« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice ». Georges Orwell


dimanche 29 mai 2016

Pour un choix indépendantiste clair

 
 
Andrée Ferretti
L'aut'Journal
samedi 28 mai
 
L’auteur est écrivaine et militante indépendantiste, a été appuyé par 80 militantes et militants indépendantistes de tous les horizons.
 
La course à la chefferie du Parti Québécois qui s’amorce ne peut se réduire à un débat sur l’accessoire ou à un concours d’image occultant encore une fois la question existentielle qui se pose à nous tous, Québécoises et Québécois, depuis le référendum volé et le match nul de 1995.
 
Martine Ouellet a fait connaitre ses orientations dans un texte publié dans Le Devoir du 11 mai 2016 intitulé « L’indépendance d’abord ». En novembre dernier, elle a publié un livre, « Mieux d’État », qui définit un projet social-démocrate face à l’austérité libérale qui détruit le tissu de l’État du Québec. Il y a deux semaines, elle présentait un projet de développement écoresponsable pour le Québec indépendant et une base pour la lutte contre l’utilisation du territoire du Québec par le Canada pétrolier.
 
La députée de Vachon est une femme de contenu qui a les idées et la détermination nécessaires pour aider les militant.e.s à prendre en main leur parti et à réorienter le Parti Québécois, d’abord quant à la priorité à donner à la réalisation de l’indépendance, et ensuite aux projets que l’indépendance nous permettra de réaliser.
 
Bon gouvernement ou indépendance ?
 
Curieusement, les autres candidats déclarés ou pressentis semblent piégés par cette question. S’ils le sont, c’est à cause du doute qui s’est installé avec le temps quant à la volonté du Parti Québécois de réaliser l’indépendance, doute qu’ils risquent d’amplifier par leurs hésitations. Continuer à mettre l’option fondamentale du parti en veilleuse comme on l’a fait depuis les 20 dernières années, la laisser dans l’ambiguïté, dénaturée par nos adversaires, ne peut être fait sans conséquence néfaste pour le parti et pour le Québec. Il faut cesser d’entretenir l’objectif du « bon gouvernement » qui fait du PQ un parti de gestion du statut provincial du Québec. Au contraire, le temps de la clarté et de la détermination est arrivé.
 
On ne peut attendre la veille de la prochaine élection pour clarifier la position du parti sur cette question existentielle. On ne peut donner un chèque en blanc à la future cheffe ou au futur chef. Les candidats à la direction doivent se prononcer maintenant comme l’a fait Martine Ouellet. Ils devraient reprendre à leur compte la déclaration de Pierre-Karl Péladeau de février 2015 : « Un gouvernement du Parti Québécois élu en 2018, aura le mandat de réaliser l’indépendance » et ce, au cours du prochain mandat, comme s’y est engagée la députée de Vachon.
 
Contrairement à ce que véhiculent par leur attitude ceux et celles qui craignent de perdre l’élection s’ils parlent trop d’indépendance, la meilleure façon de gagner la prochaine élection est de faire le plein des appuis indépendantistes et de rassurer les indécis en présentant les avantages de l’option par des projets concrets qui nécessitent l’indépendance pour les réaliser.
 
Développement écoresponsable
 
Un de ces projets, Climat Québec 2030, élaboré par Martine Ouellet est une réponse éloquente à Énergie Est que le Canada pétrolier veut imposer au Québec. La proposition élaborée et documentée par la députée de Vachon consiste à remplacer les projets pétroliers par l’objectif de réduire de 40 % les émissions de GES d’ici 2030. À cette fin, des investissements de 15 milliards de dollars permettront de réduire nos émissions de GES de plus de 27 millions de tonnes, tout en créant 350 000 emplois dans l’économie verte. Dans un Québec indépendant, plutôt que de nous défendre contre les entreprises pétrolières, nous aurons les moyens financiers et législatifs de réaliser une politique économique du XXIe siècle pour le Québec, à laquelle le destinent ses richesses naturelles et énergétiques, ainsi que ses valeurs sociales démocrates.
 
La députée de Vachon propose une vision d’avenir pour le Québec qui nous indique ce qu’il faut faire désormais : lier le projet indépendantiste à des questions socioéconomiques comme le développement de l’emploi et la protection du climat. Elle est aussi, de toute évidence, dans la députation actuelle, la personne la mieux préparée pour défendre un tel projet sur la place publique.
 
