« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice ». Georges Orwell


vendredi 30 novembre 2012

Lettre à Line-la-Ministre Beauchamp





André Vincent
Vigile.net
jeudi 3 mai 2012

Ça fait combien déjà ? Longtemps en tous les cas, 25 ans je dirais — minimum. Vous étiez alors dans le communautaire, soit de l’association coopérative d’économie familiale de l’ACEF centre.

J’en parle d’entrée de jeu afin de vous remettre dans le contexte de l’époque, et si vous souvenez bien, vous étiez aussi membre d’une autre coopérative, celle-là d’habitation, que nous nommerons ici la coop P. si vous le voulez bien, vu que c’est en mon nom personnel que je prends la peine de vous écrire.

Non mais ça passe, pas vrai Line... je parle du temps. Nous étions alors jeunes et beaux, la tête avec un brin des restes de fleur power, pleine de projets, mais toujours avec chaleur humaine, de bon goût des autres. Enfin... on va quand même pas tomber dans la nostalgie toi et moi et puis, faut bien devenir adulte un jour... non ? On ne peut quand même pas rester jeune et beau et pur et indépendantiste toute sa vie, non, oui ?

Peut-être ? À vrai dire, Line-la-Ministre, cela fait un moment que j’ai envie de vous écrire à toi et puis... tu sais comment c’est, on se dit finalement à quoi bon, elle ne se souviendra même pas. Et puis c’est impressionnant une ministre tu sais, alors on n’ose pas.

Or, en ce matin de premier mai, j’ai lu une lettre dans le courrier des lecteurs du Devoir et... comment dire, j’en ai été bouleversé, choqué même, dans le sens français de France du terme, avec tout plein de questions dans ma tête après. C’est d’ailleurs à partir de la lecture de ce texte que je me suis enfin décidé à vous écrire.

C’est que dans cette lettre tu vois, intitulée Conseillers budgétaire contre les hausses, lettre signée par 42 conseillers ACEF pas moins, (j’ai pris la peine de compter) — dont certains ex-collègues à vous probablement — il est dit des choses troublantes. Comme par exemple que...




« ... Cela fait des années que nous réclamons aussi que tous fassent leur juste part ! Enfin, le sujet est sur la table ! Quoi ? C’est aux étudiants que l’on demande de contribuer davantage, et ce, alors qu’ils ont déjà subi une hausse de 30 % de leurs droits de scolarité depuis 2005 ? C’est à tous les citoyens gagnant plus de 14 000 $ à qui l’on demande une juste part au moyen d’une taxe santé de 200 $ par personne ? C’est par une taxe à la consommation augmentée de 2 % en deux ans et non modulée en fonction des biens achetés que l’on espère remplir les coffres ?... »

Ou alors : « ...Qu’apprend-on en parallèle ? La taxe sur le capital est abolie, même pour les entreprises financières ! Les impôts des entreprises sont diminués au fédéral ! Les entreprises pharmaceutiques déménagent et licencient des milliers de personnes malgré les avantages fiscaux qu’on leur offre ! On continue de payer nos médicaments 38 % plus cher que la moyenne des autres pays de l’OCDE ! Or nous, conseillers budgétaires travaillant dans des organismes communautaires présents aux quatre coins du Québec depuis 45 ans, disons NON ! C’est assez ! Nous affirmons, encore et encore : il y a d’autres solutions !... »

Puis ils rajoutent : « ... Lâchez les matraques et cessez les manœuvres indignes de vos fonctions... ».

Quand même, chère Line-la-Ministre, c’est pas rien quand on y pense ! Je lisais ça et je me demandais comment tu te sens dans ton fond quand tu lis pareilles choses de la part de tes ex confrères ? Tu n’aimerais pas mieux cette gang-là plutôt que de devoir aujourd’hui faire du financement « sectoriel » avec celle de tes nouveaux copains de copinage, — que tu jures la main sur le cœur ne pas connaître et même que si tu l’aurais su, t’aurais pas venu !

Pathétique... non ? C’est pas une vie ça Line, pas une vie vraiment. En ce qui me concerne, chère Line, ce que je me demande depuis toujours c’est : Non mais faut-tu vraiment se salir les mains à ce point pour grimper l’escalier de la reine ? Faut-il descendre aussi bas pour grimper l’échelle du pouvoir ? Tu connais peut-être ces mots de Ronsart : 

« Ce n’est pas le rince-doigt qui fait les mains propres ni le baise-main qui fait la tendresse... »

Désolé Line si dans cette lettre je me suis un peu mélangé entre le toi et le vous, mais tu sais vous, on a été proches voisins quand même et te voilà ministre ; imagine un peu, tu demeurais au 21 et moi au 13 alors.... et malgré qu’on ait pas été ami-ami vraiment, reste qu’on s’est côtoyés à plusieurs reprises, dans les escaliers, lors de meetings, sur la rue, au métro du coin... Présentement dans ma tête, j’écris à une ministre et à une ex membre de ma coop en même temps, tu comprends, et en plus, il ne m’en faut pas beaucoup pour me mélanger — sauf pour l’indépendance de mon pays bien sûr. Ça c’est pas touche.

