(Québec) Des salaires de la haute direction trop élevés à son goût et une baisse importante des ristournes ces dernières années forcent le « Robin des banques », Yves Michaud, à lancer un mouvement de surveillance des caisses populaires Desjardins.
« Assez, c’est assez. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez Desjardins. Il faut que cela cesse », a lancé mercredi Yves Michaud lors d’un entretien au Soleil.
L’ex-politicien, ancien journaliste et fondateur du Mouvement d’éducation et de défenses des actionnaires (MEDAC) croit que la haute direction de la coopérative de services financiers « fait fausse route » en se « comportant de plus en plus comme une banque ».
« Il y a une peste dans le monde financier qui est en train de se répandre au sein du mouvement coopératif. Les dirigeants de Desjardins font ce qu’ils veulent. Personne ne peut les contester lors d’une assemblée annuelle. Ils ont un discours de banquiers. Les caisses populaires ont été fondées pour faire contrepoids aux banques. Pas pour faire pareil. »
Connu pour ses interventions musclées lors des assemblées annuelles de grandes banques tout en dénonçant les salaires démesurés de ses dirigeants, Yves Michaud dit constater un « effritement inquiétant » de la philosophie participative chez Desjardins. « On fusionne des caisses, on ferme des points de services. Desjardins est en train d’imiter les banques. C’est la grenouille qui veut avaler le boeuf. »
Ce dernier lance d’ailleurs l’idée de mettre sur pied un Mouvement de surveillance des caisses Desjardins (MSCD). « Que pas une ou un des dirigeants des caisses populaires Desjardins n’ait fait connaître son opposition au salaire déraisonnable de la présidente me sidère et m’irrite au plus haut point. Le fondateur de Desjardins doit frétiller dans sa tombe », argue-t-il.
Le « Robin des banques » regrette notamment que le salaire annuel (avec engagements au régime de retraite) de la grande patronne de Desjardins, Monique Leroux, soit passé de 1,6 million $ en 2008 à 3,1 millions $ en 2012.
Il souligne qu’avec un tel salaire, Mme Leroux est rémunérée 100 fois plus qu’une secrétaire d’une caisse populaire qui gagne environ 30 000 $ par année.
Les ristournes aux membres
Yves Michaud dit également déplorer la baisse importante des ristournes distribuées aux membres des caisses populaires ces dernières années.
Malgré une hausse importante de 45 % des excédents nets depuis 2007 au Mouvement Desjardins, les ristournes ont chuté de près de la moitié durant cette même période.
Comme le rapportait Le Soleil la semaine dernière, les ristournes annuelles retournées aux membres de la coopérative de services financiers ont fondu de près de 50 % depuis cinq ans, passant de 592 millions $ en 2007 à 305 millions $ en 2012.
Or, parallèlement à cette baisse de ristournes, les excédents (équivalents des profits nets dans le secteur bancaire) ont fortement progressé depuis, passant de 1,1 milliard $ (2007) à 1,6 milliard $ (2012), en hausse de 45 %.
Pour l’année 2012, Desjardins a décidé de retourner à ses membres seulement 19 % de ses excédents nets. En 2007, le Mouvement des caisses populaires avait versé en ristournes 54 % de ses excédents nets.
Selon Yves Michaud, Desjardins devrait retourner au moins 50 % de ses excédents sous forme de ristournes à ses membres. « Un minimum », d’après lui. « Sinon, on parle ouvertement d’un détournement de la mission qui va contre l’esprit du mouvement coopératif. »
Un changement de philosophie au sein de la haute direction serait d’ailleurs à l’origine de cette baisse des ristournes aux membres observée ces dernières années. Ce que Yves Michaud remet sérieusement en question.
Le versement d’une partie des excédents en réserves plutôt qu’en ristournes serait la façon la moins coûteuse selon Desjardins pour augmenter sa capitalisation.
Des PCAA douteux
M. Michaud dit également fortement mettre en doute le jugement des gestionnaires de Desjardins qui ont perdu « au casino » plus de 1,2 milliard $ dans les fameux papiers commerciaux (PCAA) en 2008. « Que faisait Desjardins dans ce type d’investissement ? » se demande-t-il encore aujourd’hui.
Desjardins détenait pour plus de 2 milliards $ de PCAA quand le marché s’est effondré en 2007 et 2008. Leur valeur a ensuite été amputée de moitié dans le bilan de Desjardins. Aujourd’hui, les PCAA (devenus les BTAA) valent près de 1,5 milliard $, soit loin du rendement escompté à l’époque pour un tel type de placement.
via Vigile.net
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