Convergence
 
Une position claire sur l’indépendance, une vision progressiste sur le plan de l’environnement et de l’emploi, faciliteront le rapprochement d’un parti dirigé par Martine Ouellet avec les autres partis et les mouvements favorables à l’indépendance, notamment les milieux écologistes et syndicaux. La députée de Vachon n’a pas fait que parler de convergence, elle a participé à tous les événements organisés par la société civile qui ont permis d’imposer cette idée dans le débat public : réseau « Cap sur l’indépendance », États généraux sur la souveraineté, Congrès de convergence, Rassemblement DestiNation, création des OUI Québec. La participation active de la députée de Vachon à tous ces évènements lui a permis de tisser des liens forts à l’extérieur du Parti Québécois qui lui vaudront des appuis dans l’élaboration d’une feuille de route en vue de réaliser l’indépendance du Québec.
Nous ne cherchons pas un futur chef de l’opposition ou une conciliatrice, mais une leader capable de combattre la démission libérale et de catalyser les énergies vers un Québec indépendant et progressiste.
 
Voilà pourquoi, Madame Ouellet, nous souhaitons votre candidature et nous nous engageons à vous appuyer dans cette course à la direction.

Andrée Ferretti, écrivaine et militante indépendantiste
Gilbert Paquette, ex-ministre et ex-candidat à la direction du Parti Québécois
Pierre Dubuc, ex-candidat à la direction du Parti Québécois
Denis Trudel, comédien et membre du Bureau national du Bloc Québécois
Christian Picard, ancien chef de cabinet, ministère de l’Environnement du Québec
Réjean Lévesque, ancien directeur principal du service de l’eau, Ville de Montréal
Jocelyn Desjardins, président-fondateur du NMQ et syndicaliste
France Salvaille, membre du CA des OUI-Québec, Capitale-nationale
Christine Normandin, ancienne présidente du CNJPQ
Léo Charlebois, président SNQ Saint-Hubert
Jean-Michel Goulet, directeur d’ÉcoQuébec Info et économiste
Carl Boileau, ancien conseiller, Plateau Mont-Royal
Jean-François Primeau, président régional du Parti Québécois, Outaouais
Christian Généreux, président SPQ-Libre Montréal-Métropolitain
Sylvain Martin, directeur-adjoint syndicat Unifor
Sacha Thibault, responsable des groupes jeunes, Forum Jeunesse du Bloc Québécois
Laurent Constantin, président du Parti Québécois, Vachon
Claire Aubin, militante du féministe et indépendantiste, Berthier
Araceli Fraga, présidente du Parti Québécois, Louis-Hébert
Maude-Amélie Verville, présidente du Parti Québécois, La Peltrie
Marc-André Provost, président du Parti Québécois, Gatineau
Alain Querry, président du Parti Québécois, Acadie
Marc-Antoine Turmel, candidat du Bloc Québécois, Charlesbourg-Haute-Saint-Charles
Vincent Francois, candidat du Bloc Québécois, Vaudreuil-Soulanges
Kevin Galipeau, vice-président, Association des jeunes péquistes de l’UdeM
Audrey Beauséjour, vice-présidente comité environnement, Parti Québécois
Samuel Bergeron, candidat d’Option nationale dans Masson
Luc Lefebvre, candidat d’Option nationale, Saint-Henri-Sainte-Anne
Bruno Forget, candidat d’Option nationale, Ste-Rose
Julien Francoeur, président du Bloc Québécois, Lasalle-Émard-Verdun
Katheuryne Grefford, présidente du Bloc Québécois, Terrebonne
Hugo Diotte, président d’Option nationale, Terrebonne
Jérémie Dunn, représentant jeune du Parti Québécois Lafontaine
Mathieu Lebel, vice-président d’Option nationale, Terrebonne
Étienne Forest, vice-président du Bloc Québécois, LaSalle-Émard-Verdun
Frédéric Dénommé, secrétaire du Parti Québécois, Verdun
Antoine Beaubien, Militant, coordonnateur du projet WikiQuébec
Jennifer Jetté, conseillère du Parti Québécois, Rosemont
Sébastien Dallaire, conseiller du Bloc Québécois, Terrebonne
Jean-Sébastien Leclerc-Zavallone, membre Québec Solidaire, Hochelaga-Maisonneuve
Jean Lapierre, secrétaire du Bloc Québécois, Joliette
Michel Roy, responsable des communications du Parti Québécois, La Pinière
Bob Lemay, ancien président du Parti Québécois, Nicolet-Bécancour
Normand Perry, ancien président du Parti Québécois, Soulanges
Martin Joseph Lamontagne, conseiller du Bloc Québécois, Longueuil-Saint-Hubert
Olivier Leduc, représentant jeune du Parti Québécois, Vachon
Jean-Paul Thivierge, militant du Parti Québécois, Vachon
Pauline Bisson, militante du Parti Québécois, Jean-Lesage
Félix-Antoine L.-Levasseur, militant du Parti Québécois, Joliette
Tanias Dupuis, militante du Parti Québécois, Hochelaga-Maisonneuve
François-Xavier Jodoin, militant du Parti Québécois, Hochelaga-Maisonneuve
Yves-Aimé Boulay, militant du Parti Québécois, Duplessis
Joël Dumont, militant du Parti Québécois, Duplessis
Nicolas Lapierre, militant du Parti Québécois, Duplessis
Denis-René Harrison, militant du Parti Québécois, Sainte-Marie-Saint-Jacques
Louis Major, militant du Parti Québécois, Gouin
Mike Ménard, militant du Parti Québécois, Berthier
Guillaume Rousseau, militant du Parti Québécois, Pointe-aux-Trembles
Émilie Laplante, militante du Parti Québécois, Montmorency
Philippe Bourque, militant du Parti Québécois, Jean-Lesage
Julie Hébert, militante du Parti Québécois, Vaudreuil
Pierre-Luc Benoit, militant du Parti Québécois, Berthier
Alexandre Dumas, militant du Parti Québécois, Trois-Rivières
Ellen Nutbrown, militante du Parti Québécois, Borduas
Mathieu Breton, militant du Parti Québécois, Hochelaga-Maisonneuve
François Barthe, militant d’Option nationale, Rousseau
Jason Noble, militant du Parti Québécois, Hull
Pierre Norris, militant du Parti Québécois, Groulx
Annie Morin, militante du Parti Québécois, Portneuf
Jean-Marc Tremblay, militant du Parti Québécois, Taillon
Yvon Desroches, vice-président du Parti Québécois, La Pinière
Diane La Rochelle, militante du Parti Québécois, Bourassa-Sauvé
Jacques Archambault, militant du Parti Québécois, Joliette
Sarah Krug, militante d’Option nationale, Verdun
Annie Carrier, militante d’Option nationale, Granby
Daniel Bergeron, militant indépendantiste, Richmond
Clairandrée Cauchy, militante indépendantiste, Gouin
Martin Servant, militant indépendantiste, Hochelaga-Maisonneuve
Jean-Paul Lahaie, militant syndicaliste et indépendantiste.