Eh ! c’est ça qui est ça ; je n’ai pas changé comme tu vois, vieux jeans vieilles godasses... le coeur à gauche. Dernière chose : tu te rappelles quand tu es déménagée avec Claude, c’était au petit matin, de printemps je crois bien, (faudrait que je vérifie dans les vieux procès verbaux) ; tu es partie à l’aube comme une voleuse, sans en parler à personne, et sans même payer ton loyer. C’est quand même pas bien ça Line-la-Ministre. Remarque que je ne t’en veux pas pour le loyer vu que dans ce temps-là, j’ai fait ça moi aussi, mais qu’avec des proprios ripoux faut dire (on est pas des salauds), genre collecteurs de fonds du Parti Libéral... ou alors entrepreneurs avec un beau grand bateau blanc...

Et pourtant, chère Line-la-Ministre, tu es bien placée pour savoir que dans une coop, ce sont les autres membres qui ont dû payer ta note. Mais bon, on efface le tableau si tu veux bien, et j’espère qu’il en sera de même de ton côté. Mettons que c’est ma façon à moi de contribuer au débat étudiant et que je n’ai pu m’empêcher... Après tout, on a été membres de la même coopérative d’habitation... non ? Je dis ça parce que je ne voudrais pas me retrouver avec une mise en demeure dans ma boîte à malle demain matin.

Il est vrai que par les temps qui courent, des mises en demeure... il en pleut à la tonne par chez vous ; c’est comme qui dirait un premier réflexe de défense quand les gazettes se mettent à causer de petits déjeuners siciliens.

Remarque que de te regarder aller depuis un bon moment, plus rien ne me surprendrait de ta manière. Et puis... on a bien dû t’apprendre au cours de ta longue et plantureuse carrière que les vauriens n’ont pas de prix.

Tout comme la liberté.

André Vincent
président fondateur de la coop P.


*** 

Merci M. Vincent. Votre lettre tombe on ne peut mieux, en ces temps qui courent. N'a même pas eu le temps de sentir les boules à mites. C'est pour dire. Merci encore.

mardi 27 novembre 2012

Scandales municipaux - Le départ d’un maire

Le maire de Toronto, Rob Ford, s’adressant aux médias, lundi, après que La Cour supérieure de l’Ontario eut décidé de le destituer.

Josée Boileau
27 novembre 2012
Le Devoir  

On ne pouvait imaginer meilleur contraste. D’un côté, le maire de Toronto, Rob Ford, destitué pour une affaire de papier à lettres. Au Québec, même être accusé de fraude ne suffit pas pour pousser un maire hors de son siège, comme le prouve Richard Marcotte à Mascouche. Et la commission Charbonneau qui en a encore ajouté une couche… Il y avait bel et bien un parfum de laxisme dans l’air lundi.

On aura beau croire que le même esprit les habite, les mécaniques judiciaires et les lois distinguent le Québec de l’Ontario en matière de conflits d’intérêts. Ainsi, à partir du moment où le maire de Toronto était reconnu coupable d’avoir contrevenu à la Loi sur les conflits d’intérêts municipaux, une seule sanction était possible : la destitution.

La même intransigeance se retrouve ailleurs. À Toronto toujours, le code municipal précise qu’il faut être inscrit en bonne et due forme au registre des lobbyistes pour pouvoir traiter avec les élus. De même, les conversations informelles que les citoyens peuvent avoir avec un décideur sont « encadrées » : une rencontre à l’improviste ne doit jamais être l’occasion d’influencer un décideur, qu’il soit élu ou fonctionnaire.

Le Québec n’a pas, et ne prévoit pas avoir, de telles dispositions. Au printemps dernier, le commissaire au lobbyisme n’a pas voulu pousser aussi loin ses recommandations de changements législatifs. L’exigence ontarienne semblait en effet bien puriste. Mais à la lumière de ce que l’on entend à la commission Charbonneau, comme ce fut encore le cas lundi, ce purisme a quelque chose de salutaire.

Ainsi du jugement de la Cour supérieure sur Rob Ford qui reprend les mots de la commissaire à l’intégrité de Toronto. Celle-ci insiste sur un point : un donateur potentiel risque fort d’être influencé par la position occupée par celui qui demande. Le motif du financement (dans le cas du maire Ford, une activité de charité) n’a aucune importance, c’est la manière de faire qu’il faut superviser.

