Louis Lapointe
mercredi 20 février 2013
Vigile.net
Tous les analystes le moindrement perspicaces auront compris que
l’université McGill est un réel problème pour le réseau universitaire.
Si McGill ne jetait pas l’argent des Québécois par les fenêtres en
formant des diplômés qui ne rembourseront jamais leurs dettes à la
société québécoise, il ne serait jamais venu à l’idée du gouvernement
d’augmenter les droits de scolarité des étudiants de toutes les
universités de façon aussi dramatique.
McGill est le maillon faible du réseau universitaire québécois parce
que, contrairement aux autres universités, elle ne fait pas ses frais.
Une proportion importante de ses diplômés paieront leurs impôts dans une
autre juridiction.
Tant que le gouvernement du Québec ne redressera pas la barre,
l’université McGill demeurera un gouffre financier sans fin pour le
Québec.
Comme on ne peut pas couper les vivres de la plus réputée des
universités du Québec, le gouvernement du Québec a décidé de demander à
toutes les universités du réseau universitaire de s’adapter au modèle
d’affaires de l’université McGill.
En augmentant les droits de scolarité de tous les étudiants, on
augmente également ceux des étudiants de l’université McGill qui
quitteront le Québec au terme de leurs études, la fiscalité n’étant pas
la solution au problème que constitue l’université McGill.
Le véritable défi du gouvernement du Québec consisterait donc à
facturer le coût réel des études universitaires aux étudiants qui
quitteront le Québec après leurs études sans pénaliser les autres
étudiants qui choisiront d’y demeurer.
Le régime fiscal étant impuissant à régler ce problème, il faudrait se tourner vers le régime de prêts et bourses.
À mon avis, le régime de prêts et bourses pourrait avancer
directement aux universités, pour chaque étudiant qui y étudie, les
sommes correspondant aux coûts réels de leurs études.
Les étudiants qui choisiraient de demeurer au Québec après leurs
études verraient leurs prêts transformer en bourses sans que cela n’ait
aucun impact monétaire pour eux, alors que les étudiants qui
quitteraient le Québec devraient rembourser 100% de leurs dettes
d’études, donc 100% des coûts réels.
Je peine à croire que cette hypothèse n’a pas été discutée avec les recteurs.
Une hypothèse qui affecterait essentiellement l’université McGill
parce qu’elle pourrait faire fuir une partie importante de sa clientèle
qui souhaite quitter le Québec après y avoir étudié à rabais.
Dans cette perspective, on comprend mieux pourquoi, à l’approche du
sommet, Heather Munroe-Blum, principale de l’université McGill, prend
ses distances des autres recteurs.
PS. Après mûres réflexions, il serait
probablement exagéré de réclamer de tous les étudiants québécois qui
quittent le Québec 100% des coûts réels de leurs études. On ne peut pas
exiger d’eux plus qu’on demande aux étudiants étrangers qui viennent
étudier au Québec, en particulier ceux qui bénéficient d’un programme de
réciprocité. Il faudrait plutôt établir une juste proportion et prévoir
des exceptions à un tel programme de remboursement.
Toutefois, malgré ses limites, une telle hypothèse mériterait
certainement d’être étudiée en y prévoyant les exceptions et adaptations
nécessaires.
***
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