Source: Vigile.net

vendredi 22 avril 2016

Le combat de Robert Burns

22 avril 2016 |Lise Payette | Québec

Il n’y a qu’ici que le mot « référendum » est honni, mis à la poubelle, présenté comme une trahison alors que partout ailleurs, c’est le meilleur moyen de faire vivre la démocratie.

Vivre en démocratie, ce n’est pas aller voter une fois tous les quatre ans après avoir entendu toutes les promesses que des candidats politiciens vont s’engager à réaliser pour votre bien-être à vous, promesses qu’ils ne tiendront pas après avoir été élus. C’est un classique. Pire. Combien de Québécois ne savent même pas qui était Robert Burns ?

Je viens de terminer un livre essentiel consacré à un homme admirable de lucidité, qui est mort beaucoup trop tôt, Robert Burns, dont j’ai partagé les rêves et le cheminement dans son désir de redonner de l’air pur à la démocratie citoyenne, qui battait déjà de l’aile avant 1976.

Le livre est l’oeuvre d’André Larocque, un ami et un proche collaborateur de Robert Burns. Il contient une analyse précieuse du gouvernement Lévesque et, surtout, il permet la transmission de ce qui est resté une oeuvre inachevée : le projet de Burns pour un sauvetage réfléchi de la démocratie québécoise.

Larocque explique clairement qu’il y a bien longtemps que les gouvernements élus au Québec cherchent par tous les moyens à détourner les citoyens et citoyennes de leurs responsabilités en laissant les élus libres de tout décider sans tenir compte de l’opinion publique. De façon délibérée, avant le gouvernement Lévesque aussi bien qu’après, les gouvernements élus ont choisi de ne pas associer les citoyens aux grandes décisions de l’État.