Or, au moment même où la décision ontarienne était rendue, Michel Cadotte, de la compagnie IPEX, était en train de raconter à la commission Charbonneau sa participation à des activités de financement pour le parti de l’ex-maire de Montréal, Gérald Tremblay. Une occasion pour M. Cadotte de faire valoir au maire la qualité des tuyaux en PVC fabriqués par sa compagnie (matériel utilisé dans 95 % des villes du Québec, mais que Montréal refuse curieusement, préférant les tuyaux en fonte). Une occasion aussi de faire un chèque à la firme de génie qui avait organisé la rencontre, pourtant destinée à des fins politiques. Lobbyisme, tentative d’influence sur un décideur, contournement de la loi sur le financement des partis : il y avait là bien des « méthodes » à dénoncer !

Ce genre de rencontres a pu pourtant avoir lieu impunément, à Montréal, à Laval comme ailleurs au Québec, pendant des années. « Trente ans ! », a dit lundi un autre témoin de la commission, Piero Di Iorio, pour résumer les assises bien solides de la collusion à Montréal. On en a d’ailleurs maintenant bien compris le fonctionnement, mais on reste ébahi, au fil des témoignages, de son ampleur et de sa notoriété.

Rob Ford se plaint qu’un complot gauchiste a eu sa peau à Toronto. C’est plutôt la force des mécanismes d’encadrement qui a eu raison de son attitude je-m’en-foutiste, véritable contre-pouvoir quand le pouvoir dérape. Toronto a son commissaire à l’intégrité depuis 2004, Montréal n’a toujours qu’un conseiller… Ceci explique en partie les cela énoncés par Cadotte, Di Iorio et compagnie. Oui, l’Ontario a des leçons à nous donner.

***

Au Québec, est-ce parce qu'on est plus colonisés qu'ailleurs, au Canada, qu'on n'ose pas se montrer intraitables juridiquement parlant, "par la force des mécanismes d’encadrement", à l'égard des escrocs et des ripoux de tout genres? D'abord, et avant tout,  de ceux qu'on aurait élus ... par erreur sur la personne.

Merci, madame Boileau,  de dire tout haut ce qu'on pense depuis longtemps. Et qui nous rend si en colère. Mais il est vrai qu'au Québec: «On montre nos grosses dents, mais aucune mâchoire pour attraper Commentaire: Carole Dionne, inscrite, Le Devoir.

dimanche 25 novembre 2012

No more Québec - Les États-Désunis du Canada - extrait 1





Le Canal D diffusera prochainement une série de reportages sur Les États Désunis du Canada.

À surveiller.


vendredi 23 novembre 2012

Duchesneau sollicite des dons, mais nie revenir sur sa parole

Jacques Duchesneau a réagi à l'affaire au Parlement à Québec, vendredi.
Jacques Duchesneau ne voit pas de contradiction entre sa participation à une campagne de financement de la Coalition avenir Québec (CAQ) et son refus annoncé en campagne électorale de solliciter des dons.

Depuis quelques jours, un message téléphonique enregistré par Jacques Duchesneau est en effet envoyé automatiquement à environ 1 million de foyers québécois pour solliciter un don de 20 $ pour la CAQ.

En se lançant en politique, le principal intéressé se disait pourtant incapable de solliciter des dons. D'ailleurs, lors de la dernière campagne électorale, la CAQ, qui demandait à chacun de ses candidats de réunir jusqu'à 25 000 $ pour pouvoir porter les couleurs du parti, avait fait une exception pour M. Duchesneau.

Mais Jacques Duchesneau n'y voit pas de problème. « Il y a une différence entre faire de la sollicitation pour ramasser un 15 000 $-25 000 $ pour mon comté, ou d'y aller avec un lancement populaire, à 20 $, où on veut justement inciter les gens à s'impliquer en politique », a-t-il déclaré vendredi, à Québec.

Le député caquiste estime par ailleurs qu'un don de 20 $ permet aux gens de s'impliquer en politique sans « attendre un retour d'ascenseur ». « Mais c'est en même temps nous donner les moyens pour faire le travail », a-t-il conclu.

***

Un million de foyers québécois auraient donc reçu cet appel, cette semaine. Peu importe le parti pour lequel on milite ou pas.  

Avez-vous été honoré par l'appel de M. Duhesneau?  Moi, oui. 

mercredi 21 novembre 2012

Budget Marceau: Habile

Comment couper la tarte, non pas en quatre, mais en deux, 
selon un gouvernement minoritaire.   
Graphique Le Devoir

Blogue Sébastien Bovet
Radio-Canada
Le premier budget d’un gouvernement est un moment important. Un gouvernement majoritaire a les coudées franches, il peut imposer ses vues, appliquer son programme électoral.

