors que nous savons tous qu’elle est un affront à notre souveraineté.

Dans cette perspective, si la Cour Suprême donne raison aux tenants de la Charte de la laïcité, cela rendra-t-il la Charte canadienne des droits davantage légitime aux yeux d’une majorité de Québécois ?

De la cage où elle nous enfermait, en raison du discours que tiennent tous ceux qui confondent identité et souveraineté, la Charte canadienne des droits deviendrait une véritable marmite à homards pour tous les Québécois.

***



*Sur le même sujet :



« Ainsi, si Pauline Marois est vraiment sincère dans son projet de charte des valeurs, rien, légalement, ne l’empêcherait de le réaliser à l’intérieur du Canada. Une majorité de voix à l’Assemblée nationale suffirait à lui donner la légitimité nécessaire. 

Il n’y aurait donc rien de répréhensible à devenir démocratiquement une province officiellement laïque, même si cela va à l’encontre de la Charte canadienne des droits.

À plus forte raison, les Québécois peuvent même être consultés sur le sujet et décider de recourir à la clause dérogatoire s’ils veulent vraiment habiter une province laïque tout en demeurant au sein du Canada sans qu’on puisse les traiter de xénophobes.

Voilà pourquoi, si j’étais fédéraliste, j’encouragerais le gouvernement du Québec dans sa démarche et je l’accuserais d’hypocrisie s’il ne recourait pas à la clause dérogatoire pour atteindre son objectif compte tenu des avis juridiques partagés sur le sujet.

Voilà pourquoi, à mon avis, l’idée d’une charte de la laïcité ne conduit pas à l’indépendance du Québec.

Voilà pourquoi le projet de Charte n’est pas un projet indépendantiste, mais un projet nationaliste qui peut très bien s’intégrer au sein du Canada, même s’il va à l’encontre de la Charte canadienne de droits et de l’idée qu’une majorité de Canadiens se fait du Canada. »


« Lorsque les immigrants arrivent au Québec, ils n’immigrent pas au Québec, mais bien au Canada, pays de l’anglais et du multiculturalisme.

La seule façon de changer l’ordre des choses est de faire en sorte que les immigrants n’arrivent plus dans une quelconque province du Canada, mais bien dans un pays, le Québec.

À plusieurs reprises, dans cette chronique, j’ai fait la démonstration que l’adoption de tous ces bidules, chartes et constitution québécoise bidon, ne nous conduirons jamais nulle part tant que nous demeurerons dans le Canada.

Le vrai changement ne consiste donc pas à réaménager le cadre canadien actuel avec des lois du Québec qui seront invalidées un jour ou l’autre par la Cour Suprême où nous ne nommons aucun juge, une antinomie juridique, mais bien de sortir du cadre canadien. »

« Ce choix de la neutralité est-il un choix qui peut s’exprimer démocratiquement comme celui de l’indépendance d’un État ?

Si des citoyens libres peuvent démocratiquement choisir de vivre dans un état indépendant, le présent débat nous enseignera probablement que seul un état souverain peut choisir la neutralité pour ses institutions.

La liberté est au citoyen ce que la souveraineté est à un état.
Si nous sommes libres de choisir nos indépendances, nous sommes également libres de choisir nos dépendances. »


« Une nouvelle charte sur les valeurs s’ajoutant aux trois autres et nous présentant encore une fois comme une majorité démocratique n’y changera rien.
Mon analyse de la situation n’a pas changé depuis 2007.

Sans l’accession à l’indépendance, sans pays, les Québécois ne pourront jamais constituer une majorité à l’intérieur du Canada.

Prétendre le contraire, c’est se mentir à soi-même. »


« La société a toujours évolué plus rapidement que les lois. En d’autres mots, le droit est à la remorque des faits de société, c’est-à-dire des phénomènes caractéristiques des tendances de la vie sociale d’un pays. On l’a vu récemment lors des débats sur le mariage gay et les unions hors mariage où la Cour Suprême a refusé d’intervenir, laissant au gouvernement québécois le soin de légiférer sur les droits des conjoints de fait.

Sans l’adoption de lois, les droits ne peuvent évoluer à la même vitesse que la société.

Il est donc faux de prétendre que les valeurs d’une société évoluent sans qu’on ait besoin d’en reconnaître les effets dans les lois.

L’expérience de la progression des droits des femmes au cours du dernier siècle en constitue la plus éloquente démonstration.

Ainsi, les femmes n’auraient jamais acquis le droit de vote si les gouvernements canadien et québécois n’avaient pas adopté de loi en ce sens. Elles n’auraient jamais été les égales juridiques de leurs époux sans les modifications apporter au Code civil en 1964. Jamais elles n’auraient pu devenir avocates.

Les principaux avancements sociaux des femmes ne se seraient jamais concrétisés sans l’adoption de lois. »


« Loin de consacrer l’égalité des hommes et des femmes, les chartes hiérarchisent plutôt les droits et libertés qui y sont reconnus en proclamant la « suprématie » de Dieu et en déclarant que les « distinctions, exclusions et préférences » pratiquées par les groupes religieux sont réputées non discriminatoires.

Il serait donc plus juste de dire que la discrimination à l’encontre des femmes est une loi divine consacrée par les chartes ! »


« Peut-on légitimement parler d’égalité des hommes et des femmes au Québec lorsque notre propre Charte des droits et libertés tolère au nom des valeurs démocratiques, de l’ordre public et du bien-être général des citoyens du Québec que les femmes puissent être discriminées au nom de pratiques religieuses héritées du Moyen-Âge ?

Pour moi, il ne fait aucun doute, la Charte québécoise telle que rédigée est discriminatoire et ne respecte pas les valeurs démocratiques, l’ordre public et le bien-être général des citoyens du Québec. (Art. 9.1)

 Ridicule !

Aucun doute, la Charte québécoise telle que rédigée est discriminatoire et ne respecte pas les valeurs démocratiques, l’ordre public et le bien-être général des citoyens du Québec. (Art. 9.1)

Voilà pourquoi le législateur a le devoir d’en fixer la portée et d’en aménager l’exercice de façon à ce que la religion ne soit plus au-dessus des lois en étant cette ignoble exception qui permet des pratiques intolérables à l’endroit des femmes du Québec. »

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