Dans l’équipe de Burns, on découvre d’abord que, depuis 1867, il y a eu plus de 50 référendums tenus au Canada. Par contre, il n’y en a eu qu’un seul tenu au Québec en 1919, et 78,6 % des citoyens ont répondu oui à la question suivante : êtes-vous d’opinion que la vente des bières, cidres et vins légers, tels que définis par la loi, devrait être permise ?

Avouons tout de suite qu’il aurait été difficile de voter non à cette question-là. La peur maladive qui a fait perdre le référendum de 1980 était d’un autre ordre, et il est intéressant de se faire rappeler tout le mal que se sont donné les élus libéraux d’Ottawa pour tasser le Québec. Nous avons si peu de mémoire, nous, les Québécois, que ce livre sur Robert Burns et son héritage est forcément un document inestimable qu’il faut lire et faire lire aux jeunes qui se cherchent des défis qu’ils pourraient trouver ici même au lieu d’aller chercher à l’étranger.

Quand ils auront compris pourquoi la démocratie agonise au Québec, ils retrouveront l’envie de redevenir de vrais citoyens et citoyennes, de cesser d’être des « clients » des partis politiques et des services de l’État, de cesser d’être à la merci ou à la remorque des décisions prises en vase clos par des politiciens épris du pouvoir et des amis du pouvoir qui dirigent sans être élus et qui placent parfois leur précieux argent dans des paradis fiscaux.

Il est encore temps de reprendre le combat de Robert Burns. Il est évident que la démocratie en arrache. Les élus du Parti libéral sont comme des soldats de plomb. Incapables de remplir le rôle de député que la population leur a confié. Ce parti est là depuis si longtemps qu’il a oublié sa raison d’être. Tout le reste est fait de balivernes et d’histoires à dormir debout. Le chef est tout puissant, même dans ses contradictions et ses erreurs. Il domine. Et les citoyens n’ont qu’à bien se tenir.

Les Québécois qui liront ce livre d’André Larocque auront de la peine en réalisant tout ce qui s’est perdu des projets de Lévesque pour sauver notre démocratie et l’apport précieux des citoyens et citoyennes à l’évolution de notre société.

Pour ma part, je suis toujours de près l’utilisation du référendum dans certains pays comme la Suisse — où il y en a plusieurs chaque année, car le gouvernement estime devoir demander au peuple ce qu’il en pense avant d’agir — ou l’Angleterre, où un référendum aura lieu bientôt pour demander aux citoyens s’ils veulent rester ou non membres de l’Europe. J’ai eu le nez collé sur la Catalogne et sur l’Écosse également. J’ai pu réaliser qu’il n’y a qu’ici que le mot « référendum » est honni, mis à la poubelle, présenté comme une trahison alors que partout ailleurs, c’est le meilleur moyen de faire vivre la démocratie. Étrange. C’est sûr que l’ignorance nous étouffe.

J’ai besoin de vous et de votre appui. On continue à parler de la fabuleuse richesse que nous apporteraient les fameux pipelines d’Énergie Est, ceux qui vont traverser le Canada à travers les champs, les fermes et les cours d’eau, petits ou grands. Il semble que les Québécois n’en veulent pas. Que diriez-vous qu’on exige un référendum pour compter les « pour » et les « contre » ? Ce serait enfin clair, et ça nous guérirait peut-être de nos peurs maladives.

mercredi 16 mars 2016

Le 14 mars, à la surprise des Occidentaux, Vladimir Poutine a demandé à son chef d’état-major de retirer le contingent russe de Syrie.