Le gouvernement de Pauline Marois n’a pas eu ce luxe dans le premier budget qu’il a présenté. On cherche même la plateforme électorale du PQ. Le fonds des générations survit, la contribution santé aussi — on l’appelle maintenant « progressive » — des taxes augmentent et des impôts aussi. Pas de quoi faire baisser le cynisme envers la classe politique. On se demande même si le PLQ n’aurait pas pu écrire ce budget, tellement il reprend certaines de ses priorités : dette, contrôle des dépenses, taxe santé…

Parlant du PLQ, et peut-être un peu de cynisme, il accuse aujourd’hui le PQ de ne pas faire ce qu’il avait dit qu’il ferait en campagne électorale. Mais en campagne électorale, il disait que ce que le PQ proposait était irresponsable. Des fois, on cherche la cohérence.

Cela dit, ce budget est habile sur plusieurs aspects stratégiques.

D’abord, il évite au gouvernement d’être défait tout de suite. Les libéraux ont beau dire qu’ils placent Pauline Marois en sursis, ils ne devraient pas passer aux actes dans un avenir prévisible. Le prochain chef libéral voudra s’installer, redéfinir le programme, mobiliser les troupes. Rendez-vous au printemps 2014.

Ensuite, le gouvernement taxe le « vice ». Personne n’ira manifester dans les rues contre une augmentation des taxes sur le tabac ou l’alcool. Et dans l’esprit de bien des gens, ceux qui gagnent plus de 100 000 $ ont les moyens de payer plus d’impôts. Pas de manifestation en vue là non plus.

En promettant de contrôler l’augmentation des dépenses, en se préoccupant de la dette et en annonçant des consultations sur l’augmentation des redevances minières, le gouvernement rassure le milieu des affaires où il était un peu en déficit de sympathie. Habile, ça aussi.

Finalement, en augmentant les budgets de la santé, de l’éducation, de la famille et de l’enseignement supérieur, il protège les missions fondamentales du gouvernement.

Stratégiquement, donc, le gouvernement gagne du temps, mais son deuxième budget sera plus difficile à faire passer.

***

On dit bien: «Un jour à la fois.»
On peut bien dire: «Un budget à la fois.» 

lundi 19 novembre 2012

Infrastructures - Déraillement libéral

Jean Charest et son ministre des Finances, Raymond Bachand

Jean-Robert Sansfaçon
19 novembre 2012
Le Devoir

L'ex-gouvernement de Jean Charest vient de recevoir une gifle pour sa gestion des projets d’infrastructures de la part de SECOR, la firme de consultants longtemps associée aux libéraux et récemment acquise par le Groupe KPMG. 

C’est à la demande d’Infrastructure Québec (et du gouvernement Marois…) que SECOR a produit un rapport sur le Plan québécois des infrastructures (PQI) mis en place par les libéraux en 2007. Ce qu’on y apprend est ahurissant : en additionnant les 207 projets inscrits à la dernière mouture du PQI, le chercheur en arrive à un dépassement global des coûts de 52 %, alors que, pour 18 projets importants, l’écart atteint 78 %.

Quelques exemples pris au hasard : l’échangeur Turcot devait coûter 1,5 milliard, on parle maintenant de 3,6 milliards ; Sainte-Justine : 929 millions au lieu de 258 millions ; l’autoroute 20 entre Cacouna et Mont-Joli : 1,025 milliard au lieu de 684 millions…

Alors que les libéraux avaient juré que l’on ne reverrait plus jamais de dérapage semblable à celui du métro de Laval, le rapport SECOR permet de dire que la situation n’a pas changé malgré les PPP, l’omniprésence des firmes de génie privées et l’adoption d’une politique-cadre de gestion des grands projets.

Comment expliquer ces dépassements ? Nulle part dans le rapport il n’est fait mention de corruption ou de collusion malgré l’évidence. En revanche, l’empressement des politiciens à faire l’annonce de projets sur la base de données préliminaires incomplètes est mis en cause. Tout comme l’imprécision chronique dans le calcul des risques financiers. Et le constat vaut pour tous les grands projets, sans exception.

Tout aussi troublant est le fait que le gouvernement lance des chantiers sans même se donner la peine de les inscrire à son Plan quinquennal dont le plafond est fixé par le budget. Ce qui gonfle le montant total des engagements par rapport aux données officielles.

Élections obligent, semble-t-il, cet automne il y avait ainsi pour 5 milliards de projets en cours ou en préparation qui n’apparaissaient même pas dans la mise à jour du PQI achevée en mars dernier. Et quand le total des projets dépasse le budget global, on en retire quelques-uns de cette liste secrète sans cesser pour autant d’y investir, ou sans en informer les citoyens qui attendent…

Depuis 2007, les dépenses d’infrastructures portées à la dette ont triplé de valeur au Québec. À raison de 8 milliards par année, ils alourdissent cette dette à la vitesse grand V. Cela justifie de revoir non seulement l’ensemble des processus de planification et d’exécution des projets, mais aussi les priorités afin d’investir d’abord dans la réfection des actifs existants. Une recommandation que le ministre des Finances aurait tort de négliger lors de la présentation du budget, mardi.