Le 14 mars, à la surprise des Occidentaux, Vladimir Poutine a demandé à son chef d’état-major de retirer le contingent russe de Syrie.
Tout d’abord, le président russe avait précisé lors de l’annonce d’envoi de troupes que l’opération serait limitée dans le temps et, après six mois d’intervention, le bilan est assez flatteur. Nous sommes passés d’exigences impérialistes à des discours qui mentionnent enfin le peuple syrien. C’est désormais au peuple syrien de choisir son destin. En se retirant, la Russie montre qu’elle n’impose aucun choix. Cette intervention a permis de dégager deux camps. Celui de la démocratie par les urnes et celui de l’illégitimité armée soutenue par les exploiteurs de chaos.
Avec le transfert de matériel et de technologie à l’armée syrienne, celle-ci est désormais capable de mener d’efficaces opérations militaires contre l’État islamique et, surtout, l’armée syrienne a retrouvé le moral en reconquérant son territoire national.
Bien que centrée sur la défense de son territoire, l’armée russe a montré qu’elle est capable de projeter rapidement et efficacement des forces hors de ses frontières. L’efficacité des moyens engagés a imposé à l’OTAN de rengainer sa suffisance habituelle. Les sociétés d’armement russes ont démontré, sur le terrain, la qualité de leur production et en tireront certainement des avantages concurrentiels.
Les mois qui viendront nous permettront aussi de voir si l’Iran va renforcer son influence au Moyen-Orient. La question kurde va être un test majeur pour la diplomatie iranienne. Il est fort à parier que, sous l’influence de l’axe diplomatique Moscou-Téhéran, nous allons assister à une stabilisation de la région du fait du recul des nuisances occidentales.
La Russie a apporté une aide décisive à la Syrie mais si elle consent à l’aider, elle ne veut pas se substituer à elle dans sa lutte pour ses droits. C’est au peuple syrien de prendre son destin en main, de choisir ses dirigeants et ses modes de gouvernement. C’est à lui seul de décider par les urnes de l’éventuel départ de son président.
N’en déplaise aux détracteurs de la politique étrangère russe, celle-ci vient de lancer un message capital pour le monde multipolaire en gestation. La Russie est prête à aider militairement des États à retrouver leur souveraineté. Nous sommes loin des interventions néo-colonialistes des Occidentaux qui visent à installer des gouvernements fantoches dans des pays devenus des protectorats.
En demandant le retrait du contingent russe de Syrie, Vladimir Poutine vient simplement de montrer que la Russie sait utiliser sa puissance militaire pour restaurer l’ordre démocratique dans un pays et non pour le transformer en république bananière. En mettant en avant les principes de droit international qui sont à la base de son intervention syrienne et par le retrait de ses forces, la Russie envoie un message fort.
Les peuples peuvent compter sur la Russie pour les aider à recouvrer leur souveraineté dans un cadre de légitimité internationale.
Source: Boulevard Voltaire

mardi 9 février 2016

Pourquoi les immigrants ne parlent pas français

Voici pourquoi:

« Ils sont venus ici pour assurer un meilleur avenir à leurs enfants: pas pour sauver notre langue.

Ils ont déjà une langue qu'ils parlent à la maison et ils la transmettent à leurs enfants.

Ils savent qu'ils vivent en Amérique et qu'on y parle l'anglais, la langue de l'argent.

Leurs enfants vont à l'école française et deviennent polyglottes. Ils parlent français en salle de classe, leur langue maternelle à la maison et l'anglais ailleurs.

Ils ne veulent pas se joindre à ce petit peuple confus quant à son identité, indécis quant à son avenir et hésitant à se reproduire.

Si vous émigrez en Écosse, apprendrez-vous l'anglais ou le gaélique?

Les immigrants sont des gens intelligents. Si nous avons perdu le goût de vivre et de survivre, ça ne les concerne pas; ne comptons pas sur eux. Après avoir enseigné le français aux réfugiés pendant vingt ans, ne suis-je pas crédible? »

Source: Le Devoir - commentaire



vendredi 8 janvier 2016

Canada – Agents provocateurs de la police démasqués lors d’une manifestation anti-austérité à Montréal

 
 
 
 
De nouvelles révélations ont vu le jour concernant l’utilisation par la police de Montréal de provocateurs déguisés en manifestants «Black Bloc» lors de la manifestation du 18 décembre contre la violence policière et les politiques anti-austérité du gouvernement libéral du Québec.
 
Au début, la police a refusé d’admettre qu’elle avait infiltré la manifestation. Mais maintenant, elle défend fermement les actions d’un infiltrateur policier qui a sorti son pistolet et menacé les manifestants qui l’avaient «démasqué» en tant qu’agent provocateur de la police.
 
Le soir en question, environ 100 personnes, la plupart des étudiants, se sont rassemblées pour une manifestation. Alors que la marche progressait dans les rues du centre-ville de Montréal, des feux d’artifice ont été tirés vers les lignes de police depuis les rangs des manifestants. La police a répliqué en tirant des grenades lacrymogènes et aveuglantes-assourdissantes contre les manifestants.
 
Vers la fin de la confrontation, une étudiante universitaire Katie Nelson, qui a déclaré que la manifestation est «étrangement devenue violente immédiatement», a remarqué quatre hommes masqués et vêtus en noir qui semblaient être des membres de la formation anarchiste «Black Bloc». Lorsque l’un des hommes a enlevé son masque, Nelson l’a immédiatement identifié comme un policier en civil qui l’avait arrêtée lors d’une manifestation précédente. Ayant vu que Nelson l’avait reconnu, l’infiltrateur policier a rapidement remis son masque avant de murmurer quelque chose à l’un de ses comparses infiltrateurs.
 
Peu de temps après, une brève mêlée s’est ensuivie. Deux agents infiltrateurs ont arrêté un manifestant qui avait également remis en question leur identité, lui écrasant le visage au sol. Un membre de la presse qui s’est approché pour enregistrer l’incident a aussitôt été malmené. Alors qu’elle s’éloignait de la scène, Nelson a été violemment frappée par derrière par l’un des hommes qu’elle avait identifié comme un agent provocateur. Elle a été emmenée en ambulance pour être hospitalisée avec une grave blessure au cou et une possible commotion cérébrale.
 
Au milieu de tout cela, plusieurs manifestants ont convergé sur trois des policiers en civil pour exiger qu’ils s’identifient et disent pour qui ils travaillent. C’est alors que l’un des agents a sorti et pointé une arme sur les manifestants. Interrogé quelques jours plus tard par la presse à propos de cet incident, le porte-parole de la police de Montréal Ian Lafrenière a défendu avec véhémence les actions de l’infiltrateur policier, affirmant qu’il avait craint pour sa vie. Selon Lafrenière, les policiers en civil ont crié : «”Police, reculez! “Ça n’a pas fonctionné, alors l’agent a sorti son arme à feu et, à ce moment-là, les gens sont partis.»
 
Le maire de Montréal, Denis Coderre et le ministre de la Sécurité publique du Québec Pierre Moreau ont refusé d’émettre tout commentaire sur les actions de la police lors de la manifestation du 18 décembre. Leur silence implique un soutien aux pratiques policières – des pratiques d’infiltration de manifestations, d’incitation à la violence et d’intimidation de manifestants avec une arme mortelle.
Cela n’est pas la première fois que la police utilise des provocateurs pour justifier l’adoption de mesures répressives visant à limiter, pour ne pas dire abolir pratiquement le droit démocratique de manifester pour s’opposer à la politique gouvernementale.
 
Dans des documents publiés en 2011 dans le cadre d’une entente de plaidoirie entre 17 activistes sociaux et les procureurs de la Couronne, il a été révélé que 12 agents de police avaient espionné ou infiltré des groupes de protestation qui avaient l’intention de participer à des manifestations à Toronto contre les dirigeants mondiaux lors du sommet du G-20 de juin 2010. Au moins deux de ces agents infiltrateurs ont joué un rôle central dans l’organisation des activités de protestation de divers collectifs anarchistes. Leurs actions comprenaient notamment d’aider à désigner des cibles à vandaliser dans le centre de Toronto.
 
Pour ne citer que quelques autres incidents de provocation policière, nommons l’affaire Germinal largement médiatisée et survenue au Sommet des Amériques qui a eu lieu à Québec en avril 2001. Quelques jours avant le sommet, la police a arrêté sept jeunes hommes en route vers Québec qui avaient en leur possession des bâtons, des bombes fumigènes, des grenades factices et des masques à gaz. Les médias ont alors claironné l’incident et applaudi les mesures de sécurité draconiennes entourant le sommet.
 
Rapidement cependant, l’affaire a été démasquée comme étant une provocation de l’État. Le réputé chef du groupe Germinal était un ex-membre des Forces armées canadiennes. Sur les 15 membres du groupe, deux autres au moins étaient des agents doubles de la GRC, et deux autres des militaires. C’est l’un des militaires qui a introduit les taupes de la GRC au sein du groupe Germinal. Les agents de la GRC ont exhorté le groupe à utiliser des cocktails Molotov à Québec, une idée rejetée par le groupe du fait de la possibilité de dommages ou de blessures. Les taupes ont également fourni une grande partie de l’équipement utilisé pour incriminer les membres du groupe Germinal.
 