***

Comment allez-vous expliquer pareille aberration, monsieur Bachand?  Vous,  qui êtes présentement sur toutes les tribunes pour critiquer les manoeuvres du présent gouvernement Marois,  afin de mettre en évidence votre prochaine candidature  à la chefferie de votre parti.

May

dimanche 18 novembre 2012

Les journaux ont-ils été trop partisans pendant le conflit étudiant?

Photo : La Presse canadienne (photo) Graham Hugues
Le Centre d'étude sur les médias a analysé la couverture journalistique du confit étudiant (ici, une des grandes manifestations du conflit, celle du 22 août).


L’impression se confirme. Le Devoir appuyait les étudiants en grève tandis que les autres quotidiens de Montréal les traitaient défavorablement.

Selon une étude universitaire dévoilée ce samedi matin, les textes diffusés par Le Devoir ont été globalement plus favorables au mouvement étudiant contre la hausse des droits de scolarité pendant le conflit du printemps par rapport au traitement proposé par les trois autres quotidiens de Montréal. Le Devoir a aussi publié des reportages et des commentaires beaucoup plus critiques à l’endroit du gouvernement.

Par contraste, Le Journal de Montréal (JdeM) et The Gazette ont fait preuve d’un négativisme à peu près semblable à l’endroit des étudiants en grève tandis que La Presse affichait une orientation négative moins marquée. Ces trois journaux ont aussi été critiques du gouvernement, mais dans une moindre mesure.

Ces conclusions ressortent d’une étude sur l’orientation de la couverture médiatique du printemps étudiant exposée et débattue en ouverture du congrès annuel de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), qui se tient samedi à Saint-Sauveur. Cette association sectorielle est celle qui rassemble le plus de membres au Canada.

L’étude a été réalisée par le Centre d’études sur les médias (CEM) de l’université Laval. D’autres volets suivront dans les prochaines mois, notamment sur les sujets traités, le traitement de l’info à la télé et les panels d’experts qui se sont prononcés pendant le conflit.

La première analyse quantitative porte sur l’ensemble du contenu touchant le conflit publié entre le 13 février et le 23 juin derniers, à l’exception des photos, des caricatures et des titres de la une. Au total, l’enquête a classifié près de 4000 textes. Le Devoir a consulté une présentation «power point» fourni par le CEM.

La méthodologie identifie des protagonistes : le gouvernement qui voulait augmenter les droits de scolarité; les mouvements étudiants pour et contre la hausse; et dans ce dernier cas, les quatre associations militantes (CLASSE, FEUQ, FECQ et TaCEQ).

Un indice synthétique d’orientation très simple détermine le traitement qui leur était accordé par les articles. Cette grille prévoit quatre possibilités de pointage : l’article est très favorable (+ 2 points) ou favorable (+ 1 point); l’article est très défavorable (-2 points) ou défavorable (-1 point).

«Un indice positif traduit, globalement, un appui à ce protagoniste, résume le document du CEM. Plus l’indice est élevé, plus l’appui est important. Un indice négatif traduit, globalement, une opposition à ce protagoniste. Plus l’indice est élevé, plus l’opposition est importante.»

Sur cet axe d’orientation, le zéro signale un équilibre parfait. Selon cet indice, Le Devoir obtient un score de + 113 pour l’orientation de sa couverture du mouvement étudiant contre la hausse. La Presse se situe à –125, The Gazette à –241 et le JdeM à –243. D’où cette conclusion que l’on peut répéter : Le Devoir appuyait les étudiants en grève tandis que les autres quotidiens de Montréal les traitaient défavorablement.

La tendance s’inverse pour le traitement du gouvernement avec cette fois –312 pour Le Devoir et –49 pour The Gazette. Le JdeM et La Presse sont dans la même lignée avec respectivement –125 et –156.

Évidemment, l’exercice quantitatif repose sur une analyse subjective. Le CEM précise que «orienté» ne signifie pas «biaisé ou contraire aux règles journalistiques».

jeudi 15 novembre 2012

Furie de l’ancien ministre de la santé - «Les nerfs, Yves !»