Un modus operandi antidémocratique similaire a été démasqué à Montebello, au Québec en 2007, en partie grâce à une vidéo amateur diffusée sur Internet. Les documents vidéo montrent comment des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) déguisés en manifestants anarchistes ont cherché à provoquer des batailles entre la police antiémeute et les manifestants qui protestaient contre une réunion au sommet des présidents américain et mexicain et du premier ministre canadien.
 
La vidéo montre trois hommes costauds, masqués et à l’allure agressive qui tentent de rejoindre un petit groupe de jeunes manifestants portant des drapeaux rouges et noirs. Une des brutes de la police porte une pancarte avec comme inscription « An end to war and globalization» (Pour la fin de la guerre et de la mondialisation). Un autre a une pierre en main.
 
L’un des organisateurs de la manifestation confronte les trois voyous. Il demande à celui tenant la roche de la laisser tomber et demande à chacun d’eux de montrer leur visage. L’un des hommes masqués bouscule alors l’organisateur et lui fait un doigt d’honneur. C’est à ce moment qu’un groupe de manifestants pacifiques se met à scander «Policiers! Policiers!» On entend un jeune manifestant dire : «Ils veulent nous tromper. Ils veulent que nous soyons agressifs avec eux. [...] ce sont des agents provocateurs.»
 
Dans l’intervalle, les trois hommes masqués se rapprochent tranquillement de l’escouade antiémeute qui forme un cordon à quelques pas. L’un d’eux murmure quelque chose dans l’oreille d’un policier. Après une brève mise en scène de bagarre, le cordon de police s’ouvre, laissant les hommes traverser avant qu’ils ne soient délicatement menottés. Alors que les trois hommes quittent la scène à pied, on voit clairement que les faux manifestants portent les mêmes bottes que leurs escortes policières.
 
Conformément à la procédure habituelle des forces de sécurité, les hauts responsables de la SQ ont catégoriquement nié au début que les trois hommes en question étaient des policiers. Mais après que la vidéo ait été postée sur YouTube, la SQ a été forcée d’admettre que les hommes étaient bien des policiers de la SQ.
 
Cette provocation de la police le mois dernier à Montréal est survenue alors que des centaines de milliers de travailleurs au Québec adoptaient des mesures de grève contre le gouvernement libéral du premier ministre Phillipe Couillard. Quelques jours avant la manifestation, la grande majorité du demi-million de travailleurs du secteur public québécois a en effet mené une grève d’une journée à l’échelle de la province pour s’opposer aux demandes de concessions et aux réductions sauvages dans les dépenses sociales.
 
La même semaine, 8000 cols blancs de la Ville de Montréal, sans contrat de travail depuis 2012, ont organisé un débrayage d’une journée et 2000 cols bleus de Montréal ont défié une ordonnance de la Commission des relations du travail de la province leur interdisant d’assister à une réunion syndicale pendant les heures de travail.
 
Dans des conditions d’agitation sociale montante, les services de police se retrouvent de plus en plus en première ligne dans la poussée de l’État pour criminaliser toute forme d’opposition de classe. Ces récents incidents de provocation policière doivent être gravés dans la mémoire de tous les travailleurs: Quand l’État déploie son appareil répressif sous le prétexte de lutter contre «l’extrémisme», il envoie ses propres voyous et agents provoquer du désordre et inciter à la violence.
 
Ses objectifs sont clairs : intimider les manifestants, décourager la population en général d’exercer son droit démocratique d’exprimer son opposition au programme réactionnaire de l’élite dirigeante et discréditer les opposants au gouvernement, en particulier les jeunes, en les présentant comme des vandales et des criminels.
Carl Bronski
Article paru d’abord en anglais, WSWS, le 5 janvier 2016

lundi 4 janvier 2016

Timidité canadienne


@Dessin de Garnotte, Le Devoir

Josée Boileau
Le Devoir
 
Ainsi donc l’an neuf commence avec une violence qui nous est devenue coutumière : exécution, décapitation, vengeance, foules survoltées. Entendu d’ici, le bruit de ce monde en furie semble loin. Mais c’est oublier notre propre rapport trouble à l’Arabie saoudite, ce pays qui fait la loi et devant qui les gouvernements occidentaux s’inclinent, liés par le pétrole et le commerce des armes.