À l'Assemblée nationale cette semaine

Antoine Robitaille,
15 novembre
Le Devoir 

Il est préférable, dit une règle non écrite, qu’un critique dans l’opposition, à l’Assemblée nationale, n’hérite pas de « son » dossier lorsqu’il passe au gouvernement. S’il devient ministre de l’Éducation, par exemple, après avoir été « porte-parole » en ce domaine, cela veut dire qu’il fut, pendant des années, le relais des griefs et doléances de multiples « clientèles » reliées à ce même domaine. Et comme ministre, il pourrait donc plus facilement se trouver inféodé à ses anciens alliés. (N’est-ce pas un risque que court Marie Malavoy ?)


Avec la sortie déchaînée et disgracieuse, mardi, du porte-parole libéral en santé, Yves Bolduc, contre le ministre péquiste Réjean Hébert, peut-être faudrait-il formuler une règle inverse : il est malsain qu’un ancien ministre conserve son dossier lorsqu’il traverse dans l’opposition officielle. Plusieurs ont été surpris de la véhémence avec laquelle M. Bolduc a attaqué en Chambre le ministre Hébert, violant toutes les règles de l’auguste enceinte : ne pas user du tutoiement ; ne pas s’adresser directement à l’élu concerné. « Là, tu viens de démontrer complètement que tu ne connais pas ton réseau de la santé et que tu ne connais pas du tout tes dossiers. Vas-y donc, à Alma ! », a hurlé M. Bolduc mardi. Plusieurs ont eu envie de lui dire : Les nerfs, Yves !

« Malsain » est le bon mot ici. M. Bolduc ne semble pas être en mesure de prendre la nécessaire distance avec « ses » dossiers afin de se montrer bon critique. « Ses » dossiers, c’est-à-dire, d’abord, l’hôpital d’Alma, où lui-même a pratiqué ; ensuite, l’agrandissement de l’urgence de ce même hôpital, travaux que M. Bolduc a personnellement inaugurés le 16 mai, en pleine fièvre pré-électorale.

Selon M. Hébert, M. Bolduc avait alors donné le coup d’envoi à une première phase de la rénovation, celle du stationnement, alors que la deuxième n’avait pas été prévue dans les crédits. Joint hier, M. Bolduc l’a reconnu, mais en soutenant que la phase 2 devait être entamée en avril 2013 seulement et ne nécessitait donc pas de figurer aux crédits dès 2012.

Si le gouvernement fait « quelque chose de bien », il n’hésitera pas à le souligner, a du reste certifié M. Bolduc. Mais quelle décision correcte pourrait donc émaner d’un homme qu’il a déjà traité d’« incompétent total » (M. Hébert est pourtant en poste depuis un mois seulement !). M. Bolduc a en plus reproché au ministre d’avoir pris « des notes comme un étudiant » lors d’une réunion, ce qui prouverait qu’il ne connaît « rien ». Il l’a qualifié de « théoricien » qui « n’a pas mis le pied dans un hôpital depuis 10 ans », ajoutant : « Quand vous écoutez ses réponses, là, c’est des réponses de livres. »

L’aigreur de la défaite doublée du sentiment d’avoir été délogé par un imposteur n’est certainement pas bonne conseillère pour un critique.

Le 12 septembre, le chef libéral par intérim Jean-Marc Fournier avait promis de faire de la politique « dans le respect » : « On a eu, […] de la part de l’opposition officielle, un ton et une méthode qui étaient plutôt durs. […] Je ne pense pas que ça a donné de la confiance au public à l’égard de leur parti. » M. Bolduc devrait méditer ces belles paroles. Sinon, il devrait penser à changer de dossier.

***
 
Un lecteur a écrit: « Les libéraux sont de très mauvais perdants. Il est manifeste que les libéraux sont aigris de leur défaite (électorale) et sont devenu hargneux. À voir Yves Bolduc, Hamad et Thériault insulter les ministes du gouvernement, ils sont proches de la crise de nerfs.  Pauvres eux , lorsque la commission Charbonneau sera au coeur des scandales gouvernementaux , ils vont capoter et ce sera pas beau a voi


Suis bien d'accord avec vous, M. Carrier.  

mardi 13 novembre 2012

Les meilleurs étudiants chinois, indiens et brésiliens boudent le Canada


 
Une étude du ministère des Affaires étrangères révèle que le Canada échoue à attirer des étudiants universitaires de haute qualité en provenance de la Chine, de l'Inde et du Brésil.

Cette constatation, qui s'est imposée après que des groupes de discussions eurent été organisés dans ces trois pays, représente un revers pour le gouvernement Harper, qui rivalise d'efforts afin d'accroître ses échanges commerciaux et ses investissements avec ces marchés émergents.

Des initiatives de nature académique figuraient notamment dans la stratégie du premier ministre Stephen Harper pour approfondir les liens économiques du Canada avec l'Asie lorsque celui-ci s'est rendu en Chine et en Inde, récemment.

Le printemps dernier, le gouverneur général David Johnston s'était également rendu au Brésil en compagnie de 30 recteurs d'université, formant ainsi l'une des plus importantes missions étrangères destinées à promouvoir les qualités de ses établissements d'enseignement supérieur.

Dans son rapport du mois de mars au ministère des Affaires étrangères, la firme Ipsos-Reid soulignait aussi que le Canada devait « mieux communiquer les avantages de son système  d'éducation postsecondaire ».

Malgré cette conclusion, le ministre John Baird mettait la hache deux mois plus tard dans un populaire programme de promotion des universités canadiennes à l'étranger.

Source: RDI

***

Si ma mémoire est bonne, les étudiants québécois ont manifesté pendant tout le printemps dernier pour montrer leur opposition, entre autre,  à la hausse des frais de scolarité qui leur était imposée par le précédent gouvernement. 

Ce gouvernement néo-libéral  voulait se prévaloir de sa part de profits réalisée par la venue au Québec de nombreux riches étudiants étrangers (12 000 au Québec sur 60 000 au Canada).  

Comme un château de cartes qui s'écroule, voilà que le Canada (et le Québec  échoue à attirer les étudiants universitaires de haute qualité en provenance de la Chine, de l'Inde et du Brésil.

Le printemps érable a-t-il eu lieu pour rien du tout?

May  

vendredi 9 novembre 2012

JF. Lisée: Pour une culture de l’intégrité



Jean-François Lisée a prononcé ce jeudi son premier discours à l’Assemblée nationale. (En plus il a  fait court: 15 minutes !)

Vous pouvez le voir    ICI  ou, plus bas, le lire:

Mme la Présidente. Il me fait grand plaisir de m’adresser à cette Assemblée pour discuter de la motion proposée par la première ministre à la suite de sa déclaration d’ouverture, et chacun aura remarqué que l’essentiel… du moins, la première partie de son intervention portait sur l’éthique.

Et je crois que cette Assemblée, la 40e législature, les 40e rugissants sont investis d’une mission importante, un peu comme celle dont était investi René Lévesque lorsqu’il s’est présenté en 1976 ici avec un groupe de jeunes collègues qui avaient donné au Québec une réputation qui lui manquait à l’époque, une réputation d’intégrité et d’innovation dans l’intégrité.

Il faut se souvenir que, lorsque le premier ministre Lévesque a déposé la loi sur le financement des partis politiques, loi qui, ensuite, a été imitée par le gouvernement français et le gouvernement libéral de M. Jean Chrétien, c’était une folle innovation. Folle, pas dans le sens que ce n’était pas sage, mais c’était très loin de ce qui se faisait dans les pays démocratiques, et le Québec a pu montrer la voie à plusieurs autres États qui, ensuite, l’ont imité.

Évidemment, les corrupteurs sont des gens qui sont extraordinairement inventifs et, après quelques années, ils ont su comment contourner ce que cette Assemblée avait voté, et il était temps, bien sûr, de revenir à la charge et de trouver de nouvelles dispositions pour contrer cette volonté corruptrice.

Mais je pense que cette Assemblée a encore un devoir plus grand, si c’est possible, qu’était celui qui incombait à l’équipe de René Lévesque, parce que la réputation du Québec, ces dernières années, a été très entachée par l’augmentation, la dissémination de ce cancer qui est la corruption, et nous avons pu vivre, ces dernières années, une détérioration de l’image du Québec à cause de cela.

jeudi 8 novembre 2012

Deux visions de l'Amérique

Le rassembleur Obama et sa famille


« Peu importe que vous soyez noir, blanc, hispanique, asiatique ou indien d’Amérique, ou jeune, vieux, riche ou pauvre, ou handicapé, gai ou hétérosexuel, vous pouvez réussir en Amérique si vous le voulez vraiment »  a déclaré Barack Obama lors de son discours de victoire mardi.

 

Mitt Romney a marqué une pause, mardi soir, avant de s’adresser à ses partisans pour concéder l’élection présidentielle à son adversaire démocrate, Barack Obama.
Le républicain conservateur Mitt Romney
 «Si les républicains ne parviennent pas à élargir leur base démographique, ils disparaîtront, tout comme le Parti whig dans les années 1850»

 « Les républicains doivent vraiment aborder les questions de société qui motivent les jeunes, et cela veut dire les sujets contre lesquels les chrétiens conservateurs et les évangéliques se battent, comme l’avortement, la contraception, les droits des homosexuels »


vendredi 2 novembre 2012

La solution congolaise


Chritian Rioux
Le Devoir
2 novembre 2012

Les voyages ne sont jamais inutiles. Même dans les coins les plus reculés du globe, il y a toujours quelque chose à apprendre. Vous ne me croirez pas si je vous dis, par exemple, que j’ai récemment trouvé en République démocratique du Congo (RDC), où se tenait le XIVe sommet de la Francophonie, la solution aux problèmes linguistiques du Québec. Je rigole, évidemment… mais peut-être pas tant que ça.