Qu’a d’abord dit le Canada en apprenant samedi que l’Arabie saoudite avait procédé à des exécutions de masse, incluant la décapitation du cheikh Nimr al-Nimr, passeport direct pour l’embrasement de cette région du monde ? Il s’est dit… « déçu ». Le rôle de leader que Justin Trudeau a promis de jouer sur la scène internationale venait à nouveau de rapetisser face à la fureur du monde. La timide déclaration du ministère canadien des Affaires étrangères a été rectifiée dimanche soir tant la situation l’exige. Mais l’ombre de nos liens avec l’Arabie saoudite plane.
 
Il faut en effet se rappeler que, il y a quelques mois, le quotidien torontois The Globe and Mail révélait que c’est en contravention des règles canadiennes qu’un discret contrat de vente de matériel militaire de quelque 15 milliards de dollars, le plus important du genre jamais conclu au Canada, était intervenu entre une société de la Couronne, la Corporation commerciale canadienne, et l’Arabie saoudite. En vertu de ce contrat, des véhicules blindés légers seront fabriqués pour les 14 prochaines années par l’entreprise General Dynamics Land System (GDLS) de London, en Ontario.
 
Premier ministre de l’époque, Stephen Harper avait été pris à partie à ce sujet pendant la campagne électorale, notamment au débat des chefs et particulièrement par Gilles Duceppe, redevenu chef du Bloc québécois. M. Harper avait répliqué en défendant avec force les 3000 emplois que ce contrat créait, et en minimisant l’affaire. Il ne s’agit pas de ventes d’armes, disait-il, mais de véhicules !
 
Le premier ministre jouait sur les mots : les véhicules en question sont faits pour être équipés de canons, de mitraillettes ou de mortiers. L’affaire ne trompait ni les experts en armement ni les défenseurs des droits de la personne. Sus dès lors à Harper le guerrier, le même qui ramenait à un « incident » le sort du blogueur Raïf Badawi, châtié en Arabie.
 
Ce qui a été moins mis en relief, c’est que Justin Trudeau, politicien nouveau, souriant et à l’écoute, avait exactement la même position que M. Harper dans cette affaire. Lors d’un arrêt électoral à London en octobre, il s’était empressé de préciser que pas plus que M. Harper il n’entendait remettre en question le contrat de GDLS. Et il devait lui aussi affirmer par la suite, contre toute vraisemblance, qu’il s’agissait de ventes non pas d’armes, mais de Jeep.
 
Pour marquer la distance avec les conservateurs, M. Trudeau y était toutefois allé d’une vague promesse : un gouvernement libéral serait plus transparent en ces matières. À quoi il ajoutait un engagement plus structurant : un gouvernement libéral signera le Traité sur le commerce des armes, entré en vigueur en décembre 2014 et auquel le Canada n’a toujours pas adhéré, seul pays de l’OTAN à s’être ainsi abstenu. C’était là une promesse importante : sous l’administration conservatrice de Stephen Harper, les ventes de matériel militaire ont atteint des sommets. Ces dernières années, le Canada est devenu le 13e plus important exportateur d’armement au monde en ayant pour clients des pays comme l’Arabie saoudite, l’Inde et la Colombie.
 
Depuis qu’il a été élu, Justin Trudeau a confié spécifiquement le mandat de signer le traité à son nouveau ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion. Deux mois plus tard, silence radio. Pas étonnant qu’en transmettant leurs attentes envers le gouvernement libéral pour 2016, les dirigeants canadien et québécois d’Amnistie internationale aient réitéré l’urgence d’agir en ce domaine dès le début de l’année. Il s’agira ensuite d’arrimer ventes d’armes et exigences pour le respect des droits de la personne.
 
En attendant, il est d’autres moyens symboliques pour le premier ministre de se dissocier de l’implacable répression saoudienne : se porter, par exemple, à la défense de Raïf Badawi, ne serait-ce que le temps d’un égoportrait avec Ensaf Haidar, sa combative épouse, qui a trouvé refuge à Sherbrooke. Mais notre empathique nouveau premier ministre n’est pas prêt à intervenir personnellement en faveur de M. Badawi.« Ce n’est pas dans mes plans immédiats », a-t-il dit à La Presse canadienne à la mi-décembre. L’Arabie saoudite n’a décidément rien à craindre : en 2016 comme en 2015, au Canada comme ailleurs, les gouvernements ont beau changer, ils savent tous ménager leurs alliés.