La RDC partage avec le Québec deux caractéristiques. Comme les Québécois, les Congolais sont un peuple du fleuve. C’est le fleuve Congo, descendu à la fin du XIXe siècle par l’explorateur britannique Stanley, qui a unifié le pays. La RDC est aussi avec le Québec un des rares pays dont la seule et unique langue officielle est le français. Ce n’est évidemment pas la seule langue du pays, mais les autres n’ont pas le statut de langue officielle. Le lingala, le swahili, le kikongo et le ciluba sont ce qu’on appelle des « langues nationales ». Grâce à ce statut, elles jouissent d’une protection constitutionnelle, mais ne sauraient prétendre au statut de langue officielle.

En entendant la ministre Marie Malavoy qualifier l’anglais de « langue étrangère », j’ai pensé au Congo. S’il est vrai que l’anglais enseigné en première année à l’écolier francophone est pour lui une langue étrangère, cette langue n’est évidemment pas une langue étrangère au Québec, où elle demeure la langue maternelle de 8 % de la population. Cette confusion m’incite à penser que nous aurions intérêt à clarifier le statut de l’anglais au Québec. Il ne saurait être évidemment question de l’élever au rang de langue officielle, à moins de renier 250 ans d’histoire et de capituler devant le bilinguisme institutionnel et assimilateur d’Ottawa. Mais nous aurions intérêt à reconnaître à l’anglais ainsi qu’aux langues autochtones et inuit le statut de langues nationales. Ce statut imposerait à l’État québécois le devoir de les protéger et de fournir dans ces langues certains services aux minorités historiques du Québec dont les inquiétudes seraient ainsi apaisées. Ce statut permettrait aussi de mieux circonscrire la sphère de l’anglais, qui a aujourd’hui tendance à tout englober.

Peut-être serait-il alors plus facile de nous rappeler pourquoi, dans les années 70, nous avons rejeté l’idée d’un Québec bilingue. L’aurions-nous oublié ? En choisissant d’avoir une seule et unique langue officielle, nous avons choisi d’imposer l’unilinguisme institutionnel dans toutes les sphères et tous les services de l’État (ou subventionnés par celui-ci), à l’exception évidemment des services destinés aux minorités historiques et à elle seules. L’État qui offre ou subventionne des services en anglais aux immigrants ou pire, aux francophones, est en réalité un État qui ne respecte pas l’esprit de la loi 101 et se considère déjà comme bilingue.

Il arrive souvent que mes confrères québécois s’étonnent que, dans les conférences de presse officielles, les responsables politiques européens refusent de répondre aux questions dans une autre langue que la langue officielle de leur pays. La raison est pourtant simple et c’en est une de principe. Il est hors de question que, dans leur fonction officielle, un président ou un premier ministre s’exprime dans une langue qui n’est pas la langue commune des citoyens de son pays. Et encore moins de laisser penser que ceux qui ne parlent pas anglais sont moins égaux que les autres. C’est au fond une question d’égalité des citoyens. Ce qui n’empêche pas ces responsables politiques d’accorder à l’occasion des entrevues particulières en anglais à certains médias. En France et en Allemagne, comme en Catalogne, en Flandre et au Pays basque, il serait aussi impensable que l’État subventionne des garderies et des collèges dont les services sont offerts dans une autre langue que la langue officielle du pays. Il serait là aussi inacceptable de priver pendant cinq mois des élèves de 6e année du droit d’étudier dans leur langue. C’est à ce genre d’exemples que l’on voit bien que le français au Québec, contrairement au Congo, n’est pas vraiment la seule langue officielle et que son rapport à l’anglais est loin d’avoir été clarifié. C’est dans ce flou artistique que prolifère le bilinguisme institutionnel.

Depuis quelques années il est devenu courant de considérer le Québécois qui ne parle pas anglais comme un handicapé. Une certaine élite médiatique s’amuse à le décrire comme une sorte d’homme de Neandertal que la civilisation (c’est-à-dire la mondialisation) n’aurait pas encore rejoint. Même si personne n’ose le dire ouvertement, le rêve couve chez certains de nos compatriotes de faire du Québec une province bilingue comme le Nouveau-Brunswick. D’ailleurs, n’avez-vous pas reconnu les mots de Lord Durham en entendant Justin Trudeau implorer le gouvernement québécois de ne surtout rien faire qui puisse empêcher ces pauvres Québécois d’apprendre l’anglais, eux qui auraient enfin décidé de « s’ouvrir sur le monde » ? On aura compris que pour certains, un Québécois qui ne parle pas anglais n’est au fond qu’un citoyen de seconde zone. Eh oui, le Congo a peut-être quelques leçons à nous donner.